Chacun n'a-t-il pas une maison où l'enfant qu'il était est mort autrefois ?
Celui qui était autrefois mon père m'a annoncé il y a environ un mois que la vieille maison dans laquelle j'ai vécu enfant allait être détruite. Bien sûr, il a dû prendre sa décision en concertation avec la femme qui a été ma mère. Cela fait déjà plusieurs années qu'ils ont quitté cette vieille maison pour aller vivre paisiblement dans un appartement au bord de la mer. On peut dire qu'ils y passent leurs vieux jours.
(Incipit)
Au cours de l'interview, j'avais appris que près de soixante-dix pour cent des mères téléphonant pour un conseil se disaient maltraitantes. Selon la conseillère, prétendre que si l'on était capable de demander conseil on pouvait aussi s'arrêter, c'était ne rien comprendre à la maltraitance. Les mères appelaient justement parce qu'elles souffraient de ne pouvoir s'arrêter. Par exemple, elles frappaient leur enfant à la tête et, quand celui-ci perdait connaissance, elles se précipitaient pour l'emmener à l'hôpital où, pendant qu'il était soigné, elles pleuraient dans le couloir. Elles téléphonaient pour dire qu'elles avaient peur, si cela continuait ainsi, de tuer leur enfant.
D'ailleurs, chacun n'a-t-il pas une maison où l'enfant qu'il était est mort autrefois ? On fait seulement semblant de ne pas voir qu'il s'y trouve encore parce qu'on ne tient pas à le rencontrer.
Ses yeux, lorsqu’ elle regardait ses camarades rire bêtement, étaient semblables à ceux d’un scientifique observant des animaux de laboratoire.
Je pense continuer à vivre avec la conviction que je ne suis personne d'autre que moi-même.
C’est un père drôlement sévère. Pourtant, quand le corps s’affaiblit, on devrait s’adoucir.
(p. 116)
Un go de saké dans une mesure d’un go.
Je lui ai demandé s’il s’était réveillé mais il ne m’a pas répondu. Il regardait dans ma direction, mais c’était comme s’il ne me voyait pas. Il n’avait pas l’air d’entendre ma voix non plus. Il regardait l’espace d’un œil vague. C’était comme s’il n’avait plus d’âme. Mais papa m’a dit une fois que l’âme n’existait pas. Il m’a appris que les hommes bougeaient grâce à leur cerveau. Alors c’est son cerveau qui ne va pas peut-être. (p.117)
Chacun n’a-t-il pas une maison où l’enfant qu’il était est mort autrefois ?
On fait seulement semblant de ne pas voir qu’il s’y trouve encore parce qu’on ne tient pas à le rencontrer.