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Critique de hashtagceline


Comme dans Sweet sixteen, Annelise Heurtier nous invite à nous mettre à la place de deux personnages : Edou, le kanak, dans un premier temps, puis Victor Noblecourt, jeune homme de bonne famille promis à un bel avenir, dans un second temps. Bien évidemment, ils appartiennent à deux mondes diamétralement opposés. Grâce à eux, on se place des deux côtés de l'enclos. le va-et-vient des points de vue est enrichissant et permet de comprendre les enjeux et les mentalités de l'époque notamment concernant les populations issues des colonies pour lesquelles le racisme est poussé à l'extrême.
Avec Edou, on replonge au coeur de la période colonialiste française. On découvre, à travers l'aberrante pantomime qu'on demande de jouer à Edou et aux siens, la culture kanak et combien elle est éloignée de ce que l'on veut bien montrer. On entrevoit la Nouvelle-Calédonie, pays où la vie semble bien douce à Edou, enfermé comme un animal. Edou pensait vivre une grande aventure, découvrir Paris...
Avec Victor, on découvre le quotidien d'une famille aisée et “respectable” où chacun tient aussi le rôle qui lui est attribué. On doit faire bonne figure, suivre les règles imposées. Grâce à lui, on y découvre aussi le Paris de l'époque avec un focus sur cette fameuse exposition coloniale, événement de grande ampleur qui attire l'attention de tous et toutes. Victor va aussi ouvrir les yeux.
L'un et l'autre, à leur façon, ne sont pas heureux. Edou, cela se comprend vu l'horreur de sa situation, Victor, lui, ne se sent à sa place nulle part. La vie, malgré l'absurdité de la situation, va leur donner l'occasion de s'aider mutuellement. Et tous deux apprendront l'un de l'autre.
Entre leurs deux voix, on entend les échanges des personnages qui ont mis en place ce projet inhumain. Leurs discours sont assez édifiants et montrent l'absence de considération pour ceux et celles qui sont vraiment à leurs yeux des sauvages, des bêtes de foire. Pour rendre cela encore plus parlant, Annelise Heurtier a inséré des documents réels (articles de journaux, courriers officiels,...) au fil du récit. Si elle a imaginé Edou et Victor, certains aspects, les pires, sont bien vrais. La postface de Pascal Blanchard, historien et spécialiste de la question coloniale, nous éclaire sur le phénomène des zoos humains qui ont exhibé des hommes et des femmes des colonies de 1810 à 1940 attirant plus d'un milliard et demi de visiteurs.

Encore une fois, j'ai passé un (enfin 3 pour être juste) excellent moment avec ce nouveau récit de l'autrice dont je suis sortie chamboulée. C'est une histoire terrible. Mais c'est aussi une belle histoire d'amitié qui, derrière le pire, met en avant le courage et la bienveillance de certains contre tous les autres. Et il suffit parfois d'un rien, d'un seul homme pour faire changer les choses.
Lien : https://www.hashtagceline.co..
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