Citations sur Ennemis, tome 1 (16)
Même les rats avaient disparu. En l'absence de gens pour remplir les poubelles, la nourriture s'était vite révélée insuffisante pour entretenir leurs nuées. Ils étaient morts de faim, ils avaient émigré ailleurs, ou alors ils s'étaient fait manger par les chats qui eux-mêmes avaient été mangés par les chiens. De leur côté, les adultes avaient mangé tout ce qu'ils avaient pu trouver : rats, chats, chiens, enfants, congénères... Bref, tout le monde essayait de manger tout le monde.
- Bouge pas, mon poulot, dit Nick d'un air menaçant. T'inquiète pas, je vais faire en sorte que ça aille vite. Mais, crois-moi, si tu fais l'imbécile, je te pends par les pieds et je te vide goutte à goutte. Parole, tu le sentiras passer. Maintenant, arrête tes simagrées et tiens-toi tranquille.
- Va en enfer, croassa Sam d'une voix brisée.
- J'y suis déjà, répondit Nick avec un petit rire, jouissant de sa position de force. Tu ne savais pas que j'étais Satan en personne ? Lucifer Nick. Et toi tu n'es qu'un pauvre pécheur, condamné aux flammes infernales... Jusqu'à être à point.
Perdre un seul d’entre eux serait terrible.
« Eux » ? Il aurait dû dire « nous » puisqu’il était de la partie. C’est fou, pensa-t-il en s’enfonçant dans l’obscurité, comme on a toujours tendance a penser que la mort c’est pour les autres.
- T'es vraiment bizarre, tu sais ?
- Pas bizarre, différent, nuança le Kid. Mon grand-père disait toujours que j'étais à moitié génial, à moitié débile, et à moitié maboul.
- ça fait trois moitiés, ça.
- Différent, je te dis...
– Je crois pas à la magie, répondit Sam.
– Moi je crois à tout, Tom pouce.
– M’appelle pas Tom Pouce. D’ailleurs je te ferai remarquer que t’es à peine plus grand que moi.
– Je sais, mais t’es quand même qu’un petit freluquet, qu’un goujon dans le grand fleuve.
– Je suis un tueur de géant.
– Ben voyons. D’façon comme je t’ai dit, je crois à tout…crevette.
– Si tu continues, moi je vais t’appeler rat d’égout.
– Nabot.
– Pet de mouche.
– Crapaud.
– Galeux.
– Plancton.
– Tête de caca.
– Tête de caca? se gaussa le Kid.
– Ouais, répondit Sam avec un gloussement moqueur. C’est ça que tu es. tête de caca. Tu pues.
– Tu rigoles tu sens pire. Tu pues les pieds. Vieille chaussette.
– M’appelle pas vieille chaussette, pauvre port à tabac qui pu du cul.
– Ouh le ragondin. T’es-un-ra-gondin!
– Morveux.
– Trou de balle.
Soudain le Kid s’arrêta.
P’tit Sam dormait profondément. Sa poitrine se gonflait et se dégonflait au rythme lent et régulier de sa respiration. Assise à côté de lui, Rachel lui caressait le front avec douceur en fredonnant.
– ce qu’il a l’air paisible…, murmura-t-elle.
En guise de réponse Nick grogna et s’approcha d’une commode. D’un des tiroirs, il sortit une paire de menottes et retourna près du lit. Délicatement, il souleva la main gauche de Sam et referma la menotte sur sa poignet.
– Ca ferait presque de la peine, dit Rachel. Il est si mignon.
– Faut pas s’attacher, ma chérie. Rappelle-toi de ce qui s’est passé avec les cochons. Tu n’aurais jamais dû leur donner un nom.
– T’en fais pas, répondit Rachel en écartant une mèche du visage du petit. Je m’attacherai pas.
T’es vraiment bizarre, tu sais ?
Pas bizarre, different, nuança le Kid. Mon grand-père disait toujours que j’étais moitie genial, moitie debile et moitie maboul.
Ca fait trois moitie, ca.
Different, je te dis…
"Pas bizarre, différent, nuança le Kid. Mon grand-père disait toujours que j'étais moitié génial, moitié débile, moitié maboul."
Un parent vous aurait privé de sortie,
Un prof vous aurait collé,
Un flic vous aurait arrêté,
Mais aucun n'aurait essayé de vous bouffer.
A lire sans modération, et sans interruption