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Liliane Sztajn (Traducteur)
EAN : 9782070317011
96 pages
Gallimard (07/10/2004)
3.79/5   21 notes
Résumé :
Puni pour avoir menti à saint Pierre en arrivant au Paradis, Rufus Jones, un vieux Noir, est renvoyé sur Terre dans la peau d'un homme blanc... Se comportera-t-il comme un Noir ou adoptera-t-il les mœurs des Blancs ? De l'enfer d'une prison en flammes au couloir de la mort, d'une réunion de communistes qui luttent contre la discrimination raciale à un face-à-face sanglant avec la police, Chester Himes met en scène cinq héros noirs pris au piège de leur vie et d'une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Cinq courtes nouvelles qui explorent les thèmes de l'injustice et du racisme aux Etats-Unis.

C'est une lecture qui a été très agréable. Tout d'abord parce que Chester Himes écrit bien : c'est fluide et sans fioriture. Et aussi parce qu'il y a beaucoup d'humour ! Surtout dans la 1ère nouvelle éponyme.
Dans les deux nouvelles suivantes ( "Vers quel enfer rouge" et "Son dernier jour"), l'auteur narre des instants de vie de détenus - ayant lui-même connu le milieu carcéral.
J'ai moins aimé les 2 dernières nouvelles, moins percutantes et moins "originales" à mon goût - mais cet avis n'engage que moi.

Dans ces 5 nouvelles, l'auteur se moque, sans distinction, des Noirs et des Blancs. Les rapports de force sont bien sûr très inégaux et biaisés dès le départ, mais si les rôles avaient été inversés, la tournure des évènements auraient-elles été différentes? Rien n'est moins sûr... En dehors de l'humour que l'auteur utilise comme une arme (efficace d'ailleurs!) qui n'a pas son pareil chez d'autres auteurs Afro-américains, ce qui est particulier dans ces nouvelles, c'est le rapport que les personnages entretiennent avec leur Créateur. Un motif, il est vrai, assez peu original pour un Afro-Américain, mais la façon dont les personnages L'interpelle , s'adresse à Lui et l'image qu'ils ont de Lui l'est bien plus. Tantôt bon joueurs - dans la catégorie où il faut faire contre mauvais fortune bon coeur.. - , moqueurs ou en colère : Il éclaire la façon dont chacun se perçoit et perçoit sa destinée.

Je conseille donc cette lecture à tous les amateurs de littérature américaine (en général) et à tous ceux qui s'intéressent plus particulièrement aux relations entre les Blancs et les Noirs aux Etats-Unis.
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En 90 pages, on pénètre dans l'univers littéraire d'un styliste et dans le coeur de la tragédie américaine. Dans ce corpus de cinq nouvelles, je distingue particulièrement la première et la troisième : "Le fantôme de Rufus Jones" (jubilatoire) et "Son dernier jour" (profond) où l'art de Chester Himes surprend par son économie et sa puissance.
Ainsi l'auteur étend le système raciste des couleurs de peau à la description de l'environnement matériel. L'effet est double, une impression de réalité presque picturale et en même temps le soupçon d'une certaine ironie de l'écrivain : « la boule rouge terne du soleil » (p.19) ; « les filets de vomi verdâtre sous la lumière jaune » (p.24) ; « La flamme éclaira les murs blancs d'un carmin fugitif… » (p.42). Ce souci de la nuance, du coloris, est comme un écho à l'absurdité du système ségrégationniste américain. D'ailleurs, dans « le Fantôme de Rufus Jones » une catégorie de personnes semble devenir « aveugle aux couleurs » (blind color) ce qui ébranle immédiatement les fondements de cette société…. Jusqu'à provoquer une apoplexie !

Je suis également fascinée par la richesse des images créées pour dépeindre le sordide et l'inéluctable, par exemple : « … il n'était pas le premier à rencontrer son Waterloo en la personne d'une de ces filles… » (P. 45) ou pour nommer la chaise électrique : « le voyage éclair » ; « chevaucher les éclairs ». Cet humour ravageur dit en quelques mots le désespoir sardonique, parfois résigné, des victimes d'un crime contre l'humanité pluriséculaire : l'esclavage, sur lequel s'est fondée le concept de vie idéale aux USA : l'American Way of Life… !
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Noir, c'est noir.

5 brèves nouvelles. Un style sobre, grinçant, percutant pour dire le racisme vécu par les noirs américains. La langue de Chester HIMES peut être poétique et charmeuse, populaire, triviale parfois, pour les dialogues, accentuant certains aspects réalistes.

Chester HIMES, étant noir américain, c'est un racisme vécu de l'intérieur que l'on découvre, un racisme qui fracasse l'esprit, le mental, déforme la personnalité. Une chape de plomb qui enferme. Rien à voir avec le racisme dénoncé par un blanc. L'auteur nous livre une douleur charnelle qui enferme, conditionne.

Ces histoires dénoncent la situation de noirs qui tentent de survivre dans une société qui les méprise, les rejette, les nie, ne veut pas d'eux. Des noirs aux prises avec un déterminisme social qui les formate pour devenir voyous, malfrats, finir en prison, condamnés par une justice extrêmement sévère, voire « injuste », des noirs qui ont rendez- vous avec une mort brutale (cf., « Son dernier jour » et « Encore une façon de mourir »).

L'humour, bien présent, critique autant les blancs que les noirs. La première nouvelle, « le fantôme de Rufus Jones », nous offre une cocasserie jubilatoire qui souligne l'absurdité de ce monde et de ses divisions raciales.

Un petit bijou littéraire.
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5 courtes nouvelles de l'écrivain noir Chester Himes, un des auteurs américains préférés de Jean-Paul Sartre. le ton est grinçant, la phrase est percutante, les situations sont le plus souvent dans un contexte de violence. La nouvelle "Son dernier jour" qui retrace le dernier jour d'un condamné est terrible. Une sélection de textes forts qui donne envie de mieux connaître cet écrivain.
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C'est court mais c'est bon, Des nouvelles incisives qui dénoncent le racisme en Amérique. Chester Himes écrit sublimement bien, il n'y a pas un mot inutile. Bref, un livre qui fait du bien… A lire sans hésiter.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- Jeune homme, demanda le gardien d'une voix douce et pleine de sympathie, êtes-vous en règle avec Dieu ?
(...)
" Et Dieu, est-ce qu'il est en règle avec moi? répliqua-t-il. Je n'ai pas demandé à venir au monde. C'est lui qui m'a mis là. Il ne s'est pas occupé de me faire manger ni de me donner de quoi vivre, alors je me le suis procuré comme j'ai pu. (...) Comme j'ai pu, c'est-à-dire en volant. Un imbécile s'est mis sur mon chemin et peut-être bien que je l'ai bousculé. Je n'avais pas demandé à ce flic de venir me chercher, ce dimanche-là. Peut-être que c'est Dieu qui l'a envoyé au casse-pipe. J'ai aucun regret d'avoir pu buter un flic qui se mêlait de ce qui ne le regardait pas. C'était lui ou moi, ou celui, quel qu'il soit, qui l'a descendu. Vous m'avez gardé ici dix ans et après vous m'avez lâché dans un monde où j'avais pris dix ans de retard pour gagner ma vie et parce qu'on m'accuse d'avoir buté un flic pour trouver de quoi bouffer, vous me demandez : " Jeune homme, êtes-vous en règle avec Dieu ? " Allez vous faire foutre..."


(dans "Son dernier jour")
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" Je crois en Dieu. Notre Père tout-puissant, Créateur du Ciel et de la Terre..." Les mots étaient sortis sans qu'il l'ait voulu. Il ne savait pas s'il les avait prononcés à voix haute ou seulement dans sa tête.
Soudain les mots disparurent, un sourire de mépris découvrit ses dents. Il le sentait sur ses lèvres et aussi dans ses yeux.
Il dit tout haut :
" Bon Dieu, non. Je crois au pouvoir de la presse, qui fait les lois ; je crois au dollar tout-puissant, aux pistons politiques, au Colt 45."



(dans "Vers quel enfer rouge")
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"Vous allez pas me tirer dessus, hein, chef?" j'ai supplié.
Un des flics a rigolé.
"Il croit qu'on fait quoi, là?
- Ca, c'est ce qu'on fait aux nègres, au Texas", a dit l'autre et il m'a tiré une balle dans le ventre.
"Chef, vous allez pas me tuer!" j'ai hurlé.
Ils sont restés là à me regarder en riant. (P. 89)
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Il avait vécu comme un loup. Pas d'amis, une seule femme, dont il ne serait jamais certain qu'elle ne l'avait pas dénoncé pour récupérer cinq mille dollars de plus. Il n'avait même plus de mère pour le pleurer le moment venu. (P.59)
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En dix ans de taule, on apprend à ne pas prendre de risques, à tirer lorsque c'est nécessaire, sans hésiter et à payer ses erreurs de sa liberté.
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Quel écrivain américain, ancien taulard, a su capter l'âme du petit peuple de Harlem tout en alertant sur la ségrégation dans un polar où l'on retrouve une reine et une pomme ?
« La reine des pommes », de Chester Himes, c'est à lire en poche chez Folio.
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