Citations sur Une nuit en Crète (26)
- Il est si beau, disait l'une.
- Oui, soupirait une deuxième, quel jeune homme séduisant !
- Il a des yeux merveilleux, approuvait une troisième. On croirait du chocolat fondu.
Angeliki savait que son célibat contrariait sa mère au point que cela virait à l'obsession. Pourtant, au contraire de ses anciennes camarades de classe, la jeune femme préférait attendre éternellement plutôt que transiger.
Nefeli avait la peau pâle et des cheveux foncés, ondulés. Elle n'avait aucun trait physique particulièrement remarquable, mais elle était charmante et avait adoré Theodoros dès leur première rencontre. Un homme qui travaillait quatorze heures par jour avait besoin d’être vénéré les dix restantes.
Une manifestation était attendue.
La circulation avait été déviée en amont, pour libérer le centre-ville. Il régnait un calme étrange. Pour une fois, le silence n'était troublé ni par des klaxons impatients, ni par des scooters pétaradants, si bien qu'on aurait presque pu entendre respirer les pavés.
Il n'y avait pas de fenêtre ici. C'était la fraicheur des draps qui la tirait du sommeil, pas le soleil. Après la chaleur incendiaire de la veille, l'humidité la faisait frissonner.
Les premiers matin, elle était sortie du lit, sur la pointe de ses orteils pour ne pas déranger Antonis.
...avant d'atteindre l'étal de Diamantis, son boucher attitré, elle devait passer devant celui de Lagakis mais aussi de Petropoulos. Ce dernier flirtait avec toutes les femmes qu'il apercevait, contraintes de supporter une remarque subtile tirée de son répertoire restreint: il leur proposait un kilo de saucisses savoureuses ou de la poitrine de choix. Il était aussi vulgaire que son père l'avait été, et Anna avait appris à ignorer le flux continu d'allusions déplacées qu'il déversait, pareilles à des tripes déversées dans un seau.
La peau de sa fille était aussi lisse et dorée que les miches de pain, et même lorsqu'elle plongeait des cerises ou des amandes dans leur glaçage au chocolat, elle réussissait à conserver la blancheur immaculée de sa blouse. Elle n'avait aucun défaut, et sa mère ne s'expliquait pas pourquoi une jeune femme comme elle, plus douce qu'un gâteau, plus parfaite que ses baklavas les plus réussis, semblait avoir été oubliée dans la boutique tel un biscuit de l'an passé.
Katerina se rendit dans la ville la plus proche pour acheter une petite plaque d'argent représentant une femme et la placer à côté de l'icône de la Vierge. Elle la suspendrait avec un ruban, parmi les autres offrandes déposées par dizaines dans l'église, en guise de remerciements.
Il y avait des images de cœurs et de mains, des jambes, des pieds nus et des orteils, en somme toutes les jolies parties du corps.
Elle avait été subjuguée par ces symboles de Noël, conçus en Europe du Nord, fabriqués en Chine et, aujourd'hui, exposés dans la vitrine d'une rue étouffante et poussiéreuse de Chypre. Leur présence était si incongrue dans ce cadre... Dans cette ville où le soleil faisait encore miroiter les pavés en novembre et où la neige n'était jamais plus qu'un rêve. - Le sapin
Le moindre objet, y compris les petits vases remplis de fleurs en soie, était posé sur un napperon en dentelle confectionné par sa grand-mère.