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Je découvre cet auteur japonais avec cette Fleur de l'illusion qui s'éloigne avec bonheur de l'enquête policière classiquement balisée. Sans effet facile ni avalanches d'hémoglobines ou encore épuisants rebondissements à tout-va, Keigo Higashino démontre une grande maîtrise dans la construction d'un scénario ciselé et original. Les enjeux semblent tout petits, au départ : le suicide d'un jeune homme sans signes avant-coureurs, l'assassinat de son grand-père, tranquille botaniste. On prend la mesure de la cohérence et de la subtilité de l'intrigue dans les ultimes pages où tous les indices, délicatement disséminés, se révèlent et s'assemblent. le double prologue donnait pourtant toutes les clefs, mais de façon tellement insaisissables ( un couple de jeunes parents sauvagement assassinés au katana en pleine rue, les premiers amours de deux adolescents ) qu'il m'a été impossible d'en dénouer les fils. Et c'est tant mieux. Je me suis laissée porter par cette ambiance mystérieuse qui m'a donné la sensation de flotter, baladée de possibilité en hypothèse sans que je n'ai jamais pu entrevoir la réalité. Par moment, je me suis un peu assoupie, le récit est lent et manque parfois un peu de nerfs pour un roman estampillé policier. Inclassable finalement avec au coeur du scénario une fleur, l'ipomée, qui déclenche l'effet papillon lorsque des passionnés découvrent qu'une variété jaune, disparue depuis le XVIIIème siècle, réapparait. Très japonais. Si la Fleur de l'illusion ne m'a pas passionnée, j'en ai apprécié la saveur particulière. Derrière l'ambiance feutrée, l'auteur dresse un portrait complexe de la jeunesse japonaise et de ses préoccupations existentielles : la question de l'honneur au sein de la société, celle de l'héritage et de la transmission sur fond de secrets de famille, la pression familiale pour la réussite. L'après-Fukushima est en toile de fond et les jeunes présentées ici apparaissent comme totalement désorientés mais pour certains, prêts à relever le challenge de réécrire leur histoire hors de la lourdeur des codes imposés par la famille et la société. + Lire la suite |