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Isaac Goodhart (Illustrateur)
EAN : 9781534302167
128 pages
Image Comics (04/07/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
FBI Agent Chris Bremble comes face to face with Isaac Shiffron, the sociopath who gave birth to Eden, and to find the truth of the past, Bremble will have to endure Isaac's madness. Laura puts Mark in charge of Eden to see if her son has the ability to lead a town full of criminals who don't trust or believe in him. His mother, Maggie, and Molly all have a vision for what Mark should be...but which path will he choose?
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Postal Volume 4 (épisodes 13 à 16) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 17 à 20, initialement parus en 2017, écrits par Bryan Hill, dessinés et encrés par Isaac Goodheart, mis en couleurs par K. Michael Russell, avec la supervision éditoriale de Matt Hawkins. Ce tome comprend également les 21 premières pages de la série Golgotha, coécrite par Matt Hawkins & Bryan Hill, dessinée par Yuki Saeki.

Il y a 3 mois, Hoss amenait l'agent Christopher Bremble devant un bâtiment sensé abriter une personne capable de le mener à Isaac Shiffron. Hoss avait faussé compagnie à l'agent du FBI. Ce dernier avait pénétré dans le bâtiment et s'était retrouvé face à un comité d'accueil hostile, en particulier Eva une femme qui lui avait tiré dessus. Au temps présent, Mark Shiffron rend une nouvelle visite à Molly Schultz, toujours emprisonnée dans une cage, dans un souterrain. Il pose de nombreuses questions à Molly qui lui fait apparaître que sa mère Laura Shiffron (maire d'Eden, une ville clandestine dans le Wyoming) le maintient dans un état de soumission pour éviter qu'il n'aille découvrir le vaste monde par lui-même.

Pendant ce temps-là, Laura Shiffron explique au shérif Magnum quelles sont ses intentions. Elle les met à exécution en convoquant son fils et en lui annonçant qu'elle le nomme maire de la ville à titre provisoire. Chris Bremble se réveille enchaîné dans une salle en sous-sol, avec Eva devant lui. Elle lui tient un discours sur la justice, sur l'abomination qu'est Eden, et l'interroge sur ses motivations profondes. Bremble se rend compte qu'elle connaît bien son passé. À Eden, Mark Shiffron doit gérer sa première affaire. Un des habitants a assassiné un individu qui a violé sa femme. La loi d'Eden stipule que chaque assassin est châtié par la peine de mort.

Dans le tome précédent, le lecteur avait découvert que Laura Shiffron avait besoin d'un peu de repos, de prendre de la distance vis-à-vis de ses responsabilités de maire. Il avait regardé d'un oeil distrait l'arrivée d'un nouvel agent du FBI souhaitant mettre son nez dans les affaires d'Eden, en commençant par la localiser. Il retrouve ces 2 principaux fils narratifs dans ce tome, Mark Shiffron restant le personnage qui dispose du plus de temps sur le devant de la scène. Au début de la série, Matt Hawkins et Bryan Hill ont accroché le lecteur avec la personnalité très particulière du personnage principal (souffrant du syndrome d'Asperger, trouble du spectre autistique), et avec cette ville invisible sur Google, non répertoriée et servant de purgatoire pour des criminels encombrants. Dans ce tome le lecteur constate que Bryan Hill conserve le cap de sa série. Il a donc le plaisir de retrouver Mark Shiffron, à la fois fragile et manipulateur, et surtout imprévisible. Il se demande comment il va bien pouvoir assumer les responsabilités de gérer la ville d'Eden, s'il va pouvoir résister au charme de Molly Schultz, redoutable sociopathe. Bryan Hill tient ses promesses et Mark Shiffron se retrouve bien à devoir appliquer les lois qui régissent la population d'Eden. le premier cas est épineux, nécessitant l'application de la peine capitale, sans prendre en compte les circonstances qui ont amené un citoyen dont l'épouse a été violée, à tuer le violeur. Dès ce premier cas, Mark Shiffron fait preuve d'indépendance, en appliquant la loi à sa manière, contre l'avis de sa mère. Il sera amené à le refaire durant ce tome.

En montrant Mark Shiffron prendre des décisions, le scénariste rappelle que ce personnage raisonne d'une manière un peu particulière. Il s'amuse à lui faire dire qu'il a appris en regardant faire sa mère Laura. En filigrane, le lecteur peut observer plusieurs situations dans lesquelles Mark Shiffron n'arrive pas à identifier l'émotion de son interlocuteur et à adapter son comportement en conséquence, suivant les normes sociales communément partagées. Il peut également déduire de son comportement une forme d'intellectualisation des émotions, comme s'il se regardait agir et en déduisait des lois comportementales, comme s'il percevait les intentions et les mécanismes derrière chaque émotion. Bryan Hill ne surjoue pas cette dimension, et il l'intègre avec naturel au comportement de Mark Shiffron. le lecteur voit que ce dernier est à la recherche d'une compréhension, avec la conviction d'avoir atteint un bon niveau, ce qui lui donne une assurance impressionnante face à un groupe de citoyens armés et cagoulés. En outre l'auteur joue avec le fait que le lecteur ne sait pas combien de temps la série va durer : aussi il peut réellement craindre qu'un ou plusieurs personnages avalent leur extrait de naissance au cours d'une confrontation, et ce de manière permanente. Et d'ailleurs…

L'intrigue poursuit aussi le fil narratif relatif à l'existence et à la survie d'Eden. La menace la plus pressante est celle représentée par l'agent Chris Bremble et sa quête d'Eden. le scénariste donne au lecteur quelque chose qu'il n'attendait plus : une apparition d'Isaac Shiffron. Il s'agit de l'individu qui est censé avoir fondé la ville d'Eden, l'ex-mari de Laura Shiffron et le père de Mark. Alors que ce dernier franchit quelques étapes vers une forme de d'autonomie vis-à-vis de sa mère, Bremble se retrouve réduit à l'impuissance, puis amené devant quelqu'un qui souhaite l'endoctriner, donc diminuer son autonomie. le scénariste fait monter la tension en montrant qu'Isaac Shiffron reste bel et bien dans les parages et qu'il n'a pas oublié sa ville. Il est dépeint comme un individu avec un fort charisme, ce dont se rappelait le lecteur avec les souvenirs de Laura Shiffron. L'intelligence de Bryan Hill est de faire progresser l'agent Tremble sur le chemin de la découverte d'Eden, tout en modifiant son mode opératoire en cours de route, par l'intervention d'autres personnages. le danger grandit pour Eden, tout en prenant une autre forme. de même le danger grandit aussi de l'intérieur avec l'obligation pour Laura Shiffron de passer la main à son fils, sans savoir s'il sera capable d'assumer une telle responsabilité, mais sans non plus savoir quel accueil lui réserveront les habitants très particuliers d'Eden. Enfin, en arrière-plan, Molly Schultz continue d'intriguer depuis sa cellule avec une motivation exclusivement égocentrique, et une capacité de nuisance à la hauteur de sa capacité de manipulation. le lecteur se rend compte qu'une fois encore se tome le laisse pendu aux lèvres de chaque personnage, tournant les pages rapidement, sachant que la catastrophe se rapproche et peut être déclenchée par n'importe quelle situation.

Après 4 tomes, le lecteur s'est habitué aux particularités des dessins d'Isaac Goodheart : des contours de forme un peu anguleux, des décors pas toujours très consistants, et des visages aux expressions un peu grossières. Dès le premier épisode de ce tome, il se rend compte que l'artiste a beaucoup progressé par rapport au début de la série. Les traits de contour sont devenus jointifs et un peu arrondis par endroit donnant une apparence beaucoup plus agréable à l'oeil. le dessinateur représente les décors avec une régularité plus grande que dans un comics moyen de superhéros. le lecteur peut ainsi apprécier la situation totalement à l'écart du bâtiment dans lequel l'a conduit Hoss, les meubles de jardin à l'arrière de la maison des Shiffron, le bureau de la maire où Mark s'est installé, la pièce dans laquelle Chris Bremble est enchaîné, l'intérieur de la maison de Laura Shiffron, etc. Il constate également que le niveau de détail a augmenté aboutissant à des dessins descriptifs plus consistants.

Il survient énormément d'événements dans ces 4 épisodes, et les capacités du dessinateur sont sollicitées pour des scènes très variées. le scénario comprend plusieurs face à face entre Chris Bremble réduit à l'impuissance et Eva sa geôlière. Isaac Goodheart compose des plans de prise de vue qui introduisent de la variété visuelle, ne se limitant pas aux têtes en train de parler dans chaque case. Certaines expressions de visage restent encore un peu génériques, mais d'autres ont gagné en nuances et permettent de se faire une meilleure idée de l'état d'esprit du personnage. C'est criant lorsque Mark va trouver Molly dans sa cellule dans le premier épisode, souligné encore par un effet d'ombres accentuées, ressortant sur l'orange choisi par le metteur en couleurs pour un effet impressionniste saisissant. La mise en scène de Goodheart gagne encore en intensité émotionnelle et en intelligence, lorsque Mark Shiffron sort de la maison de sa mère pour confronter un groupe d'individus cagoulés qui viennent de jeter une pierre au travers de la fenêtre de la cuisine. le lecteur voit le calme de Mark au travers de son langage corporel, convaincu du caractère irréfutable de ses arguments, ainsi que l'indécision grandissante des agresseurs également lisible dans leurs postures. En fin du dernier épisode, il se dit qu'il n'y a que la scène de Big (l'amérindien) en train de pêcher de nuit qui donne l'impression d'être artificielle. de fait cette scène était assez difficile à rendre crédible.

Dans ce cinquième tome, le lecteur retrouve tout ce qu'il a apprécié dans les précédents. Bryan Hill se montre toujours aussi adroit pour tricoter un scénario mettant ses personnages sur le grill, sans que le lecteur ne puisse déterminer à l'avance dans quel sens le vent va tourner. Isaac Goodheart a progressé de manière significative et visible dans la qualité de ses dessins, et le lecteur voit que la narration visuelle y gagne en nuances et en intensité. de la même manière, le scénariste se montre plus sophistiqué pour mettre en scène le caractère de Mark Shiffron, avec les manifestations de ses troubles mentaux. En observant sa mère et son père agir, le lecteur se dit qu'il a de qui tenir.
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