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Critique de Bookycooky


Les accords nocturnes d'un koto* apaisent un jeune mendiant qui n'a connu ni amour ni compassion, faisant ressurgir la tendresse qu'il avait si longtemps enfouie au fond de son coeur devenu dur comme un roc ( le son du koto).
Une rencontre déchirante s'improvise dans la treizième nuit du neuvième mois, alors qu'a lieu "les Fêtes de la lune", que le faible chant des insectes se mêlent tristement au vent d'automne sous la lune claire (La treizième nuit).
Un souvenir douloureux d'un passé qui n'a été qu'erreurs, se ravive à la première neige ( Jour de neige ).
Les pétales d'un cerisier près de l'avant-toit, qui tombent un à un , "au rythme de la triste résonance d'une cloche dans le ciel du soir" , alors qu'il n'y pas un souffle de vent dehors, évoque la fougue de la jeunesse et la folie de l'amour ( Fleur de cerisier dans la nuit ).
"Je vais devoir traverser le pont de bois**, moi aussi.....", signe la fin d'un amour impossible dans les quartiers du plaisir (Eaux troubles).

Dans le Japon du 19iéme siècle des personnages malheureux dont la majorité sont des femmes, qui subissent pauvreté, misogynie de l'homme et le poids des liens familiaux. Des femmes qui fument des pipes, de différentes trempes, dont dans la dernière nouvelle, l'une qui accepte comme naturel l'entichement de son mari pour une geisha, une autre qui dit " Moi je suis prête à lui laver sa veste et lui coudre des caleçons, mais quand je le vois batifoler ici et là , je doute qu'il puisse se poser un jour !"et contrairement au dernier livre d'Olivier Adam qui parle du Japon actuel, à l'époque, l'enfant en cas de séparation reste avec le père. Un texte foisonnant de références à de nombreuses oeuvres de divers poètes anciens , des personnages à la psychologie fouillée, où les détails ( vêtements, coiffure, bruits, sons...) complètent leurs descriptions.


Cinq nouvelles d'une romancière japonaise du XIXiéme siècle , Higuchi Ichiyô (1872-1896 ), première femme du Japon moderne dont l'oeuvre soit passée à la postérité. Romancière à 18 ans , morte à 24 ans de la tuberculose, elle figure aujourd'hui sur les billets de 5000 yen de la banque du Japon, en tant que symbole de la création littéraire. La première femme écrivaine à avoir couché sur papier, la voix de la souffrance et du désespoir des femmes de l'ère Meiji, son oeuvre n'a pas pris une seule ride. Une magnifique lecture émouvante, de plus dans une belle édition avec une superbe couverture qui me l'a fait lire dés son arrivée.

"Dites-moi qu'est-ce qui vous rend le plus heureuse ?***
-Je vais vous le dire. Ce n'est pas de multiples couches de brocart, C'est la nature qui me rend heureuse....Il y a une vérité, une honnêteté dans la nature qui parfois me donne le sentiment de communion avec les fleurs silencieuses et la lune tranquille."

*Instrument de musique japonaise.
**Le pont de bois qu'on hésite à traverser, et qui symbolise le danger de l'amour.
***Question posée à l'écrivaine.
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