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André Geymond (Traducteur)
EAN : 9782877302654
114 pages
Editions Philippe Picquier (19/05/1998)
3.39/5   19 notes
Résumé :
Qui est le plus grand?, appelé à devenir un classique de la littérature japonaise, est une des oeuvres les plus attachantes de l'auteur (1872-1896), morte à vingt-quatre ans, qui traversa l'ère Meiji à la manière d'une étoile filante.

A la fin du XIXe siècle, dans le Yoshiwara, le quartier des plaisirs d'Edo, des enfants au seuil de l'âge adulte font l'apprentissage de la vie. Derniers instants d'attente, de plaisirs insouciants, d'amours enfantines, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Les Japonais sont capables de maquiller même la prostitution en une institution pleine de délicatesse, de finesse et même de la qualifier d'honorable 😊! Bien qu'ici elle ne soit pas au coeur de l'histoire, celle-ci se passe à la fin du XIX e siècle , dans le Yoshiwara, le quartier des plaisirs d'Edo, ancien nom de Tokyo. Nous y suivons des enfants au seuil de l'adolescence, au coeur d'un monde révolue qui font l'apprentissage de la vie. Parmi les nombreux personnages, le récit évolue autour de deux garçons et une fille Midori , fille de gardiens d'une maison de repos, dont la soeur est geisha et dont elle va probablement en suivre l'exemple. Un quartier où la femme objet de convoitise, au métier de courtisane nullement considéré méprisable et à la suprématie indéniable, le nom d'oiran ,courtisane de classe supérieure est une marque de respect. Alors que les hommes , enfants, basculent entre voyous et dociles , adultes, ils se débrouillent comme ils peuvent , comme le bonze qui occasionnellement ouvre boutique ambulante sur le terrain vague et fait vendre à sa femme , des épingles à cheveux à la criée.
Seulement 100 pages pour une lecture ardue, un texte dense, touffu, bourré de termes spécifiques japonais, qu'on peut consulter aux notes de la fin, aux nombres de 103 😊. de nombreux détails et personnages nous font vivre une vie de quartier d'une époque intéressante, agrémentés de fêtes multiples, d'images touchantes, dont celle d'un des deux jeunes garçons polissons qui casse la lanière de sa sandale devant la maison de Midori, en apparence son ennemie , alors que la pluie bat son plein , il est trempé; elle veut l'aider, lui se sent obligé de l'ignorer, …..c'est délicat , fin, émouvant et se conclue par une magnifique image «  la jolie étoffe de yûzen à tâches rouges imprégnées des sentiments de Midori resta abondonné et désormais inutile à l'extérieur du portail. »
J'avais déjà lu des nouvelles de Ichiyo Higuchi, qui m'avaient beaucoup émues. Une grande écrivaine qui me touche pour la seconde fois, malheureusement disparue très jeune elle n'a pas d'autres livres , du moins pas traduit à ma connaissance.

« Grâce à ton amour, sur la couche d'une brève rencontre …. »
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Higuchi Ichiyô, bien que peu connue en Occident, est considérée comme la première femme écrivain professionnelle au Japon. Elle publie en plusieurs parties Qui est le plus grand? entre janvier 1895 et janvier 1896. Elle meurt cette même année de la tuberculose.

Ce roman se déroule dans un espace très fameux du Tokyo d'alors : celui qui entoure le quartier des plaisirs de Yoshiwara ("la plaine des roseaux"). Dedans gravitent maisons de thé, courtisanes de haut rang ("oiran") ou simples prostituées, geishas et toute une foule de marchands ambulants, clients plus ou moins cousus, ... Presque un univers à part, tout comme le Gion de Kyoto.
Vivant à proximité de ce lieu hors normes, la jeunesse y est plus précocement délurée. Les principaux protagonistes du roman sont d'ailleurs des adolescents entre treize et seize ans. On sent un certain souffle du changement les frôler, les amenant pas à pas vers leur destinée. Midori, la jolie cadette d'une aînée qui s'est vendue comme courtisane, sait avoir à suivre le même chemin. Shinnyo, lui, est appelé à marcher dans les traces de son père en tant que bonze d'un temple bouddhiste (un bonze haut en couleur et à la tempérance toute relative, le paternel!). Shôtarô enfin a déjà commencé à seconder sa grand-mère dans le recouvrement des prêts sur gage de la boutique.
Le rythme des saisons induit les changements à venir, l'hiver annonçant la mort de la douce saison de l'enfance.

Bien que de formation littéraire extrêmement classique, Higuchi Ichiyo débride ici son pinceau en invoquant un Tokyo populaire et le quotidien des simples gens. Les commérages vont bon train, les jeunes garçons s'essaient à des poses viriles et chic, les fêtes du quartier déploient ses artistes de rue et gargotes temporaires. L'auteure signe ici une chronique vibrante de vie. Elle qui vécut dans un lieu plus cossu, a loué un temps avec sa mère une petite boutique dans un milieu populaire. Cette expérience donne toute sa véracité et son naturel au récit.

On sent d'ailleurs, même à ce niveau, les rivalités en matière de rang entre les habitants du Boulevard (la rue principale) et le Faubourg (les venelles et ruelles à l'arrière), le second socialement inférieur au premier.

Le récit m'a beaucoup intéressée. Les renvois aux multiples notes en fin d'ouvrage sont parfois un peu fastidieux mais très instructif quant aux éléments de la vie de tous les jours comme aux références littéraires ou musicales qui parcourent le roman.

En revanche, le texte ne m'a pas touchée, émotionnellement parlant. Sans doute cela tient-il à la prose particulière de l'ère Meiji à laquelle la lectrice occidentale du XXIème siècle que je suis n'est pas habituée. Pour autant, c'est un livre que je recommande à tout curieux de cette époque charnière du Japon, entre des restes de l'époque Edo et une marche en avant rapide vers le modernisme.
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Difficile de résumer ce livre; cela se passe à la fin du XIXem siècle dans un quartier japonais populaire, dans lequel les gens vivent de façon traditionnelle. Les personnages principaux sont des préadolescents, en particulier un garçon fils de bonze qui doit devenir bonze comme son père, et une fillette dont le destin est de devenir courtisane comme sa soeur.

J'ai une certaine difficulté à entrer dans ce livre, il est rempli de termes se rapportant au Japon traditionnel (vêtements, coiffures, nourriture....) et de références culturelles, en particulier littéraires. Or le Japon traditionnel m'est peu familier, il a y a certes de nombreuses notes, mais cela alourdit beaucoup la lecture. En plus il n'y a pas vraiment de récit, c'est une suite de saynètes. Et c'est au moment que les personnages sont posés, et qu'un semblant de récit démarre (une attirance entre les deux personnages principaux qui se concrétise par une fleur) que le livre s'arrête.

Une lecture un tant soit peu frustrante pour moi, peut être par ignorance de la culture japonaise traditionnelle.
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Sur la toile de fond d'un monde qui jette ses derniers feux, un quartier pauvre jouxtant le nord du quartier des plaisirs d'Edo, le Yoshiyara, en 1893, Higuchi Ichiyō nous raconte la fin de l'enfance de trois garçons et d'une fille, au cours d'une année fatidique au terme de laquelle ils vont devoir s'engager vers leur condition d'adulte.
Nous sommes dans un milieu misérable, loin des fastes du quartier des plaisirs qui assure pourtant indirectement la subsistance de tout le « petit peuple » dont l'auteur nous fait partager la vie quotidienne, toile de fond bigarrée devant laquelle se jouent les petits drames et les amours touchantes de la fin de l'enfance. Bien que les personnages foisonnent (cela nécessite de lire le livre d'une seule traite, ce qui est facilité par sa longueur, moins d'une centaine de pages), nous allons y rencontrer principalement quatre adolescents : Chôkichi, dit « le grand Chô », bagarreur, querelleur, fanfaron et volontiers m'as-tu-vu, cache sous ses dehors grossiers une grande gentillesse pour ses amis du faubourg, dont il est le « chef ». Une rivalité existe en effet entre les enfants du boulevard (où sont installés les familles les plus « riches ») et ceux du faubourg (où vivent les moins argentés des pauvres), mais nous ne sommes pas ici dans la guerre des boutons, et cette opposition est surtout prétexte à montrer les différents caractères des enfants pauvres d'Edo. Parmi eux, Shôtaro, fils du prêteur sur gage, ne fait pas, lui, mystère de sa gentillesse, alors que Shinnyo, prototype du bon élève et destiné à devenir bonze pour prendre la suite de son père, affecte un grand détachement après avoir subi, puis dépassé, les moqueries de ses camarades. Il est secrètement épris de la jeune Midori, la jeune fille de la bande, soeur d'une geisha de bonne renommée, O Maki, et destinée à prendre le même chemin que sa jolie grande soeur qui officie au Yoshiwara, où, très clairement, elle fait bien entendu commerce de ses charmes. Midori est le personnage principal du roman, attachante et fière, parfois aussi désemparée par le destin qui l'attend et auquel elle aimerait pouvoir, en ralentissant la course des jours, échapper le plus longtemps possible.

le roman de Higuchi Ichiyō est à l'origine une nouvelle, takekurabe (ce qui peut aussi se traduire par « grandir », ou bien « croissance ») parue par épisodes entre 1895 et 1896 dans la revue Mezamashi gusa. Il est écrit dans une langue simple et belle, qui laisse place à de nombreuses expressions typiques qui sont expliquées en fin d'ouvrage dans une douzaine de pages de notes (qui auraient été plus pratiques en bas de page). Certes, le niveau littéraire des expressions utilisées par des adolescents peut nous surprendre (agréablement), mais cet artifice est explicité par une fréquentation assidue des personnes travaillant au Yoshiwara, qui aurait eu pour conséquence d'améliorer leurs capacités d'expression…

L'autrice, Higuchi Ichiyō, d'un milieu très modeste, a vécu pendant plus d'un an, avec sa mère et sa soeur, dans le quartier qu'elle décrit, où elle a géré une petite épicerie. Elle nous livre donc une fiction qui est aussi un témoignage de première main sur cette époque. Elle n'a hélas pas eu le temps de profiter du succès de ses rares oeuvres, car la tuberculose l'a emportée à l'âge de vingt-quatre ans. Sa nouvelle a été adaptée par deux fois au cinéma.
Le livre lui-même (éditions Picquier, imprimé en France, 6 €) est écrit en caractères assez petits et serrés, et contient quelques illustrations de qualité hélas plus que moyenne, ce qui semble dû davantage à l'impression qu'à l'artiste, et dont certaines auraient pu être avantageusement omises. Un plan des lieux d'Edo dont il est fait état dans le texte est aussi fourni, tiré d'une étude japonaise de l'oeuvre, par Aoki Kazuo, mais il est hélas trop petit et trop mal imprimé pour être réellement utile. Par contre, et c'est rare, l'introduction de sept pages d'André Geymond, le traducteur, est à la fois suffisamment brève et intéressante, ce qui est rare. Il y donne des détails sur la vie de l'autrice, la structure de son oeuvre et les procédés littéraires qu'elle emploie.

Pour la traduction elle-même de ce grand classique de la littérature japonaise, André Geymond a été aidé par Pierre Faure, traducteur de « la Sumida » de Kafu Nagai, et quatre spécialistes japonais. le résultat est excellent, rendant parfaitement l'atmosphère particulière de l'époque et du lieu, quitte parfois à gêner le lecteur néophyte par de très nombreux termes japonais qui, fort heureusement, sont explicités dans les notes ou bien se comprennent en raison de leur contexte. 

On ne peut que conseiller la lecture de cette célèbre nouvelle aux allures de petit roman qui décrit une dernière année d'enfance et de relative insouciance dans un quartier qui bruisse, sans y participer pour autant, des fastes du Yoshiwara ; et qui donne la vedette à des enfants face à leur destin, ce qui n'est pas si courant dans la littérature japonaise.
Lien : https://litteraturedusoleill..
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J'ai beaucoup aimé un livre de cette autrice que je relierai. Je n'ai donc pas hésité à acheter celui-ci. Néanmoins, il n'a pas grand rapport avec le précédent. En effet, on est dans le Japon du 19ème siècle. L'autrice utilise beaucoup de choses typiquement japonaises. Si on ne connait pas les références ou les objets, la compréhension est difficile. Certes, à la fin du livre, un lexique nous aide mais ça coupe la lecture.

Si ce n'était que ça, ce ne serait pas gênant mais l'autrice exploite de nombreux personnages. le lecteur doit dont être très attentif passant de la liste de personnages à retenir qui s'enchainent rapidement au lexique afin de comprendre des éléments qui apportent à l'ambiance. Surprenant quand on sait que tous ses personnages vivent dans le même quartier.


Personnellement, ça ne m'a pas trop dérangé. En effet, avec tous ce que j'ai lu sur le Japon, je n'ai eu besoin que de la moitié du lexique( il y a énormément d'annotations dans la première partie.). Je me suis perdue concernant les personnages a un moment. Je n'ai pas su trop différencier deux personnages masculins.


On suit principalement quatre enfants dont une jeune fille de 13 ans. J'ai eu du mal à l'apprécier. En même temps, ils sont tous un peu complexe avec leur problèmes personnels. J'ai été très étonné par la fin. Elle nous laisse en suspens tout en sous-entendant que le destin de ces enfants est déjà tracé dès le début du livre. L'écriture est fluide mais pleine de sous-entendu. On n'est pas toujours très sûr de bien comprendre. Seule la fin nous permet de comprendre pleinement.


En bref, voilà un roman extrêmement court complexe que je ne conseillerai qu'aux personnes ayant déjà des bases solide sur le Japon ou une patience de compréhension bien ancrée.
Lien : https://lessortilegesdesmots..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Lorsque , vêtue d’un grand vêtement sans doublure aux motifs de papillons et d’oiseaux sur fond couleur de plaquemine, avec, serrée sur la taille, une ceinture chûya * - un côté satin noir, l’autre parsemé de points multicolores - et chaussées de pokkuri** peints, très hauts même pour le quartier, elle revient de son bain matinal la serviette à la main , en voyant sa silhouette à la nuque blanche , les jeunes gens qui rentrent du Yoshiwara*** disent : »On voudrait la voir d’ici trois ans ! ».
*bicolore, une partie claire, l’autre foncée.
**sandales en bois
***Quartier des plaisirs de Tokyo.
( Ça se passe fin XIX e siècle )
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L'amour qui se cache, comme il est éphémère.
Le prochain rendez-vous sera périlleux.
La poudre blanche est salie par les larmes.
Le saké pris sans plaisir dissimule la tristesse du visage.

"Le chemin de l'amour qui se cache", chanson d' Edo [ancien nom de Tokyo]
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Lorsqu'on tourné au coin de la rue,le saule des adieux matinaux près de la grande porte qui marque l'accès du Yoshiwara est encore très loin, mais le bruit qui sort des fenêtres des seconds étages dont les lumières se reflètent dans l'eau du canal aux Dents Noires se fait déjà tout proche.( Page 19).
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Son père qui, après lui, a cinq enfants à élever, gagne sa vie comme tireur de pousse. Il a beau avoir des clients attitrés dans la rue des cinquante maisons de thé, la roue de la fortune ne tourne pas aussi bien que les roues de sa voiture et il se trouve dans l'embarras.
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Video de Ichiyô Higuchi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ichiyô Higuchi
Cécile Sakai, Professeure des universités, nous invite avec ce nouveau cycle à entrer dans sa bibliothèque idéale grâce à quelques grandes figures de la littérature japonaise moderne. Aujourd'hui elle nous fait découvrir une pionnière des lettres de l'ère Meiji, Higuchi Ichiyô. Sa courte et difficile vie ne l'a pas empêchée de réaliser son ambition d'écrivaine. Sensible aux injustices, en particulier celles dont souffrent les femmes, elle dénonce dans ses récits les failles de la société japonaise de l'époque. Publiée alors qu'Ichiyô n'a que 23 ans, La treizième nuit (traduction de Claire Dodane, Professeure de langue et littérature japonaises à l’Université Lyon 3, Editions Les Belles Lettres, 2008) est une nouvelle représentative de cette sensibilité et constitue un sublime condensé de son immense talent d'écrivaine.
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