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Critique de Philios


« La malédiction de Manderley », de Suzan Hill : Il y a dans tous les romans de Susan Hill une « atmosphère ». Envoûtante. Qui nous emporte très loin de notre quotidien.
Susan Hill était l'auteure capable d'imaginer une suite à « Rebecca », dans son style British, élégant et classique. L'héroïne sans prénom, à laquelle on s'identifiera facilement, est engluée dans un passé obsédant dont elle peine à s'extirper. Nous la suivons, elle et son mari Max, à travers leurs pérégrinations, couple se souhaitant invisible afin que nul ne les reconnaisse et leur rappelle ce passé angoissant qui se résume en un mot : « Manderley ». Max, révèle la même peu empathique froideur que dans « Rebecca », et l'on reconnaît les autres protagonistes du roman de Daphné du Maurier, rendus crédibles grâce au talent de Suzan Hill. Daphné du Maurier aurait « reconnu » elle aussi les personnages par elle créés, signe du grand talent de l'auteure. le cadre où évolue le couple est une déclaration d'amour à la nature et à la campagne anglaise, avec, en son coeur, le symbole protecteur d'une demeure rêvée. Des nombreux séjours obligés à l'étranger du couple, on ne retient rien de marquant, hormis (un peu) Venise (ville qui est présente dans d'autres romans de Daphné du Maurier et de Susan Hill et qui exerce chez elles un fort pouvoir de fascination). C'est Istanbul qui est la plus décrite et dont l'héroïne retient un souvenir marquant et émerveillé : elle y apprend, sur un bateau, une nouvelle revigorante et est envoûtée par le spectacle du panorama qui se révèle à elle lorsque le bateau s'approche de la ville et qu'elle aperçoit la découpe des coupoles sur fond de soleil couchant, jusqu'au crépuscule, magique lui-aussi. Une impression que partageront tous ceux qui ont vécus les mêmes instants dans cette ville.
Après une première partie un peu longue, avec sans doute un peu trop de descriptions de la nature, si belle soit-elle, on s'enfonce peu à peu dans cette histoire, dont le rythme devient alors plus soutenu, avec quelques crescendos brutaux : l'irruption du mal, toujours soudaine, au coeur d'une paix mal assurée.
J'ai terminé ce roman en pleine nuit, sans pouvoir arrêter ma lecture, jusqu'à la fin, laquelle m'a un peu dérouté. Les romans de Susan Hill laissent un « après » entêtant. Que vaut la détermination de « maîtriser son destin » face à la fatalité ? Comment vivre heureux avec un sentiment de culpabilité permanent, que l'amour ne peut faire disparaître ? Une suite à cette suite est toujours envisageable. D'accord, mais par Susan Hill !
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