AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 28 notes
5
4 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Petite fille en fuite de tout, agressée jusqu'aux limites par des adultes zigzaguants que les démons chevauchent, Lussi s'écroule et s'écoule, d'espoirs en croyances en révélations corrosives. Toujours niée dans sa personne, toujours en rôle. le chemin qu'elle parcourt s'éclaire de lueurs qui sont celles des paradis perdus, et nous qui la lisons, nous la voyons tout dégringoler depuis les aurores entrevues jusqu'aux sentines, jusqu'à ce que, acculée, ayant tout perdu, elle contre-attaque.

Nous la voyons, lecteurs, sous toutes ses coutures se découdre et pourtant se défendre jusqu'à l'apothéose finale où il lui sera demandé de s'incliner sous les plus décomplexés de tous les applaudissements possibles. L'hyper-luxe ne s'inquiète jamais de rien d'autre que de la perfection de ses petits assouvissements ; les humains se creusent alors leur humanité dans les interstices de ses exigences d'airain. Paradoxalement, ce livre traite de la liberté.



(par Paul Laurendeau, écrivain.)

Un titre frontalement trompeur pour un excellent roman. J'intitulerais personnellement cet ouvrage Lussi face au chaos du monde, mais qui-suis-je… Lussi est une petite fille qui vient de se faire enlever par un homme violent. Il l'enferme dans un sous-sol miteux, la brutalise, la force à manger un brouet peu appétissant et à prendre des bains qui rappellent plutôt des simulations de noyades. Y a-t-il abus sexuel ? La chose reste vague. Or Lussi est aussi une petite fille vivant avec une mère insensible et un beau-père (stepfather) abusif et contrôlant. Scolarisée à la maison, justement par le personnage odieux en costard et cravate, elle vit au rythme des diktats et des torgnoles de l'être exécré. Lussi pense beaucoup à son vrai père, elle voudrait tant le revoir. Est-il remarié, mort ou simplement parti ? La chose reste vague. Mais Lussi (la Lussi enlevée par une brute inconnue) va mettre en branle la dimension résistante de son être, se retourner, comme une petite fouine, et mordre violemment. Mais Lussi (la Lussi scolarisée à la maison par un tyran trop connu) va mettre en branle la dimension résistante de son être, se retourner, comme une petite fouine, et fuir, fuguer ouvertement sous la pluie blafarde. Sommes-nous à découvrir ici les deux facettes distinctes d'un même monde ou y a-t-il encore autre chose ?

C'est une étude de l'abus de l'enfant par l'adulte, ça, indubitablement, surtout (mais pas exclusivement) par l'adulte mâle. Nous sommes taraudé(e)s à l'intérieur de Lussi, petit bout de femme s'efforçant de circonscrire au mieux les pourtours calamiteux du monstre. Lussi (la Lussi enlevée par une brute inconnue) observe peureusement un alcoolique primaire, un inconnu aux traits mal définis et à la cohérence comportementale erratique. Ici, Lussi doit surtout lutter contre son propre affaiblissement, la peur, la faim, le sommeil, la perte de la cohérence des repères due à l'involontaire dérèglement des sens. Lussi (la Lussi scolarisée à la maison par un tyran trop connu) existe haineusement, comme une corde tendue. Elle évolue entre une mère insensible et le cousin et concubin de celle-ci qui entend contrôler jusqu'à la diète et les temps de loisir de Lussi. Ici Lussi doit jouer au chat et à la souris avec l'enquiquineur odieux et assumer que la moindre tentation turbulente ou subversive aura un coût punitif virulent, un lot de conséquences détestées et non intériorisées. Cherche-t-on à nous faire piger que Lussi Stan et Lussi Bauer sont la même personne confrontée à deux des facettes, imaginaires ou réelles, du chaos du monde ou… y a-t-il encore autre chose ?

En tout cas, quoi qu'il en soit, voici où nous en sommes arrivés, dans la civilisation actuelle, avec nos enfants. Ce roman est l'histoire honteuse, minable de ce que nous leur avons fait inexorablement. Nous sommes tous, à des degrés divers, impliqués dans la hantise cruelle de cette question insoutenable: que feraient-ils concrètement à une enfant s'ils se trouvaient, eux adultes, en situation d'impunité absolue? Jeff et Yann, les deux hommes adultes mis en scène ici sont impondérables, impalpables, insaisissables. Inhumains dans leur impunité, ils sont pourtant profondément enfouis en chacun de nous. Ils sont ce que nous ne pouvons plus éviter, ou contenir. Ils sont banalisés. Ils sont ce qui transforme l'illusoire paradis de l'enfance en un insoutenable enfer. Ils sont désormais un des nombreux avatars issus du monde adulte que l'enfant contemporain subit, envisage, affronte, contourne ou évite. La seule différence est que cet avatar là détruit l'enfant, le broie, le nie. Nous avons perdu quelque chose de profond, de crucial et cette perte, c'est l'enfant qui la subit. Et en plus, pour en rajouter une couche, une dimension cynique confinant à l'innommable, on finit par faire un jeu compétitif de tout cela.

Le style de Hoarau Loana est vif, cinglant, singulièrement autonome et vivant. Il y a aussi cette sobriété, cette retenue de ton qui sait parfaitement laisser le plus insupportable dans l'implicite. Il ne s'agit pas exactement ici de pédophilie nouveau genre mais bien plutôt, en fait, de cruauté arbitraire à l'ancienne, d'abus «classique» de la force physique et du pouvoir social des adulte. Lussi se fait malmener comme Aurore, l'enfant martyre ou comme la petite Christina dans Mommie dearest ou comme les bambins de Jeux interdits. Torgnolée, sermonnée, froidement méprisée, «éduquée», cernée, elle se fait asséner, par des sadiques et/ou des insensibles, des vérités de toc dont les tenant et les aboutissants restent d'un flou macabre, filandreux, chaotique. Et on va bien en payer le prix, de cet abus adulte. Tout ce qui existe dans cet univers social va en payer le prix… Même la narration va en payer le prix. Car il y a effectivement autre chose, une manière de deuxième degré faussement angélique, une sorte d'arabesque allégorique, un brimborion de chute odieuse. Lussi survivra. Lussi survivra aussi. Lussi comprendra. Lussi comprendra aussi. Mais cette confrontation enfantine et prométhéenne avec le chaos du monde sera terriblement et insondablement stérile, ratée, cruelle, cuisante, futile.
Lien : http://elpediteur.com/auteur..
Commenter  J’apprécie          122
Dès le début du livre, le lecteur prends une claque. J'assiste impuissante à une scène que je ne devrais pas voir.
L'auteur a une belle plume, macabre ment poétique.
Le thème de la maltraitance enfantine est abordé de manière cru et froide. le thème peut être dérangeant mais Loana Hoarau a le talent pour le mettre dans la catégorie excellent
Un thriller court mais intense qui nous plonge dans les entrails de la perversion
Attention aux âmes sensibles
Commenter  J’apprécie          10
Ce « running man » haletant nous montre à quel point l'Homme est sordide et vénal. On est pris à traver la plume de Loana dans un tourbillon d'une violence incomparable et ce jusqu'à la dernière page. Je ne parle pas de la violence froide et/ou insipide que l'on peut trouver dans certains livres, pas de ce rythme fou et plein d'action qui l'accompagne souvent, pas non plus des gestes forts menés pour plus de sang et de coups. Non, je vous parle de cette violence qui vous retourne les neurones, de celle qui vous prend aux tripes de telle sorte que vous vous demandez si oui ou non vous connaissez quelqu'un capable de telles atrocités… Une violence psychologique inouïe qui boulverse, qui vous entraine dans les méandres des plus bas instincts : se montrer plus fort et surtout, survivre.
Pour la petite histoire, on retrouve ici une jeune fille, Lussi, capturée, séquestrée, droguée qui se bat contre son ravisseur et surtout contre elle-même pour trouver le courage de s'enfuir et de retrouver sa famille. Intrigue plutôt « déjà vu » mais méfiez-vous, on va ici de surprise en surprise, toujours plus loin. Un personnage bien étudié, une histoire bien ficelée et tout plein de rebondissements qui nous perdent au milieu tant les scénarios se recoupent à merveille. Vous êtes plongés dans un univers de panique, empreint de peur mais aussi de colère et on referme le livre torturé entre le soulagement, la colère et le mépris. Colère de s'être laissé prendre au jeu, soulagement de se dire que, ô grace, ça ne va pas plus loin dans le sadisme et mépris de la race humaine dont vous avez presque honte de faire partie.
Les « acteurs » de ce livre sont bons, extrêmement bons, tant et si bien que ça n'en est que pire : on se demande au final si cette histoire sort de l'imagination complexe de l'auteure ou s'il s'agit d'un triste fait divers car il s'agit bien de M. tout le monde, du citoyen lambda embarqué dans une société qui le dépasse, d'une enfant qui ne connait plus ses repères et qui, d'ailleurs, ne sait plus vraiment si elle en a eu un jour.
Lien : https://jetdemot.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          10
Mathématiques du chaos de LOANA HOARAU

On ne va pas se mentir, chroniquer le premier roman d'une auteure dont on a dévoré et encensé les trois suivants est un exercice casse-gueule . le risque est grand de juger un premier jet et toutes ses imperfections potentielles à l'aune de ses grands frères forcément plus matures et aboutis.
Alors quels péchers de jeunesse, quelles maladresses rédhibitoires allais-je bien pouvoir découvrir dans ce "Mathématiques du chaos " si longtemps attendu en sa version papier ?
Pour être honnête et chercher la petite bête, J'ai envie de dire que certaines associations d'adjectifs posent question, même quand on est habitué au style si particulier de la dame de Belfort, c'est parfois tellement improbable que l'on frise la rupture d'anévrisme au détour de chaque phrase ! le style est peut être un peu plus heurté et les enchaînements un peu moins fluides que dans BUCZKO ou invisibleS, et puis......ben et puis c'est à peu près tout !
On a bien ici la confirmation que la folie géniale de LOANA ne date pas d'aujourd'hui et était déjà solidement installée en 2014. Tous les ingrédients du Hoarisme naissant sont déjà bien présents dans ce thriller court mais intense , où le thème récurrent de l'enfance bafouée est déjà exploité avec candeur et cynisme au travers du sort réservé à Lussi et Lussi offertes en pature aux déviances les plus abjectes du monde des adultes.
Le cheminement du récit est déjà puissant et explore sans concessions mais sans surenchère une longue et pénible plongée dans les entrailles de la perversion "humaine" jusqu'à un dénouement que peu de lecteurs peuvent se targuer d'avoir anticipé.
Et qu'importe si Lussi est une ou deux, la maltraitance et l'exploitation se cachent aussi bien dans le milieu intra-familial qu'à sa périphérie.
Bref, une fois encore totalement bluffé, c'est visqueux et répugnant, aussi digeste qu'une poignée de clous, mais qu'est ce que c'est bon !
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (108) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2831 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}