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Critique de Gruizzli


Ce livre est un de mes préférés de la bibliothèque qui prend bien trop de place chez moi. Tout simplement parce qu'il s'agit, à mon avis, de l'histoire d'amour la plus sincère et probablement la plus forte que je n'ai jamais lu. La savoir vraie ne rajoute qu'une petite touche en plus, mais tout ce qui fait la force et l'importance de ce livre à mes yeux, c'est le ton de Jacques Higelin, son phrasé et sa plume. J'ai souvent écouté ses chansons, et j'aime sa façon simple de dire des choses, tout autant que son univers à moitié poétique et jazzy, capable de phrase fulgurantes, de textes concis et d'une formidable énergie.
Dans ces lettres, c'est un Jacques Higelin jeune qui se dévoile, amoureux, mais déjà se retrouvent ici les principales caractéristiques de son style : la fougue, l'amour, l'art de manier les mots, la justesse du propos. Ces lettres respirent la jeunesse, l'insouciance et la légèreté. C'est d'autant plus surprenant qu'il était en service militaire, dans une guerre absurde en Algérie. Mais quel meilleur moment que ceux où la mort nous frôlent pour se rendre compte du prix de la vie ? Higelin nous raconte son amour de la vie, de la musique et du monde. Il crie à travers certaines des phrases toute la beauté qu'il voit dans le monde et l'énergie qu'il en tire. C'est formidablement vivifiant, tonifiant. A la lecture de ces lettres, je suis traversé d'une énergie qui ne demande qu'à sortir. Tout autant que je suis touché de l'amour qu'il manifeste.

Lorsque l'on parle d'histoire d'amour, on oublie souvent qu'elles naissent, vivent et parfois meurent. Ici, les trois phases seront mentionnées, mais il faut laisser à Higelin la qualité de la fin. Les deux dernières lettres sont probablement les plus importantes de ce récit, concluant d'une façon magistrale cette leçon d'amour. Que dire lorsque c'est fini ? Que dire lorsqu'il n'y aura plus rien ? "Je ne peux plus dire je t'aime, ne me demande pas pourquoi je ne ressens ni joie ni peine quand tu viens à passer par là", écriras-t-il des années plus tard dans une chanson. Mais ici, c'est lui qui répond, en donnant la plus belle réponse qu'on aurait pu attendre. Ecrire cela, le penser et le vivre, c'est d'une beauté majestueuse.
Les histoires d'amour finissent mal, en général ? C'est que vous n'avez pas lu les bonnes. Ici, l'amour est chantant, chaud et heureux, même dans le malheur. Il n'y a qu'une énergie formidable qui traverse le récit, l'énergie d'un homme jeune, d'un homme heureux, d'un homme amoureux. En lisant ces lettres, nous parvient un petit peu de cette lumière, de cette chaleur qui inonde l'ensemble. Que dire de ces premiers émois, de cette découverte de la musique et de l'absurde monde dans lequel l'homme se fait une guerre ?

Oui, j'aime ce livre. Il est de ce genre de livre que j'aurais voulu pouvoir écrire. Si un jour, un seul, j'arrive à aimer quelqu'un au point de lui écrire quelque chose qui ressemblerait à ça, je crois bien que je pourrais me dire heureux. C'est d'une force qui nous fait du bien, qui redonne espoir et qui amène les larmes aux yeux. Combien pourrons dire, à la fin de leur vie, qu'ils ont vécu cela ?
Au moins autant qu'il y aura eu de lecteur de cet ouvrage, je pense ...
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