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EAN : 9782352043201
96 pages
Les Arènes (06/03/2014)
3.91/5   100 notes
Résumé :
Il n'y avait plus de mots.
Juste ce silence. Épais, lourd.
C'était un génocide, celui des Tutsis du Rwanda, le troisième du xxe siècle.
Il faisait beau, il faisait chaud.
Sur les collines de Bisesero, nous avions pénétré le monde du grand secret.
Des instituteurs tuaient leurs élèves, des policiers menaient la battue.
C'était la « grande moisson ».
François Mitterrand niait « le crime des crimes ».
Comment raco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Rwanda, 1994.
Patrick de Saint-Exupéry, journaliste de son état, se rend au Rwanda lors de l'opération Turquoise. Très vite, il devient l'un des nombreux témoin de cette aberrante opération militaire française qui, sous couvert d'une action humanitaire, arme les génocidaires Hutu.

Rwanda, 2014
Vingt ans après les terribles massacres qui ont eu lieu sous les yeux passifs de la communauté internationale, le journaliste retourne sur les lieux. En apparence le décors est bien différent, le calme est revenu, les paysages sont sublimes et font honneur au surnom du Rwanda : la fantaisie des Dieux. Mais cela n'est qu'apparent sous ce décor, les rescapés se souviennent et portent le fardeau de ces heures sombres, quant aux défuntes victimes, elles continuent de dire leurs tourments dans le silence écrasant qui lie les Rwandais.

Avec ces belles aquarelles le récit de Patrick de Saint-Exupéry parvient à soulever les paradoxes du génocide. Il aborde autant les aspects spécifiques à ce génocide que les caractéristiques "communes" à tous les génocides. le choix de raconter cette histoire d'un point de vue externe à celui d'un rescapé permet une distance face au déroulement des faits qui permet au lecteur de s'interroger sur les circonstances 'politiques' qui entourent cet événement.
Bien sûr, l'auteur ne peut pas tout dire, le nombre de pages ne le permet pas. Et là-dessus on pourrait regretter l'absence d'un dossier documentaire en fin d'ouvrage pour les lecteurs qui ne connaissent pas (ou peu) ce sujet.

Néanmoins, cet album constitue un complément intéressant au très bon roman de Gaël Faye - Petit Pays.
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Je ne lis pas beaucoup de BD reportage. Mais là l'association entre les 25 ans du génocide au Rwanda et Patrick de Saint-Exupéry m'ont fait prendre le livre dans les rayons de la médiathèque.
Alors déjà le dessin est très beau. L'aquarelle apporte une douceur surprenante pour le sujet, tout comme les scènes où tout nage dans le bleu sans limite. Pour moi Rwanda=génocide, point. Mais là je me dis que ce pays peut être joli, et que les rives du lac Kivu ont l'air splendides. Et les quelques photographies prises en 2013 sont insérées de manière judicieuses, juste de quoi nous apporter de la réalité.
Malgré les belles illustrations, j'avais la nausée pendant ma lecture. Nausée pour ces milliers Tutsis massacrés, nausée pour l'inaction, la passivité (complicité?) du gouvernement français, nausée devant ce gendarme qui réalise qu'il a formé ces assassins, nausée devant cet enseignant qui n'a aucun problème à dire qu'il participe au massacre de ces élèves...
Mais je suis contente d'avoir lu cette BD, contente d'en savoir un peu plus sur le génocide, contente de cette nausée.
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Cette bande dessinée est un témoignage sans concessions sur le génocide du Rwanda en 1994. C'est racontée avec pudeur, sans voyeurisme, aussi bien par le graphisme que par le style de narration, de façon juste, sans pathos superflus, se contentant de n'être que ce qu'il doit être, un moyen de lutte contre l'oubli. C'est à lire !
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Le mot génocide a une terrible résonance surtout lorsqu'on est un des descendants de survivants à ce massacre organisé. L'histoire du XXème siècle a connu malheureusement 3 grands génocides : celui des arméniens, puis des juifs et enfin des hutus. le présent documentaire s'intéresse à ce dernier génocide perpétré au Rwanda en juin et juillet 1996. Rien au monde ne justifie un tel crime. Par ailleurs, j'avoue n'avoir jamais encore vu dans l'histoire de l'humanité, qu'un groupe politique d'un pays a sacrifié un million de ses habitants pour accéder au pouvoir. Ni impunité, ni négationnisme. C'est dit.

Par contre, je n'ai pas aimé que l'on commence par cette phrase prononcée par François Mitterrand : "Dans ces pays là, un génocide, ce n'est pas trop important". C'est facile d'accuser la France quand des chefs africains décident de régler leurs problèmes à la machette. En ce qui me concerne, le Rwanda est responsable de sa propre histoire et la France ne doit pas porter le chapeau. Personne dans mes relations n'a utilisé la machette. C'est facile en effet de culpabiliser la France ou la Belgique en disant que lors de la colonisation, elle a monté une ethnie contre une autre ou armer un groupe contre un autre. C'est facile de dire que nous n'avons rien fait pour empêcher cette barbarie.

De nos jours, on sait presque tous que Donald Trump est un dirigeant dangereux pour le monde et nous ne faisons rien. Quand une guerre éclatera, on reviendra pour dire que nous n'avons rien fait pour empêcher cela. L'ingérence dans les affaires d'un autre Etat est interdit par le droit international. Bref, je ne partage absolument pas la vision des auteurs. C'est dit.

Maintenant pour aller plus loin, il faudrait certainement un ou deux gendarmes dans le monde qui interviendraient militairement quand un dictateur menacerait directement ou indirectement sa population. On ne pourra plus nous accuser de génocide par passivité. La justification serait toujours d'éviter les bains de sang. Tiens au hasard, on pourrait commencer par la Syrie.

Pour en revenir avec la bd, le passage où les Tutsis se font massacrer dans une église est terrible. Il y a également des passages qui sont contemplatifs à savoir des paysages vides de leurs habitants comme une pause avant de se replonger dans l'insoutenable. Les auteurs ont voulu marquer les consciences et ils ont réussi leur objectif. Cependant, au-delà du fait de sortir nos mouchoirs, il faut poser la réflexion sur l'interventionnisme militaire en territoire étranger. Je rêve bien entendu d'une terre où il n'y aurait qu'un seul pays où les gens vivraient en paix mais c'est une vaine utopie. A noter pour finir que la France est le seul pays au monde à avoir organiser une opération humanitaire sur place pour éviter un massacre généralisé dans un contexte de guerre civile au Rwanda.
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Du 6 avril au 4 juillet 1994, le génocide rwandais a fait huit cent mille morts. Des Tutsis, éliminés par les Hutus alors au pouvoir. C'est le génocide le plus rapide de l'histoire mené par les extrémistes Hutus du Hutu Power. Patrick de Saint-Exupéry a couvert ce massacre, et en 2013, il retourne au Rwanda avec Hippolyte dessinateur de BD.

Cette BD reportage est un excellent moyen de revenir sur ce génocide dont on parle encore aujourd'hui et particulièrement cette année puisque des commémorations ont eu lieu et vont continuer pour ce sinistre anniversaire. Elle n'explique pas totalement pourquoi les Hutus ont massacré les Tutsis, il faudra aller chercher l'information ailleurs, même si elle explique la source de tous les maux. Elle revient sur le génocide, sur l'implication ou la non action de la France dans ce pays anciennement colonie belge. La France qui n'a pas beaucoup fait pour éviter le bain de sang, mais j'ai vu sur ce sujet (lundi 7 avril) l'excellente émission d'Arte, 28 minutes, dans laquelle il était clairement expliqué qu'aucun pays n'avait bougé, ni la France, ni la Belgique, ni les Etats-Unis, ou alors trop tard ! Bill Clinton, président de l'époque, disait même en 2012 que s'il avait mobilisé 10 000 hommes et convaincu d'autres pays d'en faire autant ils auraient pu sauver 300 000 vies ! "Un génocide, c'est d'abord du silence. Un silence étourdissant" (p. 82/83) est-il écrit en fin volume. C'est effectivement ce que je ressens. Je ne me souviens plus de la manière dont on parlait du Rwanda en 1994 (mais à la même période, j'avoue que je devais avoir la tête ailleurs, puisque ma fille est née le 4 juillet 1994, mon premier enfant). Je ne regardais déjà pas beaucoup la télévision, pas les journaux télévisés, ne lisais pas la presse. C'était tellement loin de nous, de moi ; j'ai comme beaucoup eu l'information du génocide, mais c'était si loin..., et puis, il y eut le choléra qui a déboulé : "Les caméras se sont braquées dessus. Sur ce choléra qui effaçait tout. Un vrai drame, pas un génocide. Une catastrophe naturelle. Oui, naturelle. Africaine, si africaine." (p.77)
La BD revient sur ce qu'a vu P. de Saint-Exupéry, Hippolyte le met en images ; tous deux rencontrent des rescapés, des témoins de l'époque qui racontent leur calvaire et la manière dont ils ont pu échapper à leurs bourreaux, quelques photos sont insérées pour rendre compte et donner de la réalité au propos et aux dessins. Très bien faite, cette BD est un reportage au coeur du pays. Hippolyte reproduit les paysages, les lieux aux couleurs chaudes, certaines planches sont totalement muettes et suffisent à la compréhension, d'autres expliquent par les mots des divers intervenants dans le conflit ou par une voix off, ceux qu'a récoltés P. de Saint-Exupéry. Des passages sont plus oniriques, permettant au lecteur de faire une pause, tout en lui rappelant l'immobilisme criant des politiques français (droite et gauche, c'est le temps de la cohabitation, sous Mitterrand), ou en résumant en quelques cases fortes ce qui aurait pu être trop explicatif.
La BD est un support parfait pour tout genre, humour, aventures, science-fiction, historique, ... et j'en passe plein, lorsqu'elle passe à des sujets très sérieux voire dramatiques, elle peut toucher peut-être encore plus qu'un roman ou qu'un -malheureusement- énième documentaire surtout lorsqu'elle est de très grande qualité, ce qui est le cas ici. Je ne rechigne jamais sur un bon vieil album drôle, mais j'avoue que lorsque la BD se fait reportage ou sociale (comme avec Efix, par exemple) ou aborde des thèmes actuels comme l'immigration avec Les ombres (déjà Hippolyte y dessinait), je trouve qu'elle prend une ampleur formidable et qu'elle peut parler à tous et ça me plaît terriblement.
Album instructif qui marquera sans aucun doute. A ne pas rater.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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critiques presse (5)
ActuaBD
01 août 2014
La particularité de La Fantaisie des Dieux est qu’elle apporte le point de vue des militaires français au moment où le drame se joue. Longtemps critiqué pour son inaction ou pire, d’avoir collaboré avec les génocidaires, l’armée française apparaît complètement dépassée par les évènements qui se déroulent sous ses yeux.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
20 mai 2014
Ensemble, ils livrent avec La Fantaisie des dieux un témoignage choc, bouleversant. Dont la force vient non seulement de son sujet, mais aussi de son traitement: tenant à raconter précisément ce qu’il a vécu, le journaliste demande à l’artiste de restituer une vérité sans fard.
Lire la critique sur le site : BoDoi
LeMonde
14 avril 2014
Du grand journalisme et de la bonne bande dessinée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Auracan
10 avril 2014
Parce que cette BD rend compte de l’horreur en la suggérant et qu’elle présente les points de vue aussi bien des victimes (majoritairement Tutsies) que ceux des bourreaux (Hutus), les deux auteurs évitent de sombrer dans le manichéisme ou la simplification à outrance.
Lire la critique sur le site : Auracan
Culturebox
08 avril 2014
Témoin direct des évènements de Bisesero qui ont vus des milliers de Tutsis massacrés par des miliciens et les forces armées rwandaises et qui sont au coeur de la polémique actuelle, Patrick de saint-Exupéry a sucité de nombreuses réactions en France.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Du silence. Il n'y avait que du silence et des tués. Les tués ne parlent pas. Il n'y avait plus de mots. Juste ce silence. Epais, lourd. Comment raconter ? La marque du génocide, ce n'est pas de la furie. C'est le silence. Le témoignage rendu impossible parce que tous ou presque ont été tués. Ont été tus. Et on ne veut pas, on ne peut pas, croire aux récits des rares rescapés
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La marque du génocide, ce n'est pas la furie.
C'est le silence. Le témoignage rendu impossible parce que tous ou presque ont été tués.
Ont été tus. Et on ne veut pas, on ne peut pas croire aux récits des rescapés.
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L'organisation est la condition de la démultiplication du crime.
Le déni, la soupape.
Le génocide est une folie raisonnée.
Quand un crime s'étale sur trois mois de temps, la colère n'explique rien.
Tout était prêt.
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Pour vous, c'est une guerre de plus en Afrique. Un conflit ethnique. Le mot ethnie n'existe même pas dans notre langue. Ce sont les colons allemands et belges qui nous ont divisés. Diviser pour mieux régner... Vous connaissez la devise ? Tout était en place. (p.33)
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ON SE REPRÉSENTE TOUJOURS UN CAUCHEMAR COMME UNE CHOSE OBSCURE.
LE NOTRE ÉTAIT LUMINEUX, DÉCOUPÉ AU SCALPEL PAR UN SOLEIL IMPITOYABLE.
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