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EAN : 9782361832377
189 pages
Les Moutons Electriques (05/02/2016)
4/5   3 notes
Résumé :
Oscar Wilde dans toute sa splendeur  : lorsqu’en 1894 ce roman fut publié anonymement, tout le monde se demanda qui en était l’auteur, mais personne n’eut le moindre doute quant à l’identité des protagonistes, Oscar Wilde et lord Alfred Douglas.
Roman à clef, comédie mordante sur le «  Mouvement Esthétique  » et portrait au vitriol de la société des Yellow Nineties, les années 1890 anglaises et leurs scandales, cet œillet vert (du nom de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre, publié anonymement en 1894, s'inspire de la relation homosexuelle entre Oscar Wilde et Lord Alfred Douglas. Suite au parfum de scandale distillé par ce roman, celui-ci fut retiré des ventes dès 1895, mais précipita la chute et la disgrâce d'Oscar Wilde. En effet, L'oeillet vert fut apparemment utilisé par le ministère public pour condamner Oscar à deux ans de travaux forcés ! Et franchement, à part le port de l'oeillet vert qui était le signe de ralliement des gays de l'époque (comme le port de la moustache dans les années 70, Freddie, si tu me lis !!^^), je n'ai compris aucune autre allusion aux moeurs considérées comme dévoyées d'Oscar et de son jeune et bel amant.

Or donc, le jeune Reginald "Reggie" Hastings (Alfred Douglas), dandy couvert de dettes, a été corrompu par la fréquentation de son grand ami Esmé Amarinth pour devenir aussi insupportable que son aîné. Les deux hommes vouent un véritable culte au péché et à l'art. Ils cherchent tant à se montrer provocants et choquants auprès de la bonne société que leur posture est devenue tout à fait vaine, voire ridicule ! En dépit de leurs propos scandaleux (et surtout à cause d'eux), leur compagnie est très recherchée. Ils sont invités par Mrs Windsor à passer une semaine dans sa maison campagnarde pour fuir l'été londonien et s'adonner à une vie rustique so exciting !!! Ils y retrouvent la vieille et cynique Mme Valtesi, ainsi que lady Locke, veuve et cousine de l'hôtesse qui aimerait la recaser avec Reggie ! Si au début, lady Locke est troublée par le charme juvénile de Reggie, la détestable influence qu'Esmé exerce sur lui la guérit définitivement de tout désir de mariage.

Tout le temps de ma lecture, je me disais qu'avec un ami comme Hichens, pas la peine d'avoir des ennemis tant j'ai trouvé qu'Oscar Wilde était ici ridiculisé. Bien sûr, il s'agit d'une satire sur le mouvemente esthétique dont l'écrivain était la figure de proue, mais la charge est tellement féroce, tellement mordante que parfois je ne savais plus que penser, me sentant perplexe. Ce sentiment s'est un peu dissipé quand j'ai lu la préface, écrite par l'auteur lui-même pour une réédition de 1947, (car j'ai lu la préface seulement après avoir lu le roman), et le moins que l'on puisse dire c'est qu'Alfred et Oscar ont le sens de l'humour et de l'auto-dérision (à moins qu'ils soient aussi friands de scandales et aussi auto-centrés que le suggère le livre), car ayant deviné rapidement l'identité de l'auteur, ils l'ont félicité pour cette "pochade". On y apprend d'ailleurs qu'Hichens, voyant le mal que la publicité de son livre pouvait faire à Oscar alors aux prises avec la justice, a décidé avec son éditeur de retirer le livre des ventes.
Comme dit plus haut, le lecteur du XXIème siècle aura bien du mal à comprendre le sulfureux parfum de scandale qui entoure ce livre ( (bien que j'aie ressenti un début de malaise lors de la scène entre Reggie et Tommy, le petit garçon de lady Locke, quand le premier promet de lui offrir un oeillet vert, symbole on ne peut plus explicite de son orientation sexuelle et je me suis demandée si Reggie n'était pas plus qu'homosexuel et adepte de la pédérastie ?!?). Autre aspect qui m'a dérangée : l'auteur suggère que Reggie (Alfred) était un bon garçon avant sa rencontre avec Esmé (Oscar) qui a complètement perverti son esprit mais rappelons que Wilde avait déjà une femme et deux enfants avant de tomber fou amoureux d'Alfred et que celui-ci semblait déjà bien corrompu !

Bref, certains passages sont vraiment drôles. Comme celui avec le vicaire Smith dont les réponses aux réparties spirituelles et sarcastiques d'Esmé sont en complet décalage, ou les surenchères moqueuses de Mme Valtesi au détriment de leur hôtesse qui ne se rend compte de rien...
Esmé ne cesse de faire assaut d'esprit, il se complaît même dans une espèce d'auto-satisfaction qui finit par le rendre ridicule ; tandis que le jeune Reggie a l'audace de sa jeunesse, mais sa tendance à admirer et accorder trop d'importance à sa belle apparence, sa manie à copier son aîné, à répéter ses paradoxes et sa philosophie de vie comme un perroquet, le rendent vain et terriblement superficiel. Seule lady Locke semble finalement être dotée de bon sens !

C'était vraiment intéressant de découvrir les préoccupations et futiles passe-temps de certains membres éminents de la bonne société londonienne de cette fin de XIXème, même à travers le prisme déformant de la satire. Grâce à Hichens, nous pouvons écouter la conversation si spirituelle de Wilde car l'auteur s'appuie sur nombre de bons mots prononcés par l'écrivain, même si ce dernier est parfois moqué assez férocement. Ce fut donc une lecture délicieuse et je remercie les éditions les moutons électriques ainsi que Babelio pour ce partenariat !
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Après plusieurs années aux colonies et à l'étranger, une jeune veuve fait son retour dans le Monde (à Londres, évidemment) auprès de sa parente, la très mondaine et très moderne Mrs Windsor. Et force est de reconnaitre que le Monde est bien différent de ce qu'elle a toujours connu ! Très vite, une partie de campagne s'organise avec pour invités principaux le charmant Reggie Hastings et son inséparable compagnon, le fantasque, l'absurde, le magnifique Esmé Amarinth, jamais à court de paradoxes pour faire briller la conversation et dérouter les esprits.
Au cours de ces vacances, un mariage se conclura-t-il entre lord Reggie (très beau, très juvénile, très débauché et très fauché) et la bien plus sage Lady Locke, pas tout à fait insensible, semble-t-il, aux charmes du jeune homme ? Question relativement banale, qui pourrait former le noyau d'une de ces délicieuses comédies comme Oscar Wilde en avait le secret, mais qui en l'occurrence n'est guère qu'un prétexte pour mettre en scène Oscar.

Tout le monde l'a très vite reconnu : Esmé Amarinth, c'est lui. Et Reggie n'est autre que Bosie, lord Alfred Douglas, son charmant et vénéneux amant, dont les haines familiales ne vont pas tarder à l'envoyer derrière les barreaux. Mais je m'avance trop loin - de prison, ici, il n'est certes pas encore question et l'Oeillet Vert reste tout entier dans le registre de la comédie, une pochade sans grande prétention qui ignore toute nuance à ses personnages pour mieux les caricaturer, vraiment drôle et plutôt habile sous ses airs de grand n'importe quoi.
Esmé Amarinth, c'est moins Oscar que le masque le plus poseur d'Oscar, poussé à l'extrême jusqu'à tomber franchement dans l'absurde. Ridicule ? Sans doute, mais avec beaucoup d'esprit, et si la caricature est audacieuse et affutée, elle n'est jamais méchante - la taquinerie joueuse de l'admirateur, non la morsure du détracteur. D'après l'auteur, ni Wilde ni Douglas ne s'y sont d'ailleurs trompés, et semblent avoir reçu "l'offense" avec humour.

L'audace, toutefois, va au-delà de la caricature éhontée de deux célébrités du temps. Les excès biscornus de la satire, en effet, sont un camouflage parfait pour contredire impunément la morale du temps et poser quelques affirmations hautement répréhensibles qui ne passeraient jamais dans un texte plus sérieux. Entre deux envolées sur la jeunesse, la folie et l'art, c'est ni plus ni moins qu'une défense de l'anti-nature - soit en termes à peine voilés de l'homosexualité - que Hichens met dans la bouche de ses personnages. Certes, Lady Locke, qui en vient à incarner une pensée antagoniste, est de loin le personnage le plus nuancé et sympathique de l'histoire. Certes, ceux qui défendent le vice sont tournés en ridicule - mais certaines de leurs affirmations sont assez bien tournées pour prêter à réfléchir au moins autant qu'à rire, et dans ce grand jeu de masques, il serait assez naïf de penser que la caricature n'est que dérision.

J'ai beaucoup ri en lisant ce texte, aussi pétillant qu'une coupe de champagne et induisant assez vite à la même euphorie. Un grand merci aux Moutons Electriques pour cette excellente traduction, mise en perspective par quelques notes indispensables et fort joliment éditée.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Merci à Babelio et aux Moutons Electriques pour ce livre au format original (presque carré).
Comme je connais assez bien Oscar Wilde et son époque, j'étais curieuse de livre cet ouvrage. J'aime beaucoup le style et le côté absurde de certaines réflexions. Je suis sur que si on regardait de plus près on trouverait le tout et son contraire. L'histoire est assez simple puisqu'on retrouve un groupe de personnage mondain londonien partant une semaine à la campagne et dont l'un des buts est de coller deux protagonistes ensemble.
Il est très facile d'identifier Oscar Wilde et Alfred Douglas dans le livre, si on connait les connais un peu et j'y au pris un vrai plaisir à lire leurs digressions.
Le livre peut se lire même sans connaissance sur ceux deux personnes, mais il est certain que le lecteur passera à côté du parfum de scandale qui entoure le livre s'il ne connait pas l'époque et son hypocrisie.
Bref un roman sympathique, mais dont le fond peu échapper aux lecteurs novices de cette période.

Lien : http://anaiscience.eklablog...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La Nature nous force à choisir entre gâter notre visage par nos péchés, ou notre esprit par nos vertus
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Les hommes peuvent avoir un esprit de femme, tout comme les femmes peuvent avoir un esprit d'homme
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