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EAN : 9782752909015
184 pages
Libretto (03/10/2013)
4.11/5   95 notes
Résumé :
Une salle d’interrogatoire à la lumière crue. Une chaise, un bureau. C’est dans ce décor dépouillé que l’exilé n° 214 voit son destin se sceller. Au terme d’un long périple, tête baissée, dos voûté, il demande l’asile. Poussé à l’aveu, il doit, pour obtenir le précieux sésame, revenir sur son passé et sur les raisons qui l’ont contraint à l’errance.
Lui et sa sœur n’avaient d’autre choix que de fuir leur terre natale mise à feu et à sang par des cavaliers san... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai pris cette bande dessinée pour son graphisme original. Des fonds aquarellés, un trait varié, des techniques mélangées, crayonné, grattage, plume, pinceau.
Il y a dans cette oeuvre un ambiance onirique et lugubre, remplie d'êtres qui déambulent comme des silhouettes fantomatiques. Chaque personnage à un traitement graphique différent, le frères et la soeur sont des personnages masqués de théâtre grec, le fanfaron est une tâche d'encre, les parents sont de grands crayonnés noirs, le juge est détaillé jusque dans chaque ride, les cavaliers de la mort, l'ogre, le serpent… il y a une profusion d'inventivités graphiques, de lumières différentes, rien de ce qui est conventionnel dans la bande dessinée.
On semble se situer dans un univers fantastique, comme dans un conte de fée un peu lugubre, Hansel et Gretel, avec des chevaliers de l'apocalypse qui sèment la mort, deux enfants qui fuient, c'est un long voyage initiatique, mais profondément morbide. Mais tout cet univers irréel s'ancre intensément dans la réalité. C'est une histoire de migrant qui par moment n'a malheureusement plus rien d'irréel, noyade, racket, exploitation, prostitution, escroquerie, cruauté, frontière, angoisse, attente… Je trouve ce choix de nous embarquer dans un conte pour décrire la réalité donne une force redoutable au récit, parce que ce qui se rapproche de notre réalité actuelle, c'est à dire la crise des migrants, est encore plus violent qu'un conte d'horreur. Ce récit est absolument bouleversant, triste et violent. le traitement si particulier, par son trait, sa lumière, le ton et l'ambiance, le rendent unique et puissant, on reçoit un claque quand on sort du conte et qu'on entre dans la réalité. Cette bande dessinée est un véritable choc !
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Une oeuvre pessimiste et sombre, affligeante: l'histoire des personnages est sans issue.
A travers un récit fantastique, les auteurs abordent la thématique des migrants. Les persécutions dont sont victimes les adultes, entraînent les enfants seuls vers l'exil, à la recherche d'un "el dorado" (excellent livre de Gaudé). Lors du chemin vers l'ailleurs, ils croisent la barbarie (voleurs, violeurs, assassins, maladies mortelles...) les poussant à répondre eux aussi par la violence pour se défendre.
L'arrivée à "bon port" se solde par l'enfermement et l'attribution d'un numéro de détenu. Un agent délégué (un gratte papier), pour enquêter sur l'histoire de nos jeunes migrants, note les moments phares de l'exil, feignant de vouloir comprendre, puis s'en va, tirant la porte de la cellule derrière lui et reléguant ses notes au cimetière de la bureaucratie. Les documents se noient dans une tonne de paperasses et chaque destinée termine aux oubliettes.
Dans cet abîme, seuls les esprits de ceux qui ont compté (parents, amis) veillent et interviennent dans la psyché des survivants, pour pallier l'angoisse d'une solitude immense.
Le graphisme, encensé par la presse, m'a moyennement plu... même si quelques planches m'ont vraiment émue. Sur certaines on retrouve l'esprit du Cri de Munch. C'est dire si l'inhumanité et la détresse sont intemporelles....
Ce pessimisme ambiant fait peine, jusque dans la littérature. Cette dernière témoigne en partie d'une époque, de ses heures sombres. On ne semble pas près d'en sortir vu le monde comme il vient et va.
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Gros gros coup de coeur pour cette bande dessinée superbe et touchante. Comme souvent le fantastique, la fable, est un prétexte pour nous parler des choses que l'on connait, du monde qui nous entoure.

Déjà, cette bande dessinée est un bel objet. le format est grand, la reliure de qualité, et le papier, épais, pourra supporter de nombreuses lectures. C'est un plaisir de l'avoir entre les mains. Un beau livre comme celui-là me met toujours de bonne humeur pour commencer ma lecture.

Le personnage principal, un jeune homme vêtu d'une tunique et le visage recouvert d'un masque, fuit son village en compagnie de sa jeune soeur. Ils n'ont pas le choix, pour eux, c'est la fuite ou la mort, l'esclavage. Au fil de leur errance vers un but sublimé, ils vont faire des rencontres, essayer de survivre. Ici, les ombres sont des sortes de fantômes, d'esprits, qui les suivent, pour les aider ou tout simplement se rappeler à eux. L'ensemble de l'histoire traite de la fuite, de l'exil et de la mémoire surtout. Qu'est-ce qu'un réfugié ? Comment un "homme", un être humain à part entière avec une famille, une histoire, devient finalement un "réfugié", quelqu'un à qui il ne reste plus rien, que personne ne veut voir. L'exilé n°214 a bien eu un prénom à une époque, une identité, malheureusement il n'est pas loin de la perdre au fil de son voyage…

L'illustration est superbe, mêlant crayonné sombre et couleurs pastelles à l'aquarelle (je suppose). Les décors sont particulièrement beaux, chaque planche me donnait envie de passer du temps à l'observer, à la décortiquer. Les masques que chaque personnage porte empêchent le lecteur de voir les expressions faciales, toute l'émotion passe donc par les postures, les mots, ce qui ne fait que rajouter de la force au récit et au propos des auteurs.

L'atmosphère est mystérieuse, mélancolique aussi. Les illustrations alliées à la qualité d'impression m'ont permis de m'immerger très rapidement dans l'ouvrage. Une fois cette bande dessinée ouverte, il est bien difficile de la refermer. Une lecture que je conseille donc fortement !
Lien : http://calokilit.wordpress.c..
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Un bureau d'immigration dans un pays lambda ("Le Grand Pays"). Un jeune garçon est interrogé par un individu désabusé. D'où vient-il ? Pourquoi a t-il quitté son pays ? Quelle est son histoire ? La tentation de mentir est grande pour "réussir l'entretien" et être accueilli en terre d'abondance. Mais les ombres qui hantent son esprit le rappellent aux dures épreuves de l'exil qu'il a endurées : contrairement à ce qu'il a voulu croire, ce qui importe en réalité, n'est pas l'endroit où l'on va mais bien l'endroit d'où l'on vient... Ses parents, ses compagnons d'exil et enfin sa petite soeur ne sont désormais plus que des fantômes dont la mémoire ne peut être entachée par le mensonge. Soit, le garçon dira la vérité. Mais cette vérité a un prix. Un lourd tribu payé pour tenter de trouver "une vie meilleure'...

Si au départ, Les Ombres a été écrit par Vincent Zabus pour le théâtre afin d'aborder la question de l'exil forcé des africains, elles ont pris une dimension nouvelle avec la collaboration de Hippolyte pour l'album : le scénario a été creusé et réécrit et somptueusement mis en images par le dessinateur. Jeux de couleurs, univers fantasmagorique, décors contrastés, personnages irréels, Hippolyte plonge le lecteur dans un rêve (ou cauchemar) éveillé où ombres et fantômes font irruption dans des situations bien réalistes. Les dessins enfantins qui évoqueront sûrement à certains les démons de la mythologie japonaise de Miyazaki dans le Voyage de Chihiro, prêtent à cette BD des allures de fable cruelle qui dénonce sans détours les contradictions de nos sociétés modernes et notre impuissance à résoudre les problèmes qui en découlent...

Cet album, paru en octobre 2013, mettait déjà en exergue les exodes de populations liés aux guerres et aux conflits politiques. Aujourd'hui, en 2015, ces problématiques sont plus que jamais d'actualité : non seulement le nombre d'exilés ne cesse d'augmenter mais en plus leur pays d'origine est de plus en plus diversifié, preuve de la complexité du sujet. Donc, à tous ceux qui ignorent ces problématiques, Les Ombres rappellent la situation inextricable des exilés : de culpabilité en cas de conscience, les candidats à l'exode vivent de terribles souffrances bien susceptibles de les éloigner d'eux-même. Bien que les témoignages réels sur le sujet ne tarissent pas, ce qui touche dans cet album, c'est qu'il expose de façon singulière par ses personnages déshumanisés et anonymisés, une histoire malheureusement plus courante que l'on ne veut bien le reconnaître...

Récit touchant s'il en est, Les Ombres sont une belle réussite de collaboration : adapter une pièce de théâtre au travail d'illustration est un beau défi que les deux compères ont relevé avec talent. Tant par le sujet abordé que par le travail d'illustration (que j'apprécie particulièrement), ce duo gagnant nous livre là un album de belle facture qui saura sensibiliser au problème (ou pas d'ailleurs) les esprits les plus rétifs...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Salle d'interrogatoire. Il doit tout raconter. Tout, tout, tout et ne pas mentir. Surtout ne pas mentir. Ce ne serait pas bien pour elles, pour les ombres, pour leur mémoire. Alors le récit commence.

Quelle bande dessinée d'exception ! Rares sont les oeuvres qui bouleversent à ce point et sont aussi bien réussies. Tentons de rendre honneur à cette bande dessinée en exposant au mieux ses qualités.
Première impression quand on découvre l'ouvrage : voici une bande dessinée bien épaisse, aux pages soignées, à la finition parfaite. Nous avons pressenti que le voyage serait riche et qu'il serait impossible de décrocher nos yeux de l'ouvrage une fois plongé à l'intérieur. Et en effet ! Car dès que le récit commence, la subjugation suit. Les couleurs enivrent, les silhouettes captivent et l'atmosphère emporte. Nous évoluons alors au coude à coude avec l'étrange personnage principal qui narre sa terrible aventure en compagnie de sa petite soeur. Au fil du récit, des références aux contes apparaissent : tel un petit Poucet qui rencontre l'ogre ou tel Pinocchio qui croise le marionnettiste, notre petit bonhomme surmonte mille épreuves. Mais le conte est parfois aussi très réaliste et cruel et l'émotion survient vite. Certaines pages, splendides, sont de véritables oeuvres d'art qui accompagnent la naissance des émotions jusqu'à leur explosion. Et la fin survient... la dernière page se referme mais le voyage partagé reste bien présent dans la mémoire. Les personnages croisés restent avec nous, telles des ombres posées sur notre épaule.
Voici un voyage onirique, merveilleux et intensément riche comme il en existe peu et qui marque en profondeur et pour longtemps.
Indéniablement une oeuvre magistrale.
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critiques presse (1)
BDGest
25 octobre 2013
Envoûtant, le récit est une ode au courage en même temps qu’une charge contre un monde cruel où chacun, de son côté, fait finalement ce qu’il peut.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quand un homme fuit son pays, c'est toujours pour trouver une vie meilleure... Mais la route est longue et difficile.
L'exilé s'épuise tant à survivre qu'il en oublie la raison pour laquelle il est parti, ce qu'il cherche et même qui il est.
Il n'est plus qu'un corps qui marche...
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Je recueille des enfants abandonnés, dans mon usine modernisée. Ils fabriquent des jouets immondes pour les enfants de l'autre monde, je suis un ogre civilisé ! Civilisééé !!! Je capitalise et mondialise. Mais avant de me goinfrer, je dois penser... productivité... efficacité... rentabilité ! (p.34/35)
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Les brins d'herbe qui flottent autour de cette forteresse continuent à vivre et pas moi... Pourquoi ?
Je n'ai jamais connu l'amour... Pourquoi ?
Je suis morte et personne ne le sait.
Pourquoi ?
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Vous êtes dans la salle d'attente. La salle d'attente est l'endroit où l'exilé attend. Il attend quoi ? La suite des événements. Cette attente va de "longue" à "très longue". La salle d'attente doit être propre. On vous nourrit trois fois pas jour et vous devez pouvoir y faire vos besoins en toute dignité. Important ça, la dignité ! Quant à votre confort psychologique, il sera clairement négligé. N'oubliez pas : le but n'est pas de vous donner envie de rester.

[p157]
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Nos jambes tremblaient... mais on courait pour vivre.
Vivre encore une heure, une minute, une seconde...
Vivre!
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