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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel témoignage!
Quelle capacité d'évocation!
J'ai vraiment eu l'impression de vivre cet épisode tragique de la destruction de Berlin en avril-mai 1945.
Les habitants terrés dans les caves lors des bombardements américains; le jusqu'au-boutisme autodestructeur des nazis; la mesquinerie de ceux qui tremblent pour leur vie; la faim; la progression de l'artillerie soviétique, l'arrivée des russes, les viols systématiques, le travail forcé.
Quel courage il a fallu pour écrire tout cela, dans des conditions parfois terribles, sans compter que le contenu même pouvait conduire à la mort.
Mais l'auteure est journaliste. Longtemps restée anonyme, elle fut identifiée deux ans après sa mort, en 2003.
Elle fait son travail tout en exorcisant le malheur. On y trouve peu de réflexions, surtout des faits, mais d'un oeil subjectif. Assez peu de jugements, pas mal d'indulgence, surtout pour les femmes. Pas de vision marquée politiquement. le récit est d'autant plus fort.

Pendant longtemps, nous avons occulté la souffrance des vaincus. Comme ils étaient coupables, leur souffrance ne comptait pas, l'évoquer était suspect de complaisance. Mais on peut se demander s'il est légitime de justifier cette souffrance, si nous ne devons pas simplement considérer qu'un humain souffrant équivaut à un autre humain souffrant, quel qu'il soit (ce qui n'exclut bien sûr pas de juger les criminels, souffrant ou non). Au nom du bon droit et de la liberté, était-il licite d'infliger des souffrances aussi terribles? Faute de réfléchir à cette question, combien d'exactions n'ont-elles pas été perpétrées par ceux qui sont convaincus d'être du bon côté.

C'est l'apport essentiel de ce témoignage, selon moi. Il expose presque cliniquement le vécu d'hommes et de femmes ayant vécu une catastrophe totale et nous oblige à nous défaire de nos préjugés trop commodes.
J'ai lu certaines critiques de presse parlant de récit distancié, froid. Ce n'est pas du tout mon impression. Nous suivons une femme bien vivante au contraire. Elle n'a heureusement pas assaisonné son récit d'un pathos qui n'aurait pu être que de mauvais goût.

En lisant le texte, et avant de savoir que l'auteure avait été identifiée, je m'imaginais qu'elle avait pu mener une grande carrière dans le journalisme ou les lettres, ou en politique, tant je trouvais qu'elle alliait le talent et le courage. Mais il n'en a rien été. Les traumatismes qu'elle a eu à subir ont-ils pesé sur sa vie? L'ont-ils empêchée d'accomplir ce dont elle était capable? Nous ne le saurons sans doute jamais. Mais ce pas impossible.
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Transition brutale entre deux époques. Un monde, l'Allemagne nazie s'effondre et un nouveau, l'URSS prend la place en reconstruisant une Allemagne communiste. Berlin n'est plus que ruines et les habitants qui sont restés survivent comme ils peuvent. C'est dans cet intervalle que se situe l'action de ce journal. Comme à chaque fois, des exactions sont commises sur la population par les vainqueurs. La faim, les viols, la mort… Martha Hillers, puisque c'est elle l'auteure, nous raconte sa survie et celle de ses voisins. Est-il nécessaire de s'appesantir sur les ignominies qu'elle traverse ou dont elle est témoin ? Je pense que c'est ce qui se passe lors de toutes les guerres. Les vaincus sont les proies des vainqueurs. Encore plus lorsque l'on est une femme. Elle ne compte plus les viols en échange d'un bout de lard et d'une pitoyable protection. Elle stigmatise les individus qui pense d'abord à sauver leur peau, avant de se préoccuper des voisins. Chacun pour soi. Peu à peu, lorsque les bombardements s'espacent et finissent par s'arrêter complètement et que l'armée rouge prend le pouvoir, la vie se réorganise lentement. Elle commence alors à penser à retravailler, les transports se remettent à fonctionner tant bien que mal, les approvisionnements et les stocks se reconstituent. La vie reprend timidement. C'est ce qui nous est conté dans ce journal intime, au plus près du réel. Interrogation sur l'humain, sur le sens de la vie. Que signifie véritablement exister pour un être humain ?
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Voici un récit terriblement réaliste de ce que fut la situation des survivants de Berlin dans les derniers jours de la guerre, juste avant et après la capitulation.

Le journal d'une jeune femme cultivée, prise au piège des pilonnages russes incessants, écrivant au jour le jour et comme elle peut sur divers supports ce qui lui arrive, à elle comme à la petite communauté qui tente de s'accrocher à la vie entre le 20 avril et le 22 juin 1945.

Bien entendu, j'ai déjà lu bien des ouvrages de fiction (les romans d'Harald Gilbers et Cay Rademacher entre autres) qui ont pour cadre les grandes villes allemandes sous l'apocalypse. Mais pas dans le détail ce qui arrivait aux femmes sous la férule de l‘Armée Rouge. C'est glaçant, objectif, presque détaché. On finit par comprendre que l'écriture de ces exactions constitue pour la narratrice une sorte de catharsis, une auto-psychothérapie. Un moyen de ne pas sombrer dans la folie, ou de se suicider, comme nombre de familles en ce temps d'écroulement de toutes les certitudes.

Publié pour la première fois en 1954 en anglais et sous forme anonyme, l'héroïne n'accepta que son témoignage ne fut réédité sous son nom qu'après sa mort. Ce livre fut un bestseller en 2003. Nous connaissons depuis son identité : Martha Hiller (1911 – 2001), journaliste polyglotte qui a étudié à la Sorbonne et parle russe, a voyagé dans le monde entier … mais nous ne savons rien de ses engagements politiques avant la défaite allemande et elle ne fait aucune allusion à la Shoah …

C'est une chronique de la survie quotidienne, dans le dénuement le plus total, avec la faim omniprésente, la terreur des bombardements soviétiques permanents, le travail de déblaiement à mains nues des décombres, la ville dénuée de tout : eau, énergie, immeubles éventrés, l'absence de toute information.

Mais le pire est à venir avec l'invasion des « Ivan », la soldatesque soviétique qui s'enivre, pille, fracasse, se venge de l'invasion allemande et surtout viole les femmes.

Jeunes ou vieilles, belles ou moches, toutes ou presque y passent, plusieurs fois. La description de ces assauts est affreuse. Et cependant, l'héroïne y survit et même se débrouille pour se trouver un officier russe qui la protège et apporte de quoi manger. On comprend que ces viols répétés constituent pour les milliers de victimes une expérience collective, tellement redoutée d'avance et qui, d'une certaine façon, finit par faire partie d'un contexte.

Ce qui n'empêche pas certaines femmes – apparemment pas la narratrice – d'en demeurer brisées à jamais et d'en garder des séquelles à vie.

On estime à deux millions les femmes violées par l'Armée Rouge en Allemagne dans les derniers jours de la guerre. Et nous savons que ce fléau constitue toujours une arme de terreur massive des armées dans les conflits actuels.

Cette jeune femme était de la génération de mes parents. Son récit fit scandale lors de sa première parution : il fut accusé de porter atteinte à la dignité des femmes allemandes.

Retravaillé ou pas, excellemment traduit, le texte se lit comme un thriller … Les horreurs de la guerre font toujours partie de la panoplie des belligérants. L'humanité n'a pas de quoi s'en vanter.
Lien : http://bigmammy.canalblog.co..
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Voici un ouvrage que je voulais lire mais que je retardais car je me sentais mal a l'aise,a l'idee que ce que j'allais decouvrir!Je ne savais pas quelles horreurs j'allais lire(et vivre);je ne voulais pas de descriptions derangeantes...
Finalement,j'ai pris mon courage a deux mains et je l'ai lu;certains propos m'ont choquee,angoissee mais surtout j'ai ete etonnee par la facon dont l'auteur s'en est sortie physiquement et psychologiquement face aux sequelles qu'auraient pu laisser les"schÄndung"et"vergewaltigung",en allemand dans le texte.
Cette femme seule,s'est battue pour sa survie et a reussi;je trouve qu'elle a eu beaucoup de courage,d'audace et de tenacite
Il est malheureux que toutes ces femmes allemandes aient du vivre un tel cauchemar(ainsi que toutes les femmes du monde ou sevissent des guerres)en plus des difficultes que representaient la fin de la guerre,la debacle en territoires conquis.
Ce livre est un temoignage de survie et de vie sur les conditions des femmes qui doivent endurer et subir les outrages d'une guerre decidee par des hommes.
A lire
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Cet ouvrage, publié anonymement, nous place dans les pas d'une jeune femme à Berlin, dans les dernières heures du régime hitlérien et dans les premiers jours de l'après. Cette jeune femme écrit quasi quotidiennement du 20 avril au 22 juin 1945.

Le témoignage qui est livré ici est très fort et nous éclaire sur le sort des civils et notamment des femmes dans le Berlin dévasté du printemps 1945.

La jeune femme nous entraine pour commencer dans la cave de l'immeuble où elle s'est réfugiée. La population de cette cave est très variée et tout le monde vit au rythme des alertes et de l'avancée des combats ou plutôt des bombardements.
Petit à petit, une chose est certaine, la guerre est perdue et ce n'est plus qu'une question de jour avant l'arrivée des soviétiques.

Et puis un jour, ils sont là, ils s'installent dans la rue et les bâtiments près de son immeuble. Alors, un certain soulagement se mêle à la peur.
Mais pour la jeune femme qui a parcouru la Russie et parle un peu russe, c'est plutôt un sentiment de curiosité qui prime. Elle pense pouvoir se servir de ses connaissances pour échanger avec les vainqueurs et elle révise son russe un peu rouillé.
Les premiers temps sont agréables, les échanges commencent, on s'apprivoise et elle est rapidement identifiée comme la « traductrice » de la rue.
Mais soudain, tout s'accélère, les soldats veulent se servir et tout prendre : vivres, bijoux, objets et les femmes, toutes les femmes. Des jours horribles vont alors se succéder pour ces femmes et notamment pour l'auteure. Les femmes comptent... combien de fois… et sont heureuses quand elles peuvent dormir quelques heures, seules, mais jamais sereinement.
Petit à petit un rituel va se mettre en place, les femmes se croisent et après la salutation, la question, et toi combien de fois…

L'auteure refuse de sombrer et se révolte intérieurement d'abord. Si elle doit subir ces violences, alors il faut qu'elle trouve le moyen d'avoir une part de contrôle. Elle cherche alors à être « protégée » par un gradé. Serait-elle tombée dans la prostitution, ce sont des questions qu'elle se pose.

Progressivement en mai, la situation s'améliore et la vie va reprendre petit à petit son cours avec une obsession, trouver de quoi manger.

Le livre s'achève juste après le retour du compagnon de l'auteure, qui ne parvient pas à comprendre ce qu'elle a vécu et fini par partir, quelques temps ou définitivement…

Ce livre déborde d'horreurs et est en même temps très bien écrit, un peu comme si l'écriture permettait à l'auteure de mettre un peu de distance avec son calvaire.

Après-guerre ce livre sera publié d'abord aux Etats-Unis, puis en Allemagne dans les années 50, mais il y sera mal accueilli. Plus personne ne voulait entendre parler de ces choses là et il ne fallait pas donner une telle image des femmes allemandes. Finalement, il faudra attendre plusieurs décennies et le décès de l'auteure dans les années 2000 pour que ce magnifique témoignage soit de nouveau proposé aux lecteurs.
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Berlin, avril 1945.

Les " ivans" arrivent, ils sont au bout de la rue. Ceux que la propagande de Goebbels traitait de peuple de dégénérés sont aux portes de la capitale du Reich allemand.
L'auteur, jeune berlinoise, à préféré rester dans l'anonymat. Cela se comprend, elle nous décrit sous forme de journal son quotidien sous l'occupation des troupes soviétique. Elle le précise, écrire ce journal est pour elle comme une thérapie pour supporter l'insupportable.
Voila un document bouleversant, sur une page de l'histoire de l'humanité très peu traité par les historiens.
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Un livre bouleversant, un témoignage qui suscite l'effroi face aux victimes de la Seconde Guerre mondiale et dans ce cas-ci les Berlinoises à l'arrivée de l'armée rouge.
Ce témoignage illustre également que cette guerre a multiplié les victimes dans tous les camps. On comprend aussi mieux pourquoi dans pendant longtemps ceux qui avaient vécu ces terribles années ne souhaitèrent pas en parler, évitèrent de se replonger dans cette période individuellement et collectivement dramatique.
Parmi les nombreuses valeurs et surtout défauts nauséabonds de "l'âme humaine" exprimés dans le livre, deux se répondent en miroir dans la description de ces événements tragiques. D'une part, le courage et la résistance d'une femme (parmi d'autres) face à la brutalité et la violence de l'occupant justifiant ses exactions en tant que justice face aux sévices subis par les populations slaves du fait des armées allemandes. D'autre part, la lâcheté et la complicité implicite dans l'horreur à l'image des cohabitants laissant l'auteure se faire violer et s'assurer leur propre sécurité.

Un livre témoignage qu'il faut avoir le courage de lire.
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Superbement écrit. Pour le reste, on manque de mots pour décrire ce récit. Tragique, poignant, émouvant, avec une pointe d'humour parfois. Mais tous ces qualificatifs semblent insuffisants. On plonge dans la guerre, on oublie ses repères pour ne plus répondre qu'à une seule pulsion : la survie. Chacune comme elle peut. À lire pour ce témoignage fort
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Une femme raconte leur quotidien, lourd, en la capitale, après la guerre. Nous parlons beaucoup de ce que les pays envahis ont subi, mais beaucoup moins de ce que les pays perdants ont subi.
En temps de guerre, ce sont toujours les femmes qui paient les conséquences du conflit. Ici, dans ce livre, nous pouvons constater que c'est encore une fois le cas. Un journal, difficile à lire en tant que femme, sur le quotidien de ces Berlinoises qui ont vécu la suite de la guerre, avec les soldats victorieux qui pensaient pouvoir se servir à leur aise.
Lien : https://youtu.be/ouGLkd9ZOME
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Un « Journal », et quel journal que celui d'«Une femme à Berlin » ! Une femme qui a besoin de mettre sur le papier ce qu'elle vit, ce que vit un peuple battu, soumis, sous le joug des vainqueurs : les viols répétés, la violence, la mort, la faim, la promiscuité, la camaraderie intéressée car pour survivre il faut s'entraider. le tout sur un ton assez détaché -teinté parfois d'humour noir- qui dit la sidération, la défense psychologique inconsciente pour pouvoir survivre, pour vivre malgré ces traumatismes répétés.
Et l'incompréhension qui s'installe avec ceux qui n'étaient pas là, et ne peuvent comprendre.
Malheureusement, ce texte reste d'actualité pour toutes les victimes des guerres, et en particulier les femmes, dont le ventre est un enjeu, terrain d'humiliations, de suprématie, de conquête. Quelle que soit l'époque, quel que soit l'endroit du globe, le vainqueur ne change pas. Et c'est terrifiant.
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