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Vil « Coyote attend » bip, bip…

Un peu d'imagination voyons ! Assimilons le «pin-pon» de la police au «bip-bip» du géocoucou (1) et embarquez vers les Etats-Unis dans les paysages du cartoon des studios Warner Bros.

Le policier Nez sillonne les routes d'Arizona à toute allure («Vroooomm bip-bip») pendant qu'un coyote en haut de sa montagne est en train de peindre en blanc la crête pour des raisons que l'on ignore encore. Est-ce un guet-apens ou le coyote a-t-il réellement une âme d'artiste ?

Toujours est-il que le coyote à l'affut, attend le bip-bip et va lui faire la peau, voire même le faire cuire. Eh oui, nous sommes dans un roman policier noir et la fin idyllique des dessins animés n'a pas sa place.

Pour être plus sérieux (2), l'auteur du roman « coyote attend », Tony Hillerman, nous plonge au coeur de la réserve des indiens Navajos dans la région de l'Arizona aux Etats-Unis.

Connaissez-vous ces indiens navajos, de la famille lointaine des Apaches. La langue des Navajos est si particulière qu'elle fut utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale: les services secrets américains employèrent des auxiliaires Navajos qui traduisirent dans leur langue les messages les plus confidentiels avant qu'ils ne soient cryptés. Si ce sujet vous intéresse, je vous conseille vivement le fabuleux livre de Simon Singh « L'histoire des codes secrets » relatant notamment ces faits historiques. Une de mes meilleures lectures mêlant histoire et sciences…

Pour revenir à notre roman d'Hillerman, le statut de réserve du territoire où la plupart vivent rend le maintien de l'ordre particulier : contrairement au système américain des comtés élisant des shérifs, sur toute la réserve, c'est la Police Tribale Navajo qui est chargée des infractions et délits, tandis que les crimes sont du ressort du gouvernement fédéral, via le FBI. Petite précision qui permet de mieux comprendre l'histoire et l'imbrication entre police et FBI que je n'avais pas bien comprise avant de débuter la lecture de cet ouvrage.

Le récit commence dès les premières pages par la découverte d'un policier navajo, Delbert Nez, tué à coup de pistolet et retrouvé brulé dans sa voiture au grand dam de son coéquipier Jim Chee. Dans un dernier message radio avant le drame, Jim Chee a entendu que Delbert Nez poursuivait le peintre fou qui s'amusait à blanchir une crête non loin des monts Chuskas.

A cinq kilomètres du meurtre, Chee va arrêter le présumé coupable, Ashie Pinto, "un homme-qui-lit-dans-le-cristal », une sorte de voyant, titubant au whisky et tenant l'arme du crime encore fumant dans sa main.

L'enquête bâclée étant par le FBI, le lieutenant Joe Leaphorn avec l'aide d'une universitaire Louisa Bourebonette intéressée par le savoir du vieil indien, vont enquêter de leur coté sur les nombreuses zones d'ombres de ce meurtre. D'un autre côté, Jim Chee et l'avocate de Pinto Janet Pete, jouent au Sherlock Holmes également pour trouver des preuves qui pourraient disculper Pinto.

Nous allons donc suivre une enquête en parallèle ,de ville en ville, de mont en mont (ne pas hésiter à utiliser régulièrement la carte détaillée page 11 pour se repérer) pour connaître le fin mot de cette histoire mettant en scène deux flics qui ne s'apprécient guère a priori.

J'avoue que j'ai mis un certain temps à me faire au vocabulaire très imagé et spécifique des indiens Navajo (un glossaire est fourni en fin de roman). En effet, l'ouvrage est très instructif et savamment détaillé sur tous les us et coutumes des Navajos. Entant mon premier roman de cet auteur, j'ai submergé de termes dans tous les domaines nécessitant certains retours en arrière pour assimiler l'histoire.

Finalement, j'ai trouvé l'intrigue beaucoup plus subtile qu'il n'y parait et très bien construite jusqu'à la fin. Je considère ce livre d'Hillerman comme du très bel ouvrage, documenté et cohérent. Néanmoins, il m'a manqué dans ce roman la flamme que j'ai rencontrée dernièrement avec Cook ou Behm (je ne parle même pas du lance-flamme avec « Crime » de Levin).

Contrairement à mon habitude, je vais conclure ma critique sous forme de questions. Pour les connaisseurs, vous a-t-il fallu découvrir plusieurs romans pour savourer à sa juste valeur son univers? Quel est le roman d'Hillerman à lire absolument ?

Si vous pouvez m'éclairer sur le sujet, je vous serai reconnaissant afin de parfaire ma culture US du sud.

(1) Bip-Bip est un drôle d'oiseau bleu, en réalité un grand géocoucou, qui sillonne les routes du désert au sud des États-Unis. Un coyote, inventant des stratagèmes loufoques, cherche à l'attraper malgré la grande rapidité de Bip-Bip.

(2) La vraie signification du coyote dans la culture Navajo n'est pas si éloignée que ça de mon histoire du début. On parle du "Coyote" comme d'une métaphore du chaos chez un peuple affamé condamné à périr si aucun ordre ne règne. En d'autres termes, il fait allusion à l'ennemi de toute loi, de toute règle et de l'harmonie si chère aux Navajos.
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L'un des meilleurs Hillerman devenu un classique .
Pourtant ici il ne se passe pas grand chose , le rythme est lent , et malgré cela ce roman est un bijou.
Oui c'est un faux polar , comme pratiquement tout les livres de Hillerman.
Il préfére l'intrigue psychologique , le rappel des coutumes indiennes qui disparaissent , ect.
On peut ne pas adhérer au style de ce roman , mais force est de constater qu'il s'agit d'un opus majeur qui met la concurence trés loin.
Il y a une intelligence dans l'écriture d'Hillerman que l'on ne trouve pas ailleurs .
Sa voix est singuliére et brillante .
Et ce livre est magnifique .
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Je ne sais pas si ce que j'ai le plus apprécié dans "Coyote attend" est le récit des actes d'un vandale puis du meurtre d'un policier navajo ou la somme des informations ethnologiques sur le peuple navajo qu'Hillerman sait si bien nous présenter. Nous pourrions trouver laborieuse et longue la description des détails culturels sur les peuples des Premières Nations, Hopi, Navajos, Apaches et autres. Toutefois, encore ici avec ce roman, on comprend mieux l'importance de la tradition orale chez ces peuples, le silence, le sacré des montagnes, les légendes et leur sagesse. L'écriture d'Hillerman pourrait être didactique pour nous parler de la complexité métaphysique du peuple navajo mais, sous cette plume, rien ne nous rebute. En fait, je suis sortie de cette lecture avec l'impression d'avoir appris, d'avoir grandi, d'avoir évolué.
On retrouve encore une fois, dans cet opus, Jim Chee qui se cherche toujours, qui vit entre deux mondes et Joe Leaphorn qui semble avoir réussi la synthèse entre les deux mondes, celui des Blancs et le sien.
Et qu'est-ce que ce Coyote? P. 188 "Il parla de Coyote comme de la métaphore du chaos chez un peuple affamé condamné à périr si aucun ordre ne régnait. Il parla de Coyote comme de l'ennemi de toute loi, de toute règle et de l'harmonie."
Et Hillerman a su si bien nous en parler.
Bref, un récit généreux, plutôt bien écrit, une histoire passionnante, une lecture à recommander.
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Il ne faut pas se fier au calme apparent. Oui, au début de ce livre, tout allait bien pour Jim Chee, et pour presque tout le monde. Il pouvait même prendre le temps de savourer son café puisque Nez, l'autre agent en service, assouvissait tranquillement son obsession au sujet de cette personne qui s'amusait à peindre des montagnes. Où va-t-on, je vous le demande un peu, si quelqu'un repeint les sommets en blanc ? Jim Chee, parti le rejoindre, voit une forte lumière : il est déjà trop tard, Nez est mort, une balle et la fumée de l'incendie ayant eu raison de lui. Alors oui, Jim Chee a immédiatement arrêté le vieil indien qui avait commis ce crime – il avait encore l'arme à la main – et le vieil homme a reconnu son crime. Affaire classée, tout le monde est satisfait. Pas Jim.
L'enquête est close . Pas grave, il n'en fait qu'à sa tête, comme il le fait toujours. Ce qu'il ne sait pas, c'est que Joe Leaphorn, de son côté, enquête aussi, à la demande d'une membre de sa famille et d'une universitaire, qui a bénéficié des conseils et des récits d'Ashie Pinto, le meurtrier pas du tout présumé – personne ne met en doute sa culpabilité puisqu'il a avoué, et tant pis s'il n'a pas de mobile. En souvenir de sa femme, et en vertu des liens familiaux complexes qui unissent les navajos, Leaphorn va creuser, un peu, et son chemin croisera celui de l'incontrôlé Jim Chee.
Narré ainsi, l'intrigue semble presque simple. Bien entendu, le récit va beaucoup plus loin que cela. En premier, il est question de la culture navajo, et de la manière dont elle peut être transmise. Si Jim maîtrise la langue, peut ainsi se rendre compte des troncatures et des approximations, ce n'est pas le cas de l'avocate Janet Lee. Navajo de naissance et de sang, elle n'en a pas la culture. Son retour est d'ailleurs l'occasion de mettre les choses au point entre elle et Jim, à grand coups de : « Et ton petit ami, où est-il ? – Et le chat qui vivait à côté de la caravane, où est-il passé ? »Toujours agréable de lire un auteur qui n'oublie pas ce qu'il a écrit.
Culture navajo et mythe : coyote n'est pas un personnage sympathique. Coyote, c'est le chaos, et la tentation du chaos, ce sont aussi les porteurs de peau, bien loin du hozho, cette harmonie que tout navajo se doit d'atteindre.
Cette culture est étudiée par les blancs, avec plus ou moins de respect, nous offrant ainsi une plongée dans le milieu universitaire, dans lequel les professeurs se reposent parfois sur le travail des petites mains.
Le passé rattrape toujours les protagonistes – ou bien ils croient qu'il les a rattrapés, qu'il s'agisse de la guerre du Vietnam ou d'événements plus mythiques, comme les exploits de Butch Cassidy. Et, pour terminer cette chronique, je parlerai du discours d'Ashie Pinto contre l'alcool. Il ne s'agit pas d'être moralisateur, mais de montrer, comme d'autres auteurs l'ont fait avant lui (Sherman Alexie) et le feront après (Craig Johnson) : les conséquences de l'alcoolisation sur les populations indiennes. Ashie Pinto parle en connaissance de cause. Il serait bon qu'il soit écouté.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Me revoilà en pays Navajo à suivre les traces de mes deux flics préférés, Jim Chee et Joe Leaphorn. L'un se sent coupable de n'avoir pu aider un collègue abattu par un ivrogne et l'autre se remet difficilement de la mort de son épouse, emportée par la maladie.

Mais ni Chee ni Leaphorn n'ont l'occasion de s'appesantir sur leur problèmes, l'enquête en cours les accapare complètement. Pourtant, tout semblait simple et facile : un flic abattu par un vieil homme ivre qui se borne à répéter qu'il a honte. le présumé coupable ne se défend pas. Mais voilà, une ex-jolie collègue de Chee, devenue avocate et une prof d'université, proche du vieil homme, ne l'entendent pas de cette oreille, obligeant nos deux héros à revoir leur copie.

Comme toujours avec Hillerman, le lecteur se retrouve plongé dans la vie quotidienne de ces irréductibles qui persistent à vivre sur ces terres en apparence désolée, mais pleine de magie et de spiritualité.

Sans compter que l'auteur égratigne férocement le milieu universitaire et ses anthropologues, chercheurs et spécialistes chargés de récolter les mythes et légendes amérindiens. A l'en croire, il ne fait bon les fréquenter, ces personnages qui ne songent qu'à écrire l'article du siècle ou le super bouquin qui assoira leur notoriété, au détriment de leurs « sources », ces Navajos dont la mémoire est encore intacte.

C'est ainsi, qu'au fil des pistes poussiéreuses et cabossées, dans la chaleur implacable du désert et l'odeur du genévrier, on découvrira que Coyote vit en chacun de nous, que peindre en blanc un relief basaltique n'est pas que du vandalisme et que les fantômes de Butch Cassidy et le Kid n'ont pas fini de hanter le pays navajo. Un polar où poésie et nature se mêlent harmonieusement à une enquête moins simple qu'elle n'y parait. Un roman qui m'a bien plu, cela va sans dire.
Lien : https://labibliothequedefolf..
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Depuis près de 30 ans tous mes super utilisateurs s'appelle coyote, c'est dire ma rencontre enthousiaste avec ce bouquin. L'analyse de cette fascination est complexe. En premier, Hillerman est un excellent conteur et ses intrigues s'entremêlent en plusieurs couches : enquêtes, amours et cours d'ethnologie. En second le montage, habile et astucieux, qui garde le lecteur curieux, mais serein. Troisième point, les personnages sont humains, très humains, obstinés, faillibles, intelligents et lucides sur les autres et sur eux-mêmes. Hillerman s'amuse à nous narrer un vieux policier moderne et un jeune traditionaliste. L'inversion cocasse fonctionne. Enfin, c'est le choc des civilisations. Une qui veut garder ses racines et son accord avec le monde et le temps, l'autre qui adore le veau d'or. Pognon, efficience, rentabilité contre poésie, beauté et philosophie. Et on voit bien dans quel camp se range Hillerman.
Français des bordures, issu d'une double culture, le génocide indien par les WASP m'a toujours ému. Sétif fait tristement écho à Wounded Knee.
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J'aime beaucoup les enquêtes indiennes de Tony Hillerman, Coyote attend ne fait pas exception, c'est un très bon polar Navajo. le scénario est astucieux et bien ficelé, j'aime la manière dont l'enquête est menée par différentes personnes (avec des motivations très variées) laissant au lecteur la primeur du lien qui va s'établir entre les différents points de vue tout en réservant un certain nombre de surprises. Et bien sûr, j'aime surtout l'ambiance particulière qui se dégage de ces pages : l'univers de la réserve indienne, ses traditions et ses rites tribaux toujours bien vivants... Oh et puis - est-il nécessaire de le préciser ? - quel décor grandiose ! On respire un grand coup et on plonge au fin fond de l'Ouest américain avec ses vieilles légendes. Ici par exemple nous découvrons le mystère entourant la mort de Butch Cassidy sous un angle bien particulier, une mort finalement assez minable loin de l'héroïsme d'Hollywood. Hillerman a une manière bien à lui de créer un contraste entre les deux mondes, celui des Blancs et celui du Dineh.
Bref, un bon livre, vraiment ! « Coyote est toujours là, dehors, à attendre, et Coyote a toujours faim. »
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Depuis quelques temps, Delbert Nez, le policier Navajo, traque un vandale qui a la drôle d'idée de peindre en blanc les hauteurs d'un relief volcanique noir.
Un soir où il est en patrouille avec son collègue Jim Chee , ils ont convenu de se rejoindre pour prendre un café. Entre les coupures de liaison radio dues au relief, Chee entend Nez rire en disant qu'il a trouvé son vandale. Il ne se précipite donc pas pour l'aider à procéder à l'arrestation et le retrouve mort, blessé d'une balle de revolver dans sa voiture en feu.
Un peu plus loin, sur la route déserte, chemine un vieillard ivre, une bouteille de whisky à la main et l'arme qui a servi au meurtre dans sa ceinture
Pendant que Chee l'arrête il lui dit "J'ai honte, mon fils".
C'est tout ce qu'il acceptera de dire pendant l'enquête (rapide) du FBI.
Chee qui se sent responsable de la mort de son collègue veut être sûr d'avoir au moins arrêté le bon coupable. Joe Leaphorn est sollicité par la famille du meurtrier qui ne veut pas croire à sa culpabilité.
Chacun de son côté ils essaient de répondre aux multiples questions restées sans réponse. Ils se retrouveront sur la piste de Butch Cassidy et de son dernier hold up (?)
Eh bien sûr, comme toujours, des paysages somptueux, des phénomènes météo hors normes (pour nous, gens des pays tempérés)...
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Cette aventure de nos amis Jim et Joe, le jeune et le vieux, prend sa source dans la mort d'un policier navajo. L'enquête va mêler, comme d'habitude, investigations de terrain, sorcellerie, chants, danse, relations familiales, la solidarité qui va avec, etc.

C'est toujours une balade dépaysante, pas loin de Monument Valley et du Grand Canyon.

Un grand plaisir.
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Ma première incursion chez Hillerman. Lu sur une plage entre deux sessions de planche à voile, ce faux policier où il se passe si peu de chose n'avait quasi rien pour lui.
Et pourtant, je n'ai pas pu en sortir. La musique d'Hillerman, à la fois si douce et si puissante, sa façon de raconter l'homme plus que les faits, et parfois l'homme à travers les faits, son exotisme à petites touches qui fait exister toute une vision du monde, toute une culture, sans l'asséner... tout cela m'a séduit.
Depuis, j'ai presque tout lu de lui. Il y en a peut-être de meilleurs que Coyotte attend (comme La voie de l'ennemi) et de moins bon, mais je garde une tendresse particulière pour ce premier rendez-vous avec un tout grand.
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