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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour moi, ce livre, c'est l'histoire de la seconde naissance de Thérèse, jeune fille effacée et timide en manque de tendresse. Tout est morose et monotone chez elle. Elle aime sans joie un homme, ses amis ne l'intéressent guère, et ses rêves ont bien du mal à se concrétiser. Jusqu'à sa rencontre avec Carol ! Carol qui, dès les premiers instants la retourne comme un gant. Sa beauté la fascine, sa voix l'ensorcelle. Cette timorée fait alors preuve d'une hardiesse incroyable pour retrouver cette femme inaccessible et hautaine qui cache si bien ses blessures et ses refoulements.
Entre la femme fatale et la frêle jeune fille commence alors une grande histoire d'amour avec son lot de craintes, d'hésitations, de fous rires, de passions fougueuses, de caresses, de trahisons, de disputes, d'emportements, de nuits interminables et de petits matins ensoleillés. C'est aussi une fuite en avant désespérée pour échapper au carcan social et à ces juges qui considèrent l'homosexualité comme une maladie honteuse. Nous sommes aux Etats-Unis dans les années cinquante, et l'homosexualité ne peut se vivre que sous le manteau, derrière des portes closes, dans la discrétion et le non-dit. Ceux qui bravent cet interdit le paient cash en s'exposant à des mesures de rétorsion d'une violence inouïe.
Patricia Highsmith, pourtant mondialement connue avec son Monsieur Ripley, se voit refuser par son éditeur la publication de ce roman « en raison de la hardiesse du sujet ». C'est dire la pesanteur sociale qui régnait à cette époque !
Carol est bien plus qu'un livre courageux. C'est surtout un grand roman qui n'a pas pris une ride durant ce demi-siècle. Un livre d'une tristesse insondable avec la défaite comme unique perspective. Un livre lumineux quand Thérèse, dévorée par sa passion amoureuse, prend son envol. Un livre poignant quand l'envoutante et sublime Carol, idéalisée par Thérèse comme une icône, descend de son piédestal pour devenir une femme blessée et vulnérable.

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Thérèse est vendeuse dans un grand magasin à l'approche des fêtes de Noël, un travail temporaire car Thérèse espère travailler dans le milieu du théâtre à créer des décors.
Thérèse a un amoureux, mais elle ne ressent pas grand chose pour lui, d'ailleurs elle n'a jamais ressenti quoi que ce soit pour un homme.
Et puis un beau jour elle se retrouve face à une femme, Carol, belle, fascinante, riche, mariée, qui vient lui acheter un cadeau pour sa fille.
Entre elles deux c'est une passion qui naît, mais contrariée par le mari de Carol qui utilise leur fille comme moyen de chantage dans leur divorce, par le petit ami de Thérèse et par la société quasi entière qui condamne à cette époque l'amour entre deux personnes de même sexe.

Parfois, il arrive qu'un beau roman fasse un film merveilleux, c'est tout à fait le cas avec "Carol" que j'ai d'abord vu avant de le lire.
Si j'avais été envoûtée par la mise en scène de Todd Haynes et le jeu de Cate Blanchett (Carol) et Rooney Mara (Thérèse), je l'ai été tout autant par l'écriture de Patricia Highsmith et ses deux héroïnes.
Pour remettre l'histoire dans son contexte, ceci est le deuxième roman de Patricia Highsmith, écrit juste après "L'inconnu du Nord-express" et publié en 1952 après avoir essuyé le refus de son éditeur de le publier (sous le titre "Les eaux dérobées").
Non seulement l'auteur changeait complètement de registre mais elle osait écrire une histoire d'amour entre deux femmes, ce qui était très culotté de sa part.
Le véritable succès de ce livre est venu au moment de sa sortie au format poche, l'auteur n'a alors cessé de recevoir des lettres de personnes la remerciant d'avoir écrit sur un tel sujet, et d'avoir choisi une issue plutôt heureuse, en tout cas que le lecteur se plaît à croire heureuse, ce qui ne s'était alors encore jamais fait à l'époque dans les quelques écrits portant sur le même thème.
Si le film a pu utiliser le jeu des actrices, particulièrement celui de Rooney Mara pour l'ingénue Thérèse, pour faire passer les émotions qui leur traversent l'esprit, elles sont ici décrites et décortiquées dans les moindres détails, en tout cas pour ce qui est de Thérèse, car Carol reste un personnage mystérieux et que le lecteur voit donc tel que Thérèse la perçoit.
Thérèse est ingénue, elle est jeune, quelque peu influençable, elle se cherche, manque parfois de caractère, et surtout ne sait pas ce qu'est l'amour avant de croiser la route de Carol : "Cela ressemblait à l'amour, ce qu'elle ressentait pour Carol, sauf que Carol était une femme. Ce n'était peut-être pas du délire, mais elle était bel et bien dans un état de béatitude. le terme était idiot, sans doute, mais comment imaginer bonheur plus grand que ce qu'elle vivait depuis jeudi ?".
A partir du moment où son regard a croisé celui de cette femme elle est totalement subjuguée par Carol, elle connaît le grain de sa peau, ses taches de rousseur, ses attitudes, sait déchiffrer son humeur, et ne vit plus que dans l'espoir des moments qu'elle va passer avec elle.
Thérèse est d'une naïveté touchante, elle se pose beaucoup de questions : "Que voulait dire aimer quelqu'un ? Pourquoi l'amour prenait-il fin ou pas ? Là étaient les vraies questions; et qui pouvait y répondre ?", et c'est le personnage qui va connaître la plus grande évolution.
De chrysalide elle va se transformer en papillon, et quel magnifique papillon !
Comme elle, et grâce à la narration de Patricia Highsmith, j'ai été assez fascinée par le personnage de Carol, cette femme qui a tout pour elle et qui pourtant passe par bien des drames parce que son seul tort est d'aimer une femme plutôt que son mari (ou que les hommes en général).
Carol est une victime de son époque, comme Thérèse l'est aussi mais d'une façon différente.
Carol n'a plus la naïveté de Thérèse, un aspect de la jeune femme qui l'a séduit, elle est plus mûre mais son coeur bat à l'unisson de celui de Thérèse.
Et c'est beau, mais alors qu'est-ce que c'est beau !
Face à cet amour, il y a le jugement des autres, leurs reproches et leurs méchancetés face à un amour qu'ils ne comprennent pas et qu'ils jugent contre-nature, à l'image des propos tenus par le petit-ami de Thérèse lorsque celui-ci a compris que non seulement elle ne l'a jamais aimé mais qu'elle ne l'aimera jamais et que son coeur va à une femme : "Ton comportement est infantile et hors de la réalité, comme de se nourrir de fleurs de lotus ou de sucreries écoeurantes au lieu du pain et de la chair de la vie.".
Thérèse est jugée infantile, tel un enfant qui agirait sans savoir ce qu'il fait et sans en mesurer les conséquences, c'est un pauvre petit être féminin qui a besoin d'un homme pour être guidée dans la vie, on retrouve bien évidemment l'image de la femme dans les années 50, particulièrement dans une Amérique puritaine.
Quant à Carol, son mari la fait passer pour une mauvaise mère, n'hésitant pas à utiliser tous les moyens à sa disposition pour la faire juger par rapport à ses moeurs et non à son attitude envers sa fille.
Certes, ces femmes ne sont pas internées mais c'est bel et bien leur liberté que l'on cherche à emprisonner et à faire entrer dans le moule de la société.
C'est donc aussi une histoire de liberté que nous conte Patricia Highsmith, d'une écriture très pudique et très sensible, une plume qui sait dès les premiers instants et envoûte jusqu'au point final du récit.

"Carol" est un roman aussi envoûtant et beau que peut l'être le film, si vous l'avez vu vous aimerez assurément ce roman, si vous l'avez lu vous apprécierez le film, et si vous ne connaissez ni l'un ni l'autre et bien il ne vous reste plus qu'à découvrir cette très belle histoire signée par Patricia Highsmith, qui démontre par ailleurs qu'elle n'était pas que la reine du roman policier.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Peut-être vous avez vu le film de Todd Haynes. Je vous dis ça pour ne pas raconter l'histoire. Je n'aime pas répéter une quatrième de couverture. En une phrase : une jeune vendeuse rencontre une femme bourgeoise et plus âgée, dans les années 1950 à New-York.


Techniquement, Carol est un roman lesbien, un livre LGBT. Second roman de Patricia Highsmith, une autrice spécialiste des thrillers, refusé en 1951, publié en 1952 sous un pseudonyme, vendu par le bouche-à-oreille, il fallut attendre 1985 pour qu'il soit publié en France sous le titre Les Eaux dérobées.

Carol est un grand livre.

Grand livre dans le style. Patricia Highsmith cisèle avec soin le temps suspendu et les détails :

La perle qui frémissait à son oreille ressemblait à une goutte d'eau qu'un souffle aurait pu détruire.

Le vocabulaire n'est pas soutenu, mais le style est littéraire, ceci pouvant décourager ceux qui ne sont pas habitués à lire.

Grand livre dans l'histoire. Certes, quelques longueurs peuvent se rencontrer, surtout dans une société habituée à ce que la protagoniste s'envoie en l'air dès le premier chapitre. le rythme est volontairement lent, dans un monde déjà rapide en 1950 mais si lent pour nous tous. Ce sont des lignes entières de regards, de sourires, de volutes de fumée, de mains sur l'épaule. Tout en retenue. le personnage de Carol n'est pas attachant, comme le mien dans Les Dettes de Je. Aujourd'hui, un roman à succès impose souvent la mièvrerie.

Et comme tout grand livre, grand livre dans sa postérité. Carol a changé le regard et l'acceptation de nombreux personnes gay dès sa parution (car comme le dit l'autrice, dans l'avant-propos et la postface (à lire) : personne n'est malade ou s'ouvre les veines à la fin). Ensuite, il attira un public curieux et ouvert.

Laissez-vous emporter par cette magnifique histoire d'amour, tout court :

Son parfum, à nouveau, parvint à Therese, clair-obscur, légèrement sucré, évocateur d'une soie vert sombre, un parfum qui lui appartenait en propre comme à une fleur.
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Ce livre est bien doux dans sa démarche, malgré par moments la sensation de froideur des personnages. Un beau livre d'amour moderne dans un contexte d'il y a 60 ans, scandaleux à l'époque. J'ai beaucoup aimé l'évolution de la relation de ces deux femmes, à petits pas. C'est adorablement bien écrit pour un sujet un peu difficile à traiter à l'époque et qui ne fait dire que l'amour est comme il est. Simple dans le fond.
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