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4,14

sur 516 notes
Bon on va pas se mentir "le jeu des Perles de Verre" n'est pas un roman très facile à lire, plutôt hermétique même dans un premier temps car il s'agit de la biographie fictive d'un homme qui n'a pas existé dans un pays qui n'existe pas et qui est grand maître d'un jeu qui n'existe pas non plus et dont les règles semblent bien abstraites pour ne pas dire totalement obscures. Mais est-ce vraiment un roman ou est-ce un essai ? Un peu des deux mon capitaine et une fois que l'on l'a compris la lecture s'éclaire et devient de plus en plus intéressante.

De quoi ça parle : de Joseph Valet, un enfant orphelin qui est repéré par un grand maître de la musique et intègre l'enseignement d'une caste de privilégiés dans un pays appelé la Castalie.

Hermann Hesse nous raconte l'ascension de Joseph dans cette société utopiste où les journées sont consacrées à l'étude, la méditation et l'initiation au jeu des Perles de Verre, sorte de boulier dédié à l'abstraction de la composition musicale qui peu à peu intègre d'autres disciplines scientifiques, artistiques ou religieuses transformées en formules mathématiques puis en langage abstrait.

"On considère le jeu comme une sorte de langue mondiale des intellectuels"

Le jeune homme suivra des études brillantes puis se rendra auprès d'un ermite dans une forêt de bambous qui lui enseignera le confucianisme avant d'être envoyé en mission diplomatique au monastère de Mariafels où le père Jacobus lui enseignera l'histoire ; discipline non étudiée en Castalie ; avant de devenir Magister Ludi (grand maître) du jeu des Perles de Verre.

Hermann Hesse, à travers son personnage, émet une critique sur une société intellectuelle qui se placerait au dessus de la mêlée, c'est à dire de la société plébéienne et ainsi se couperait du monde réel. Joseph Valet, après ses expériences hors Castalie et ses échanges avec son ami Plinio Designori, issu du "siècle" (société civile) se rend bien compte de la fatuité de sa caste et l'étude de l'histoire lui a montré à quel point même les grands empires sont amenés à disparaître.

"Il déplait de songer que comme toutes choses la Castalie et le jeu des Perles de Verre disparaîtront un jour et pourtant il faut y songer"

Voilà donc un roman essai philosophique particulièrement brillant qui demande un gros travail de recherches et réflexions personnelles pour en apprécier la richesse, l'écriture est aussi belle que le titre. A la fin du roman on découvre les poésies écrites par joseph Valet ainsi des biographies de ce qu'auraient pu être ses vies antérieures.

Une lecture ardue mais tellement enrichissante par un grand écrivain qui a bien mérité son prix Nobel de littérature.


Challenge multi-défis
Challenge Nobel
Challenge pavé
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Le Jeu des perles de verre est composé de trois parties distinctes et complémentaires. Herman Hesse se présente avec malice, comme l'éditeur de la biographie et des écrits posthumes d'Albert Valet, Maître du Jeu des perles de verre, ou Ludi magister dans la pédantesque appellation de sa fonction, jeu qui unit en lui trois principes : La science, le respect du beau, et la méditation. le premier volet de ce récit constitue une introduction sur l'histoire et la fonction de ce singulier jeu, transmutation de tout le patrimoine humain en une création de la plus haute intellectualité, pratiqué en Castalie, la province pédagogique, dont les membres les plus éminents, constituent une aristocratie idéale de l'esprit, une caste élitiste, menant une vie qu'on pourrait qualifier de monacale, puisqu'elle banni les honneurs, les possessions matérielles et la vie de famille. le récit présente, en sa deuxième partie la figure vénérée du Magister Ludi, Albert Valet, sa vie, son oeuvre. Enfin en une conclusion s'ouvrant sur tous les possibles de l'imagination et de l'interprétation personnelle du lecteur, il nous est livré en trois textes ayant de nombreuses résonances et prolongements avec la biographie de l'éminent Valet, la production de jeunesse du Magister, Curriculum vitae que les élus des écoles de Castalie étaient invités à inventer, en imaginant une vie qu'ils auraient pu mener en d'autres temps, sous d'autres cieux, textes pouvant être interprétés comme des avatars de Valet soumis aux cycles ininterrompus de la réincarnation dans le saṃsāra.

Le propos,du roman, d'une actualité toujours vive, est celui-ci : comment une culture authentique, en tant que sauvegarde de l'Esprit, est-elle encore concevable par les temps qui sont les nôtres? Avec son style que je qualifierai, pardonnez-moi l'expression, de fantasque pédantesque, maniant l'ironie fine d'une certaine distanciation érudite, l'auteur aborde des thèmes de la plus haute importance, à commencer par la valeur d'une culture en action, aux prises avec la vie et l'humanité, évitant de faire du savoir, de la sagesse humaine, une manière de tour d'ivoire. Viennent ensuite l'affirmation de la portée inestimable de l'enseignement dans une société responsable, de l'éducation par la vertu d'une vie exemplaire, de la suprême beauté de la transmission des savoirs. le Jeu des perles de verre est aussi une ode à la méditation, une invite à trouver, dans la réunion harmonieuse des contraires, en chaque chose des analogies, à accorder la vie selon l'humaine aspiration de l'esprit à s'élever toujours plus avant vers sa perfection. Oui, le Jeu des perles de verre est l'oeuvre de la maturité, le testament littéraire d'une des plus grandes figures de la littérature mondiale du XXème siècle. Elle apparaîtra à certain hermétique, voire indigeste, ou pire absconse aux lecteurs distraits ou impatients; elle invitera les autres à l'introspection, à la méditation, et poussera bien avant dans l'esprit et le coeur des lecteurs avisés les racines d'une plante qui portera de nombreux fruits au suc stimulant et fortifiant.
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Le jeu des perles de verre (1943) est l'oeuvre ultime d'Hermann Hesse, qui mît près de dix ans à la réaliser. Peut-être est-ce pour cette raison qu'une grande partie du roman m'a échappée. Trop fourni. Trop ésotérique. Pour être parfaitement honnête, la lecture du Jeu des perles de verre fût un supplice tant cet ouvrage est verbeux, répétitif.
Cependant je me suis attaché à cette vraie fausse biographie de Joseph Valet, élève talentueux, puis membre éminent de l'ordre de Castalie, une élite intellectuelle fictive dont le but est l'apprentissage du savoir universel. Cet esprit de synthèse des sciences s'exprime au travers du jeu des perles de verre, dans lequel les participants mêlent musique, mathématiques, poésie et philosophie.
L'auteur reprend les thèmes développés dans ces romans précédents : La réalisation de soi, l'opposition entre Nature et Culture,sensualité et spiritualité (p.172). La philosophie hindoue et nietzschéenne, le mythe de l'éternel retour (p.420). La vacuité des travaux intellectuels pour qui voue son existence à d'austères études.
Le livre s'achève par trois nouvelles que Joseph Valet aurait écrites. C'est la partie que j'ai préférée, le lecteur y trouvera d'antiques contes philosophiques, à la manière de Siddharta.
Il est évident que derrière sa complexité, le jeu des perles de verres cache de multiples messages et surtout, une critique sans concession de la société du XXe siècle, ses guerres, son ignorance et sa perte des valeurs à l'heure de la montée des totalitarismes.

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C'était mon deuxième essai pour lire le classique d'Herman Hesse « le jeu des perles de verre ”. Après 150 pages, je n'en pouvais plus, d'interminables descriptions sur le sens et les raisons inconnues d'un personnage que l'on connait moins bien. Je ne pouvais visualiser le personnage principal, trop flou ainsi que son entourage physique, des lieux, des paysages. Très cartésien et froid, peu d'émotion simple et on peu difficilement prendre la place du personnage. le jeu de perles de verre n'est pas plus clair et qui surtout s'adresse à une élite de haut niveau, qui semblent pas être le mien. Même en étant artiste ce principe de tout mélanger pour obtenir un résultat nébuleux. Je comprends que cette oeuvre a été écrite dans l'entre-guerres. Et ça devait correspondre à l'interrogation de l'auteur sur la puissance du contrôle de l'art. Pour moi, un jeu reste un jeu.
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Très influencé par le romantisme, Hermann Hesse consacre son dernier grand roman à une fiction biographique ambitionnant de rendre compte d'un jeu universel qui représente une sorte de somme des connaissances humaines sur un mode musical. Rien de moins. En dépit de son immense culture et de sa longue expérience de romancier, l'auteur a peut-être visé un peu haut avec cette conception d'un futur si désincarné qu'il relèverait plutôt de l'uchronie, bien que situé en 2500 et quelques (d'après une indication qui le place environ "deux mille ans après la fondation de l'ordre de Saint Benoît"). le récit s'apparenterait presque à un conte, d'ailleurs, sur le mode onirique propre à Hoffmann ou Novalis. Comme à l'accoutumée, Hermann Hesse loge dans ce gros livre d'abondantes digressions philosophiques ou liées à la mystique indienne. On adhère peu à la narration, qui reste très éthérée et ne recherche pas un réalisme susceptible d'éveiller la passion du lecteur. Ce qui est entrepris est d'un autre ordre : une méditation, semble-t-il, en même temps qu'un legs à la postérité, à la façon des grands romans d'apprentissage dont le goethéen Wilhelm Meister pourrait fournir le modèle. On reste sceptique quant au jeu des perles de verre proprement dit, aucune indication n'étant fournie sur le déroulement des parties ni sur la règle qui s'applique. C'est un peu facile, quoi. Borges fit indéniablement mieux avec ses Fictions et ses livres de sable. Mais il reste un beau moment de lecture avec des préoccupations élevées, et qui est indispensable à la connaissance d'ensemble de l'oeuvre du Prix Nobel 1946.
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Les livres d'Hermann Hesse sont pour moi un régal, j'ai appris à les déguster par chapitre afin d'apprécier chaque palier psychique décrit dans toutes ces histoires.
Ce livre raconte l'ascension de Joseph Valet au sein d'une communauté d'élite, ce personnage se rend compte de l'influence qu'il exerce naturellement sur ces convives et n'en abuse jamais. Dans cette Castalie, cité d'érudits pratiquant le jeu de perles de verre, avec ses lois et son administration vivant en dehors du siècle, Joseph Valet apprend à en voir les défauts, les limites, le fondement et la remet en question après y avoir adhéré fidèlement la majeur partie de son existence.
Ce changement de regard est du à des phases d'éveil qu'il requalifiera de transcendence. C'est un livre entre l'analyse d'une société et l'analyse de soi et des valeurs qui régissent leur évolution.
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Quel son ça fait une perle de verre dans l'oeil d'un aveugle ?

Une utopie remarquable où la question de l'éducation est essentielle ; la Castalie étant une école attachée aux traditions.

Le Jeu des Perles de Verre, cette abstraction et la difficulté de sa représentation, cet art qui est aussi une science et le symbole de la Castalie - la culture (des perles) - n'est-ce pas là l'une des caractéristiques de ce non-lieu ?

Le chef d’œuvre d'un maitre d'orchestre, à lire et à relire, parce que l’œuvre magistrale traite de politique et de musique. Si tous les politiciens étaient des musiciens d'une sensibilité qui touche l'âme, la société serait plus orchestrée et peut-être qu'on pourrait chanter et danser en pleine rue sans passer pour des fous.
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Un beau livre, que je qualifierais de contemplatif, qui permet de se recentrer. Cependant, il faut être très disponible pour l'apprécier. Ce n'était pas mon cas et je me suis parfois ennuyée.
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La structure originale de cet ouvrage porte avec légèreté les problématiques auxquelles s'attaque Hermann Hesse : la culture et la nature, le bonheur et le sens du devoir, la brièveté de l'existence qui se fond dans la succession des générations, ... Tout fusionne avec harmonie pour donner un livre agréable à parcourir et qui laissera probablement quelques traces indélébiles dans l'âme de ses lecteurs, qu'elles soient conscientes ou non.
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À la fois récit d'anticipation, roman d'éducation, utopie pessimiste, ce roman est l'une des constructions littéraires les plus abouties et les plus savantes de tout le XXe siècle. le style est magnifique, parfois un peu trop lyrique, mais la fin à elle seule justifie la lecture entière du roman. L'intrigue, qui semble relativement classique, se complexifie à partir de la moitié du livre, et de toute façon la construction de l'oeuvre est tellement spectaculaire qu'elle mérite le détour. Ce roman rappellera à certains Siddharta, du même auteur, mais cette fois Hermann Hesse lie formation culturelle et spirituelle dans cette utopie du Jeu des perles de verre. (la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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