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Critique de iris29


iris29
16 septembre 2021
Délicieux roman..

Premier tome d'une trilogie consacrée au quotidien d'une famille tahitienne, habitant un quartier populaire, portée par la voix de Materena, mère de trois enfants, trente ans environ, vivant en concubinage avec Pito. Et c'est qu'elle l'aime son Pito ! Il y a peu , il l'a demandée en mariage. Mais est-ce que ça compte, car il venait de regarder un match de foot à la télé, il était sérieusement imbibé d'Hinano ( la bière locale) et il ne s'en souvenait pas au réveil ... Mais Materena, elle elle y pense nuit et jour, ayant dans la foulée, pris un crédit pour son cadeau de mariage, avec de l'argent qu'elle n'a pas...

Résistant à le dire à ses proches (à cause de "radio cocotier") elle fulmine, elle cogite. C'est ce qui sert de colonne vertébrale au roman, cette demande en mariage, ce qu'elle se retient d'annoncer à chaque fois qu'elle sort de chez elle et qu'elle croise un cousin ou une tante. C'est que Materena connaît beaucoup de monde à Papeete ( prononcez: papé-été) . Chaque rencontre fournit à l'auteur, une anecdote triste ou gaie, toujours racontée sur le même ton. le vocabulaire est simple, les tournures de phrases, locales, mais quelle efficacité dans cette simplicité apparente ! Combien de sujets elle aborde avec humour et l'air de ne pas y toucher, de ne pas rentrer en profondeur ! Poignante cette histoire d'adoption à l'insu du plein gré ...Poignante, cette gamine, livrée à elle-même en plein Papeete, parce que sa mère est morte, ou cette fille enceinte , avec le futur père reparti en France sans rien savoir. D'ailleurs quand on lit ces petites tranches de vie, c'est fou le malheur apporté l'air de rien par les farani ( les français ...).

Et tout cet argent qui manque, car Materena est loin d être aisée, elle est ,comme elle aime à le souligner : femme de ménage " professionnelle" et son mari ouvrier. Mais pourtant, ils donnent. A Tahiti, on n'a pas le choix, ce qui est à toi, est à la famille, et ils peuvent venir se servir quand ils veulent...

Et quand on n'a pas d'argent, quoi de mieux , qu'un jardin, où cueillir le "uru", le fruit à pain, (base de l'alimentation , un peu comme la pomme de terre chez nous), d'où le titre " L'arbre à pain". D'ailleurs, à Tahiti, il est courant de tout avoir dans son jardin, avocatier, manguier, citronnier, bananier etc... Y'a qu'à tendre la main !

Haute en couleur, cette fresque n'a pas sa pareille pour décrire une vie locale, ultra dépaysante pour nous, français de la métropole. Usant de mots tahitiens pour mieux nous imprégner de sa culture ( un glossaire est à disposition à la fin du livre..), l'auteur nous immerge , et l'on comprend nos différences, et on comprend nos ressemblances . On se délecte de tous ces mots, tous ces "R" qu'il nous faut rouler dans notre bouche un peu comme des "L" .

On se délecte de l'humour, ah cette leçon sur l'indépendance donnée par la mère de Materena

Quand à moi, je vais petit à petit , en douceur me détacher de Materena, repartir en France, 22h me sépare encore de chez moi, 12 heures de décalage horaire, ça douille...

On s'attache à Materena, vous verrez ! Comment ça , elle n'existe pas ? J'aurai juré que ... Elle est si bien décrite, si réelle.

Cette nuit, j'ai rêvé que je retournais à Tahiti. Et en attendant, le tome 2 est sorti " Frangipanier" qu'il s'appelle... Rien qu'avec ce titre, je suis déjà ailleurs !;-)







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