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Critique de Nadael


À la recherche d'une robe argentée d'un certain Paco Rabanne, Catherine et sa petite-fille Izia fouillent et explorent le grenier familial. Il aura suffi d'un vieux polaroïd dévoilant la jeune Catherine portant robe courte et grand sourire pourqu'Izia, fille d'aujourd'hui, découvre une époque insoupçonnée. Une époque pas si lointaine où la vie des femmes était balisée et réglée, leur avenir connu d'avance, leur voie toute tracée, aucune route secondaire à l'horizon : après avoir assistées leur mère dans les tâches ménagères, elles devenaient épouse, mère, et s'occupaient du foyer. Qu'elles le veuillent ou non, c'était ainsi.

Catherine profite de ce moment complice avec sa petite fille pour lui raconter ses quinze ans, ses joies ses peines ses interrogations ses colères, son impression de manquer d'air de liberté, son sentiment d'être emprisonnée de faire semblant, son désir d'être écoutée comprise, et son besoin irrésistible de courir.

En raison de ses bons résultats scolaires et d'un comportement irréprochable, Catherine bénéficie d'une bourse qui lui permet d'accéder au collège, un établissement religieux. Ainsi, elle a la chance d'étudier et de cotoyer des jeunes filles de conditions sociales plus élevées. Les midis, en échange du déjeuner, elle fait du ménage chez un couple de quincailler. Bientôt, elle aura seize ans et l'âge de travailler…

Un jour, en voulant rendre service à une amie, Catherine se met en retard. Elle appréhende tellement la réaction de ses parents qu'elle se met à courir pour rattraper le temps perdu… Et là, elle découvre des sensations nouvelles. Pour la première fois de sa vie, elle se sent libre et légère, sans contrainte, contrôlant son corps et sa respiration. Cet air qu'elle fend en courant lui donne une énergie incroyable, une force insoupçonnable, du plaisir.

Désormais, plus rien ne sera pareil. Courir est sa liberté, sa volonté, son choix. Pourtant, en 1966, les femmes ne courent pas…. leur utérus pourrait se décrocher, des poils disgracieux dissimuleraient leur féminité… elles ne sont pas aussi fortes aussi intelligentes aussi ingénieuses aussi résistantes que les hommes!! Un discours terrifiant et difficilement croyable, malheureusement il n'est pas inventé.

Inspirée par l'histoire de Kathrine Switzer, qui eu l'audace de courir le marathon de Boston en 1967, Annelise Heurtier dépeint les balbutiements de l'émancipation féminine. Avec pertinence et réalisme, elle décrit cette époque pré-1968 et la prise de conscience de Catherine – générée par la course à pied – des inégalités entre les hommes et les femmes.

Un roman à glisser dans les mains des filles et des garçons de 12 ans et plus. Pourqu'ils voient le chemin parcouru en cinquante ans, qu'ils continuent à faire évoluer les choses et qu'ils soient convaincus qu'homme ou femme, nous avons les mêmes droits, les mêmes possibilités de choix. Et tous, nous pouvons faire entendre notre voix.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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