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Critique de Marple


Ce livre est un pur chef d'oeuvre. Si Demian a constitué une forme de guide pour l'adolescente que j'ai été, le jeu des perles de verre va peut-être jouer le même rôle pour l'adulte que je suis. Après la première lecture, je me sens pleine de l'histoire de Joseph Valet, à la fois enrichie et apaisée... et j'ai l'impression que chaque relecture m'apportera découverte et sérénité.

Le Jeu des Perles de Verre occupe une place importante et a donné son titre au livre, pourtant je n'ai toujours pas compris de quoi il s'agit réellement, malgré les longues explications érudites du début. Alors, je l'ai vu comme une allégorie d'une activité à la fois spirituelle, artistique et intellectuelle, et j'ai imaginé les grands jeux annuels comme des cérémonies associant concert et méditation. de même, ce monde futur imaginaire et la province pédagogique de Castalie m'ont semblé très éloignés de notre réalité; de fait, ils ne constituent pas un modèle de société mais plus un décor poétique. Bref, ce n'est pas le roman d'anticipation que j'ai apprécié mais bien le conte philosophique, la biographie du Ludi Magister Joseph Valet.

C'est ce personnage aux talents et à la destinée extraordinaires qui donne tout sa force au récit. Il est très paradoxal, à la fois extrêmement doué et presque naïf, naturellement taillé pour le pouvoir et pourtant humble, constamment assailli de doutes malgré sa profonde sagesse, doté d'un vrai talent de psychologue pour jauger ou stimuler ses proches mais foncièrement seul, grand défenseur de Castalie alors même qu'il en a perçu les failles et les limites... Son beau chemin, fait notamment de rencontres avec des êtres hors du commun, tels le Maître de Musique ou Jacobus, ainsi que d'étude, de spiritualité, d'aspirations, de perfectionnement permanent de ses talents, pourrait être une vraie source d'inspiration. Pourtant il y manque quelque chose, au delà de ce qu'il craint pour Castalie : le réel, la vie jamais parfaite, parfois médiocre, mais réelle. Alors on imagine bien pourquoi il quitte ce cocon d'esthètes occupés à analyser la prononciation du latin au XIIe siècle ou autre sujet pointu improbable, mais qui n'ont pas le droit de se marier, de s'amuser ou de s'enrichir...

Bilan : un livre magnifique, un peu ardu par moment, mais qui vaut la peine d'être lu, relu et médité.
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