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Alain Delahaye (Traducteur)
EAN : 9782253061540
475 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4/5   127 notes
Résumé :
Durant plus de vingt ans, Edith, femme américaine "moyenne", tient son journal. À vingt-cinq ans, mariée, mère d'un garçon sans grande personnalité, elle essaie de ne pas s'ennuyer. À près de cinquante ans, elle ne voit plus dans son existence qu'un lent naufrage dans la médiocrité absolue. Et ce journal, auquel elle confie rêves et fantasmes à la fois émouvants et dérisoires, est devenu le miroir de deux existences, l'une réelle, l'autre imaginée, inconciliables - ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Femme au bord de la crise de nerfs.
Brett et Edith Howland sont un jeune couple d'intellectuels progressistes dans l'Amérique d'Eisenhower. Avec leur fils de 10 ans, ils emménagent dans une belle maison de Pennsylvanie, et si Brett est journaliste dans le quotidien régional, Edith compte sur ce nouveau départ pour recommencer à écrire des articles, et même créer une gazette locale. Mais les choses ne se passent pas comme prévu, et Edith se retrouve à gérer des situations qui lui échappent et qui, peu à peu, la poussent à se réfugier dans une autre réalité, qu'elle consigne soigneusement dans son journal intime...

Patricia Highsmith nous fait entrer dans la psyché d'une femme qui veut continuer à croire que tout va bien alors que tout se délite autour d'elle, et qui se persuade que l'assassinat de Bobby Kennedy et la Chute de Saïgon sont plus importants que ses propres problèmes. Rien que pour ça, je n'ai pas pu m'empêcher de la trouver attachante et admirable, même si son lent glissement dans la folie la rend quelque peu inquiétante.
Avec des réflexions d'Edith telle que : "La différence entre le rêve et la réalité constitue l'enfer véritable.", l'auteur parvient à instiller une ambiance angoissante ; on sent que tout peut franchement tourner au drame à tout instant, mais je me suis également demandé si l'entourage d'Edith n'était finalement pas plus anxiogène qu'elle... D'où un certain trouble (jouissif), face à l'écriture retorse de Patricia Highsmith, qui se pose en équilibre précaire entre raison et folie.
Toutefois, si j'ai aussi apprécié sa façon intimiste de balayer vingt ans d'Histoire américaine, j'ai déploré que cette chronique d'une "desperate housewife", sans beaucoup d'action, comporte des longueurs qui m'ont un peu égarée. Mais c'est la loi du genre, et je ne regrette pas pour autant cette lecture dérangeante et qui interroge sur la perception de la folie.

Cela reste donc de la belle ouvrage pour les adeptes de romans psychologiques, et en définitive un beau portrait de "femme sous influence".
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Edith, 36 ans, mène une vie de couple bien rangée dans la nouvelle maison qu'elle vient d'emménager à la campagne en Pennsylvanie. Femme au foyer, sans véritable travail hormis quelques articles qu'elle rédige de temps à autre pour des journaux d'une sensibilité politique de gauche, elle tente de prendre la vie avec philosophie et de relativiser la déception permanente que lui cause Cliffie, son fils de 10 ans, un gamin fainéant, menteur, renfermé sur lui-même et qui ne manifeste ni intérêt pour quoi que ce soit ni sentiment envers ses parents. Mais quand le vieil oncle invalide de son mari vient s'installer chez eux pour vivre avec eux, le quotidien d'Edith se réduit peu à peu à une somme de corvées qui lui pèsent de plus en plus. le mal-être d'Edith grandit d'année en année, jusqu'au jour, où perdant pied dans le réel, elle commence à modifier légèrement la réalité dans son journal intime, l'embellissant pour la trouver plus satisfaisante que son triste quotidien.
Mais les choses ne vont faire qu'empirer...
L'ambiance plutôt mélancolique des premières pages du roman devient rapidement délétère.

Patricia Highsmith a parfaitement réussi à rendre ce glissement progressif d'Edith vers une forme de dépression et de folie douce où l'irréalité de la vie qu'elle s'écrit dans son journal se heurte douloureusement à sa vie réelle et sordide.

Un beau roman psychologique !

Challenge plumes féminines 2021
Challenge multi-défis 2021
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Lorsqu'elle épouse Brett au début des années 50, Edith est une jeune femme séduisante, intelligente et curieuse. Elle écrit et vend des articles et des nouvelles aux journaux qui partagent ses idées progressistes ; elle aime la poésie et la sculpture ; elle consigne les événements importants de sa vie dans son journal intime. Bientôt, le couple et son fils Cliffie quittent New York pour Brunswick en Pennsylvanie, où les espérances, les projets, la vie rêvée d'Edith se confrontent au principe de réalité. L'éducation de Cliffie s'avère difficile. Il est un enfant instable que rien n'intéresse, sa scolarité est un fiasco. Brett est absorbé par sa carrière new-yorkaise et tombe amoureux de Carol sa secrétaire. Edith passe ses journées à accomplir les tâches ménagères, à jardiner, et à s'occuper de Georges, le vieil oncle de Brett, venu s'installer chez eux depuis qu'il est impotent.


« J'ai parfois l'impression qu'il y a quelque chose qui est en train de craquer en dedans de moi ». Edith prend peu à peu conscience que la vie n'a aucun sens, que les trois hommes qui partagent la sienne en ont aussi pris le contrôle. Ses journées ne sont qu'une succession de gestes gratuits, sans but. Mais quel but pourrait-on trouver à la vie, qui n'est qu'une plaisanterie ?


Les batailles d'Edith sont perdues d'avance. Elle s'intéresse à la politique qui n'intéresse pas les américains, attitude que le pouvoir fait tout pour favoriser. Se battre contre une majorité indifférente à ses propositions, qui ne l'entend ni ne l'écoute est inutile. Lutter contre la décision de Brett de la quitter, ne sert à rien, et elle dit « oui » à la séparation comme elle a dit « oui » à la célébration de son mariage. Vouloir persuader Georges de s'installer dans une maison de retraite est voué à l'échec puisqu'il a à sa disposition une infirmière gratuite, qui vide les bassins, entretient son linge, et lui prépare repas et collations. Cliffie n'en parlons pas. Il végète, entre petits boulots et alcoolisme. Il se fout de tout. Seuls ses chats, Mildiou puis Nelson offrent de l'affection à Edith.


Dans son journal, Edith s'invente une vie plus agréable, est happée par un monde imaginaire. Ce qu'elle écrit, ce sont des mensonges, mais après tout, qui les lira, et si les rédiger la rend moins mélancolique, plus joyeuse, si elle se sent moins déprimée, où est le mal ? le journal d'Edith raconte l'histoire d'une femme ordinaire qui sombre lentement dans la folie, explore la frontière poreuse entre raison et déraison, sur fond de critique virulente de l'american way of life. Comment expliquer que ce roman dans lequel il ne se passe rien en dehors de la description clinique et froide des journées d'Edith est un chef-d'oeuvre ?
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Edith a 25 ans quand elle commence ce journal. Comme le nom ne l'indique pas, Edith n'écrit pas tous les jours dans celui-ci, plutôt une synthèse,de temps en temps, des six derniers mois écoulés (voire plus)
De quoi parle t'elle ? de son mariage avec Brett, de ces difficultés « professionnelles «  : elle a fait des études mais est maintenant femme au foyer . le début de l'histoire se passe dans les années 60 et 70.
Elle s'investit à titre bénévole dans un journal local. On saura donc son avis sur les Kennedy, la guerre du Vietnam….

Au début j'ai trouvé ses réflexions intéressantes mais cela devient très vite répétitif (et puis le personnage du mari, de l'oncle et du fils sont « à gifler » : de vrais parasites chacun dans un genre différent)

J'ai aimé cependant la voir vivre et voir ce qu'elle écrit : il y a un décalage dès le début (elle est en plein déni, dirait on de nos jours). Dans son journal cet écart entre vie réelle et vie fantasmée va crescendo et ne peut aboutir qu'à la folie.

Un roman paru en 1977 qui m'a semblé manqué un peu de rythme ….
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Une désespérante noirceur que ne vient éclairer aucune lueur d'espoir

En apparence, rien d'extraordinaire que ce journal d'Edith, le journal banal d'une femme au foyer américaine, mais quelle noirceur, quelle progression diabolique, quelle histoire tragique magnifiquement orchestrée par Patricia Highsmith, jusqu'au dénouement triste, affreux. Peut-être le pire dénouement dans l'histoire du roman noir.

Durant plus de vingt ans, Edith tient son journal. A vingt-cinq ans, mariée, mère d'un garçon sans grande personnalité, elle essaie de ne pas s'ennuyer. A près de cinquante ans, elle ne voit plus dans son existence qu'un lent naufrage dans la médiocrité absolue.

Je demande toujours à un roman de me procurer des émotions, peu importe lesquelles, et au fur et à mesure de la lecture, c'est l'effarement et la révolte qui prédominent, devant le destin cruel qui s'acharne sur cette pauvre Edith.
Pauvre femme qui n'a rien fait pour mériter ça, et qui s'enfonce inexorablement dans un enfer quotidien bouleversant, terrible. Une descente aux enfers physique et surtout psychique, sans solution, sans répit, qui fait froid dans le dos.
Il faut avoir les nerfs bien accrochés pour lire ce roman très dur, extrêmement bien écrit par celle qui fut la reine du crime à son époque. le chef d'oeuvre de Patricia Highsmith!

Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans les secondes de silence qui suivirent, Edith sentit pour la première fois un abîme sous elle, autour d'elle, un abîme noir et dangereux. Elle eut l'impression d'un temps vide, d'un temps énorme, des années, des mois, des jours, des soirs. Elle se rappelait plus que jamais -elle le sentait plus fort que lorsqu'elle avait écrit la phrase peut-être vingt ans plus tôt- que la vie n'avait vraiment aucun sens, pour personne et pas seulement pour elle-même. Mais si elle-même était seule, et devait continuer seule, alors cette absence de sens deviendrait d'autant plus terrifiante. Et voilà tout. Durant quelques secondes elle éprouva une panique totale, comme si elle venait de distinguer clairement le destin, la fatalité, l'essence de la vie et même de la mort.
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Et la manière dont le visage de sa mère avait changé depuis la mort de Mildiou deux jours avant, sa bouche aux commissures constamment tombantes, son air si préoccupé, au point qu'il fallait lui répéter deux fois la même phrase pour qu'elle l'entende... Tout ça pour un chat ! Etait-ce normal ? Cliffie avait suffisamment entendu dire qu'il n'était pas normal. Il pouvait aussi leur renvoyer la balle.
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N'est-il pas plus sûr, et même plus sage, de croire que la vie n'a absolument aucun sens?
Elle s'était sentie mieux après avoir couché cela sur le papier. Une telle attitude n'était pas une façon de se cuirasser, pensa-t-elle, il était de fait que la vie n'avait pas de sens. On continuait simplement d'aller de l'avant, de travailler, et on faisait de son mieux. La joie de la vie résidait dans le mouvement, dans l'action elle-même.
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"A l'aube, après ma mort quelques heures avant,
La lumière s'étendra comme toujours à sept heures
Sur ces arbres que je connais.
Les ombres céderont, face au vert éclatant,
Face à la cruauté bénigne, indifférente du soleil
Indifférents se dresseront les arbres dans mon jardin,
Et sans larmes pour moi au matin de ma mort.
Semblables à eux-mêmes, les racines assoiffées,
Les arbres se reposeront dans le calme plat de l'aube,
Aveugles et insouciants,
Les arbres que je connaissais,
Dont je prenais soin."
(poésie rédigée par Edith dans son journal)
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N'est-il pas plus sûr, et même plus sage, de croire que la vie n'a absolument aucun sens ?
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