Siddhartha est un fils de brahmane, c'est-à-dire un érudit religieux de l'Inde, à une période floue, vaguement antique, même si le roman ne précise rien dans le détail.
Siddhartha souhaite acquérir l'une des choses les plus rares et alléchantes qui soit sur la Terre — c'est-à-dire ni le pouvoir ni la richesse mais, au contraire —, la sagesse. (On m'accordera comme un axiome que la recherche éperdue du pouvoir ou de la richesse puisse être considérée comme le contraire de la sagesse.)
Bien que déjà étonnamment savant et cultivé pour son âge,
Siddhartha considère que le savoir n'est pas le but ultime de sa quête existentielle et, malgré l'opposition de son père, il veut voyager pour apprendre ce qui manque à son accomplissement. C'est donc à un long périple initiatique auquel il va se livrer. Au départ, il est accompagné de son fidèle ami d'enfance Govinda, lui aussi fils de brahmane. Ils se font d'abord samanas, c'est-à-dire pèlerins mendiants. L'idée étant qu'en se séparant de toute possession matérielle, on accède plus facilement à l'état suprême, c'est-à-dire, le nirvana.
Ils demeurent dans cet état durant trois années, ayant appris certaines choses mais se jugeant tout de même globalement insatisfaits car n'ayant pas atteint l'état suprême. C'est alors qu'ils croisent la route d'un certain Gotama. (Pour ceux qui ne le sauraient pas,
Siddhartha Gautama était le nom du fondateur du Bouddhisme. Donc
Hermann Hesse entretient volontairement une confusion entre son héros nommé
Siddhartha, qui n'est pas le Bouddha, et le personnage de Gotama, version à l'orthographe remaniée de Gautama, qu'il dit, lui, être le véritable Bouddha.)
Les deux samanas sont fascinés par Gotama et l'impression de plénitude qui orne son visage. (Bouddha signifie, globalement " celui qui est éveillé ", " celui qui a atteint le nirvana ". C'est donc un titre ou un surnom et pas un nom véritable) À telle enseigne que, sans hésitation, Govinda décide de devenir disciple de Gotama. Mais
Siddhartha, lui, refuse et c'est là toute la thèse du roman.
À savoir que la sagesse, contrairement au savoir, ne peut pas s'acquérir auprès d'un maître mais doit se construire pas à pas selon un cheminement personnel qu'on ne peut faire que soi-même. En effet, selon
Siddhartha (ce qui est aussi l'opinion de
Hermann Hesse, manifestement) le fait de suivre les enseignements de Gotama ne dit rien de la façon dont lui a acquis cette sagesse suprême. Un peu comme le fait de suivre les cours d'un grand peintre ne nous apprend rien sur le " comment " il est devenu un grand peintre : car seul lui en a fait l'expérience.
Siddhartha, dans sa quête de tout (vérité, sagesse, savoir, élévation suprême de l'âme, etc.) considère qu'il doit tout expérimenter, même le péché et même la débauche, si l'on peut dire, car ils font partie du monde et quiconque désirerait connaître la vérité sans connaître CETTE vérité se fourvoierait. (Doctrine que reprendront plus tard à leur compte certains beatniks de la lignée de
Jack Kerouac.)
C'est ainsi qu'il expérimente l'amour et la luxure avec Kamala, une riche courtisane. Il devient également joueur, commerçant et banquier sous la houlette de Kamaswami. Ces expériences s'étalant sur une vingtaine d'années et représentant le sansara, c'est-à-dire, le " mal " ou le contraire du nirvana.
Au seuil de la quarantaine, usé par des années de sansara, il décide une nouvelle fois d'abandonner toute richesse et tout honneur et de reprendre la route. Chemin faisant, il s'arrête au bord d'un fleuve et se lie d'amitié avec le passeur Vasudeva.
Siddhartha atteindra-t-il le but de sa quête ? Apprendra-t-il du passeur ? Aura-t-il des nouvelles de sa vie passée dans le sansara ? de son ancien ami Govinda ? de ses anciens compagnons samanas ? de son père ? de la ville ? Des autres hommes ?…
… et beaucoup d'autres questions auxquelles je vous laisse trouver par vous-même les réponses car on n'acquiert pas la sagesse auprès d'un maître mais, patiemment et par soi-même, nous dit
Hermann Hesse, qui était un grand maître… mais alors ?… Ah ! Je ne sais plus finalement !
En ce qui me concerne, une lecture que j'ai trouvée fort intéressante. J'ai un peu moins aimé cet opus que
le Loup des Steppes qui m'avait beaucoup impressionnée, mais je le conseille très volontiers. Toutefois, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.