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Critique de Erik35


DE LA DESTINÉE DE L'ARTISTE.

En ce début d'année 1949, Herman Hesse, le célèbre auteur de "Demian ou histoire d'une jeunesse", du plus célèbre encore (presque le roman d'une génération) "Le loup des steppes", de "Siddharta", de "Le jeu des perles de verre", etc, prix Nobel depuis déjà deux ans, est un romancier et intellectuel allemand connu et reconnu lorsqu'il répond, avec beaucoup de patience et une certaine humilité, à ce jeune artiste que nous ne connaîtrons que par ses initiales J.K.

Ce jeune artiste, traversant visiblement une période de doute et de dépression s'interroge sur le sens et la mission que son existence d'artiste lui assignerait.
Herman Hesse, qui est donc au fait de sa carrière aurait somme toute pu répondre du haut de son expérience non sans un certain dédain ou supériorité. Mais Hesse était trop humaniste et sa propre destinée débuta elle-aussi dans les doutes, en plein dans une des périodes les plus sombres de l'histoire de l'Allemagne, qui plus est, pour ne pas songer à ce qu'il fut avant de devenir ce qu'il était alors.

Aussi, sans jamais prétendre détenir quelque vérité supérieure que ce soit, Herman Hesse essaie-t-il de montrer à l'artiste en crise que la chose la plus importante qui soit n'est pas de courir après l'impossible, d'imiter les maîtres, de se trouver des buts incertains ou fantasmatiques, de vouloir à tout prix suivre les modes, de se conformer aux idées du temps. Hesse le pacifiste, individualiste mais humaniste savait trop ce qu'il en était des grandes idéologies de masse, des mouvement de foule, des "hommes nouveaux" et autres lendemains qui doivent chanter, moments terriblement tragiques de l'histoire qu'il avait connu par deux fois dans sa vie, pour espérer quoi que soit de ce côté.

Dès lors, ce qui importe avant tout, c'est de faire ce qu'on sait le mieux, être fidèle à sa propre nature, à ses capacités, à son savoir : s'efforcer à devenir l'homme que l'on sait devoir être à la mesure de ses force ; ce qui ne signifie pas être exempt d'erreurs, de fautes, de doutes mais tâcher, toujours, de sortir vainqueur de cette lutte de soi contre soi.

C'est ainsi à une sagesse toute simple, immédiate mais néanmoins positive, et humble, comme les préceptes de Siddhartha - autre nom du Bouddha- y invitent, que le grand romancier allemand nous convie dans cette Lettre à un jeune artiste ; comme un écho assourdit et éloigné, très éloigné au texte auquel on songe tout au long de cette rapide lecture, son antécédent littéraire le plus célèbre, les fameuses Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke.
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