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L'Assassin royal tome 2 sur 13

Arnaud Mousnier-Lompré (Traducteur)
EAN : 9782290313237
414 pages
J'ai lu (30/09/2001)
4.33/5   3873 notes
Résumé :
Les pirates rouges sèment la mort et la désolation dans les Six-Duchés. Le royaume est affaibli et ne dispose que de peu de ressources pour les combattre. Le roi est seul, entouré d'une cour qui intrigue, d'une armée qui doute et... d'un assassin royal. Fitz, le bâtard princier, est devenu une arme redoutable et redoutée. Il maîtrise le Vif - la faculté de communiquer avec les animaux - et devient expert dans l'Art. Guerrier accompli, rompu à toutes les façons de tu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (183) Voir plus Ajouter une critique
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Un gros coup de mou pour ce second tome qui n'est en fait que la première partie du second tome original (Royal Assassin) (découpage classique à la française).

Fitz a déjoué les complots ourdis contre le roi et le roi-servant, mais au prix de son jeune corps plein de santé, dont la jouissance lui avait toujours paru normale. Il se remet doucement avant de regagner Castelcerf et prendre une part active à la chasse aux forgisés et aux pirates rouges, secondant efficacement Vérité. En parallèle, il se rapproche de Molly et se lie avec un loup, continuant à développer son Vif. Fitz, promis à une grande destinée devra à nouveau faire preuve d'intelligence et de prudence dans ses relations pour survivre et être efficace.

Mon dieu. Après un premier tome où je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, voilà que j'ai failli être forgisé par la première partie de ce découpage. Un énorme flottement sur près de 200 pages après le stupéfiant final du tome 1. Oui, il faut bien que la tension retombe, mais là j'ai failli atteindre l'électroencéphalogramme plat.
Heureusement que l'auteure se reprend dans la seconde moitié du livre en développant notamment les liens entre Fitz et Oeil-de-nuit par l'intermédiaire du Vif et en affinant ses personnages et leurs interactions sociales et amoureuses. La partie chasse aux pirates rehausse également le rythme du récit et tranche agréablement avec les atermoiements de notre héros anti-héros.
Effectivement Hobb nous dépeint des hommes, pas des surhommes, avec leurs forces et leurs faiblesses, mais Fitz, a, disons, largement eu sa part de faiblesses, et son endurcissement avec Burritch et sa hache, son banc de rame et ses combats, ses chasses avec son loup seront salvateurs pour lui et pour nous.
Le personnage du Fou prend de l'ampleur et intrigue de plus en plus, celui d'Umbre, l'assassin en titre reste dans l'ombre, reine araignée au centre de sa toile, sachant tout, mais semblant bien impuissant à réellement protéger son roi des manigances de Royal.

Un second tome bien moins enlevé, bien moins rythmé, et au final bien moins intéressant que le premier, mais si l'on prend en compte qu'il ne s'agit que de la première partie du vrai tome deux en VO, peut être verra-t-on dans la nef du crépuscule (tome trois français), un net regain d'intérêt.
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C'est avec plaisir que je me suis à nouveau lancée dans les aventures de Fitz, le bâtard du roi Chevalerie. Et je n'ai pas été déçue.
Pourquoi est-ce que j'aime tant "L'Assassin royal"?
Parce que j'aime cette ambiance moyenâgeuse, avec son château, sa salle de garde, ses cuisines chaleureuses, ses écuries, ses dames brodant et herborisant, son roi et son fou, ses princes chevaliers, son petit peuple....
Parce que j'aime ses personnages, qui ne sont pas des surhommes mais tout simplement des êtres humains faillibles, jaloux, menteurs, mais aussi passionnés, avec le désir de se dépasser, humbles, attentifs aux autres...Bref, un bel échantillon de l'humanité.
Parce que j'aime la magie qui donne un coup de pouce à leurs quêtes ou qui les entrave : "l'Art", qui est la capacité de communiquer par télépathie et même au delà, de communier totalement avec une personne en s'emparant de son esprit; et "le Vif", qui est quasi la même chose, mais qui s'applique aux animaux.
Parce que j'aime ses valeurs : le désir de progresser, non pas par le pouvoir en tant que tel, mais par le service envers la communauté. D'ailleurs, le roi est appelé "roi-servant", ce qui veut tout dire...
Parce que j'aime ses aventures, des Pirates qui viennent ôter le coeur des hommes pour en faire des zombies, en passant par les intrigues de Cour, les empoisonnements, les trahisons. Et l'amour, aussi, est au rendez-vous dans ce second tome.
Parce que j'aime aussi son style, facile à comprendre, mais pas "plat", avec des descriptions très parlantes grâce aux 5 sens. Et le narrateur à la 1e personne nous décrit une psychologie fouillée.
Voilà, ce tome 2 des aventures de Fitz m'a tenue en haleine, peut-être pas par ses rebondissements, qui ici, ne sont pas très nombreux, mais par l'évolution du héros, son passage à l'âge adulte, qui pour lui doit être compliqué : non seulement il doit apprendre à se comprendre, mais à faire la part des choses entre plusieurs consciences qui l'envahissent, celle du prince Vérité et celle d'un jeune loup.
Vivement la lecture du 3e tome !
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Dans ce 2ème tome de l'assassin royal, l'histoire se révèle, se précise. Fitz devient adulte et commence à assumer ses choix.
Ca y est, la lectrice que je suis est conquise. Je n'ai qu'une hâte, découvrir la suite...
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Le petit soucis lorsqu'on enchaîne les tomes d'une saga, c'est qu'il devient difficile de discerner quels éléments se sont passés dans tel ou tel tome. Je trouve que c'est aussi un point positif dans le sens où il y a une fluidité dans le récit qui n'est pas ébranlée par la fin et le début d'un roman. Je poursuis ma lecture avec le tome trois et je ressens toujours cela. J'espère juste que mon envie de continuer les aventures de Fitz sans pause entre deux volumes ne va pas me lasser à un moment donné. Ce serait fort dommage.

J'ai autant apprécié ce tome deux que le précédent. Je ne me lasse pas de suivre Fitz dans son apprentissage de la vie, avec les nombreux obstacles qui se glissent sur sa route. J'ai tendance à penser que le jeune homme en à déjà vu pas mal depuis son enfance (Robin Hobb le malmène sans retenu) mais il semble pouvoir se tirer de toutes les embuches qui se présentent à lui, en y laissant quelques plumes parfois, mais toujours debout. Je commence d'ailleurs à vouloir qu'il ait un peu de répit... Et je n'en suis qu'au tome deux... Mais en même temps, avec le caractère de Fitz toutes ses mésaventures semblent être un moyen de le voir progresser, devenir ce qu'il est censé devenir. C'est un peu étrange comme sensation, mais elle est bien présente pour moi et cela depuis le début.

J'aime aussi beaucoup ce qu'il tend à devenir. Il évolue beaucoup dans ce tome deux, et cela est dû en grande partie à son passage dans le royaume des Montagnes. le fait qu'il prenne de l'assurance mais aussi qu'il commence à décider de part lui même certaines choses sont très positives. Il n'est plus l'enfant que l'on a vu dans le premier volume qui cherchait à tâtons à trouver sa place. C'est plus agréable pour le lecteur mais c'est aussi plus agréable pour notre héros. J'ai eu cependant un peu peur avec la venue de Oeil-de-nuit. J'avoue que j'ai n'est pas vu d'un bon oeil (sans jeu de mot) l'arrivée de louveteau dans la vie de Fitz. Je n'appréciais d'ailleurs pas beaucoup l'animal au début. Et puis au fil de l'évolution de leur relation, j'y ai vu du positif pour Fitz et j'ai commencé à me prendre d'affection pour le loup.Ce dernier représente beaucoup. Déjà, il sort Fitz de sa solitude, ou plus exactement, il lui fait comprendre qu'il n'est pas seul et qu'il ne l'a jamais été dans un sens. Et puis, il y a bien sûr l'acceptation du Vif. Même si comme Burrich, je ne trouve pas que ce soit très sain de se laisser aller à cette magie. Mais à bien y réfléchir, il en est de même pour l'Art.

En ce qui concerne les personnages secondaires, j'ai été heureuse de voir plus souvent ceux que j'apprécie (même si je trouve que c'est encore trop peu !). le fou m'intrigue de plus en plus mais il arrive, de part son attitude, à me faire oublier qu'on ne sait rien sur lui, ou presque. Vérité est sans aucun doute celui que je préfère le plus. Sa figure paternel franche et son attitude avec Fitz sont de vrais rayons de soleil. Patience est aussi assez drôle dans le sens où elle a vraiment la figure de mère pour Fitz (j'ai adoré le lapsus du jeune homme lors d'une soirée de la fête de l'hiver d'ailleurs !), mais une mère enfant en quelque sorte. Sa présence et celle de Brodette sont rassurantes. Elles veillent sur Fitz autant qu'elles le peuvent et avec leurs moyens.

Par contre, s'il y en a bien un que je ne peux pas me voir, c'est Royal. Ceux qui connaissent l'Assassin Royal trouveront cela tout à fait normal, je pense (sinon, il faudra m'expliquer !). Il m'insupporte. Et je crois que le pire dans tout cela est qu'il est intouchable. Il manipule et conspire, nombreux sont ceux qui savent cela, mais aucun ne peut faire quelque chose. C'est frustrant et crispant. Même s'il n'apparaît pas beaucoup, il reste toujours présent d'une certaine façon, comme une ombre qui rôde. Et j'appréhende vraiment le jour où il frappera pour de bon.

Quant à l'histoire, je dirais qu'on avance doucement sans pour autant trouver cela "lent". On vit Fitz évoluer, ce qui prend la majeur partie de du récit, mais en ce qui concerne certaines intrigues, tout est fait avec minutie, au compte goutte. le jeu de politique et de manoeuvre que l'on voit est très complexe et on assiste à un travail d'orfèvre. Les pirates rouges restent un mystère, les forgisés sont encore plus présents, Royal se fait pressent sans trop le montrer... mais malgré tout, certaines pièces du puzzle se mettent en place. Il faut dire que l'univers de Robin Hobb est vraiment riche et travaillé, il y a tellement à apprendre que je ne fais pas cas de ces petites "lenteurs".
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Pour tout avouer, j'ai commencé cette lecture avec pas mal d'appréhensions. J'avais pourtant aimé le premier tome il y a plusieurs mois de cela mais, je n'étais pas très motivée à lire cette suite. J'imagine que la taille de ce cycle (sans compter les « annexes ») m'impressionne.
Et pourtant, une fois lancée, je n'ai au aucun mal à me replonger dans cette histoire et à dévorer ce tome en quelques jours à peine. Une nouvelle fois, j'ai beaucoup apprécié, mais il me manque quand même un je ne sais quoi pour que cette saga me marque vraiment. Peut-être que les prochains tomes m'apporteront ce petit truc qui me fait défaut ?

Il semblerait que ce deuxième tome français corresponde en fait uniquement à la première partie du deuxième tome américain (ah ces découpages bien de chez nous…). On m'a donc conseillé de lire le troisième tome (le français, celui qui correspond donc à la seconde moitié du deuxième tome d'origine… ça va, vous suivez ?) assez rapidement, ce que j'espère pouvoir faire rapidement, en mars ou en avril.
Il est vrai que L'Assassin du roi a un petit goût d'inachevé et apparaît comme une mise en place des évènements qui se dérouleront dans La Nef du crépuscule. Ainsi, il faut bien l'avouer, il ne se passe pas « grand chose » ou plutôt, aucun évènement véritablement « décisif » (enfin si, il y a des choses importantes, mais tout se passe dans l'ombre, discrètement). le lecteur n'assiste pas à de grandes scènes de batailles ou de coups d'état mais entre petit à petit dans l'ambiance du palais habité par les intrigues et les faux-semblants. Ce tome est disons, plus « psychologique », plus  « contemplatif ». Ce n'est pas désagréable, bien au contraire.

J'ai aimé suivre l'évolution de Fitz qui a maintenant 15 ans. Il doit jongler entre son amour pour Molly (son amie d'enfance), son amitié interdite avec un loup (il a utilisé le Vif et s'est trop lié avec l'animal sauvage), les attaques de plus en plus fréquentes et proches du palais des forgisés (ces espèces de zombies) et sa place « bancale » au sein du royaume (je vous rappelle qu'il est le fils bâtard de feu Chevalerie, l'aîné de l'actuel roi Subtil). Difficile de mener une vie « normale » quand on a juré allégeance à son roi, qu'on est assassin dans l'ombre et qu'un oncle - bien décidé à récupérer le trône - a déjà tenté de nous tuer et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin…

Robin Hobb a beaucoup de talent. Elle sait mettre en scène ses personnages et sait surtout conter leurs états d'âme. Psychologiquement, je trouve le cycle (enfin les deux premiers tomes du moins) de L'Assassin Royal très riche, très intense. L'auteure parvient à mettre des mots sur des émotions, des sentiments et le résultat est là : le lecteur reçoit et ressent vraiment quelque chose lors de sa lecture. Je me base uniquement sur la traduction française mais il n'y a pas beaucoup plus à dire que : c'est très bien écrit, tout simplement.
Et ce qui donne encore plus d'intensité au texte et à ce qu'il raconte, c'est l'utilisation de la première personne du singulier. Fitz est l'unique narrateur, on est donc dans sa tête du début à la fin. Je trouve ce personnage très « vrai ». Il ne me manque qu'un minuscule déclic (mais je ne sais pas lequel) pour que je m'attache complètement à lui et l'adore.

Outre son talent dans la forme du récit, Robin Hobb a mis en place un univers riche et passionnant. La magie est là, mais tout juste effleurée pour le moment, tellement mystérieuse et puissante (l'Art et le Vif). On ne sait pas encore grand chose à ce sujet mais les pièces du puzzle se mettent petit à petit en place et j'ai hâte d'en savoir plus. Je suis également très pressée de comprendre le « pourquoi » des forgisés et leur rôle dans ce grand ensemble… ça m'intrigue (et j'avoue que trouver une sorte de « zombies » dans un cycle de fantasy, c'est pas banal et ça me plaît !).
Mais l'univers de Robin Hobb ne se limite pas à cet aspect magique/fantasy, l'auteure va beaucoup plus loin et met en place une vraie intrigue politique (complots, messes-basses et assassinats à la cour) dans un monde proche de nos anciennes monarchies médiévales.

De l'Assassin royal, il faut donc retenir : l'univers riche, les intrigues politiques passionnantes (pas du tout barbantes) et surtout les personnages évoluant dans ce monde, des personnages complexes et travaillés que Robin Hobb rend particulièrement « authentiques » et attachants.
Je n'ai pas encore parlé de ces figures nombreuses, gravitant toutes autour de Fitz et qui, malgré leur nombre, possèdent toutes une personnalité à part, dense et reconnaissable : Molly la meilleure amie/amante, Vérité l'oncle strict mais aimant, Royal l'oncle fourbe et fratricide, Subtil le Roi grand-père intransigeant, Burrich le « père adoptif » bourru mais impliqué, Patience la belle-mère un peu folle mais à l'écoute, le Fou aux paroles sibyllines, Umbre le maître assassin ou encore le Loup, cet animal sauvage devenu un véritable frère lorsque Fitz en avait le plus besoin… Fitz le « mal-né », souffrant de sa place, des secrets qu'il porte et de sa solitude… il est émouvant et attachant mais, il me manque encore un minuscule quelque chose.

J'ai aimé ce deuxième tome et ne lui trouve pas de défauts (si ce n'est peut-être son absence de véritables « actions » qui gênera peut-être ceux qui ont un peu de mal avec l'aspect plus « psychologique » dans un cycle de fantasy ; mais c'est, personnellement, ce que je préfère !) mais, sans pouvoir mettre le doigt dessus, il me manque ce tout petit truc, ce minuscule déclic qui transformera cette belle lecture en vrai coup de coeur… J'espère que je l'aurai grâce aux tomes suivants !
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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Il secoua la tête d'un air apitoyé. "Plus que tout, c'est ça que je n'ai jamais compris chez vous : vous jouez aux dés et vous comprenez que le sort du jeu puisse dépendre d'un seul jet ; vous vous distrayez aux cartes et dites que la fortune amassée en une soirée peut partir en fumée sur un pli. Mais un homme, ça, vous le reniflez d'un air dégoûté et vous laissez tomber : quoi, ce néant d'humain? Ce pêcheur, ce charpentier, ce voleur, cette cuisinière, allons, mais qu'est-ce que ces gens là pourraient bien accomplir dans le vaste monde ? Et, telles des chandelles dans un courant d'air, vous vivez de petites existences crachotantes, vacillantes.
- La gloire n'est pas pour tout le monde, observai-je.
- En es-tu sûr, Fitz ? En es-tu sûr ? A quoi bon une petite vie qui ne change rien à la vie du monde ? Je ne conçois rien de plus triste. Pourquoi une mère ne se dirait-elle pas : Si j'élève cet enfant, si je l'aime, si je l'entoure d'affection, il mènera une existence où il dispensera le bonheur autour de lui, et ainsi j'aurais changé le monde ? Pourquoi le fermier qui plante une graine ne déclarerait-il pas à son voisin : Cette graine que je plante nourrira quelqu'un, et c'est ainsi que je change le monde aujourd'hui ?
- C'est de le philosophie, fou. Je n'ai jamais eu le temps d'étudier ces choses là.
- Non, Fitz : c'est la vie. Et nul ne peut se permettre de ne pas y penser. La moindre créature doit en avoir conscience, songer au moindre battement de son coeur. Sinon, à quoi sert de se lever chaque matin ?
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Burrich m'avait protégé ; Umbre aussi, et même Vérité, à sa façon ; et, naturellement, Subtil m'avait fait jurer allégeance très tôt. Mais tous, chacun à sa manière, avaient à gagner à ma survie. Même Burrich aurait considéré comme un camouflet que je me fasse tuer alors que j'étais sous sa garde. Seule cette femme, qui aurait eu toutes les raisons de me détester, était venue assurer ma protection pour moi-même. Souvent, elle se montrait tête en l'air, indiscrète, voire parfois excessivement agaçante ; mais, lorsque nos regards se croisèrent, je sus qu'elle avait abattu la dernière muraille que j'avais maintenue entre nous. Je doutais fort que sa présence eût découragé si peu que ce soit les mauvaises volonté pour me nuire ; son intérêt pour moi avait dû constituer pour Royal un rappel constant de mon ascendance. Cependant, ce n'était pas le geste, mais l'intention qui m'émouvait. Elle avait renoncé à son existence paisible, à ses vergers, à ses jardins et à ses bois, pour s'installer ici, dans cet humide château de pierre juché sur des falaises au-dessus de la mer, dans une cour remplie de gens qui ne l'intéressaient pas, pour veiller sur le bâtard de son époux.
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Il secoua la tête d’un air apitoyé. « Plus que tout, c’est ça que je n’ai jamais compris chez vous : vous jouez aux dés et vous comprenez que le sort du jeu puisse dépendre d’un seul jet ; vous vous distrayez aux cartes et dites que la fortune amassée en une soirée peut partir en fumée sur un pli. Mais un homme, ça, vous le reniflez d’un air dégoûté et vous laissez tomber : quoi, ce néant d’humain ? Ce pêcheur, ce charpentier, ce voleur, cette cuisinière, allons, mais qu’est-ce que ces gens-là pourraient bien accomplir dans le vaste monde ? Et, telles des chandelles dans un courant d’air, vous vivez de petites existences crachotantes, vacillantes.
— La gloire n’est pas pour tout le monde, observai-je.
— En es-tu sûr, Fitz ? En es-tu sûr ? A quoi bon une petite vie qui ne change rien à la grande vie du monde ? Je ne conçois rien de plus triste. Pourquoi une mère ne se dirait-elle pas : Si j’élève bien cet enfant, si je l’aime, si je l’entoure d’affection, il mènera une existence où il dispensera le bonheur autour de lui, et ainsi j’aurai changé le monde ? Pourquoi le fermier qui plante une graine ne déclarerait-il pas à son voisin : Cette graine que je plante nourrira quelqu’un, et c’est ainsi que je change le monde aujourd’hui ?
— C’est de la philosophie, fou. Je n’ai jamais eu le temps d’étudier ces choses-là.
— Non, Fitz : c’est la vie. Et nul ne peut se permettre de ne pas y penser. La moindre créature doit en avoir conscience, songer au moindre battement de son cœur. Sinon, à quoi sert de se lever chaque matin ?
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La nuit, je courais comme un loup.
La première fois, je crus que je faisais un rêve particulièrement réaliste : la vaste étendue de neige blanche que l'ombre des arbres maculait d'encre noire, les odeurs fugitives transportées par le vent, la joie ridicule de bondir et de fouir derrière les musaraignes qui s'aventuraient hors de leurs terriers d'hiver... Je me réveillai l'esprit clair et de bonne humeur.
Mais la nuit suivante, je fis un rêve tout aussi réaliste. Je compris alors que, lorsque j'isolais mon Art pour ne pas émettre inconsciemment et, par là, que je m'empêchais de rêver de Molly, je m'ouvrais tout grand aux pensées nocturnes du loup. Là se trouvait tout un royaume dans lequel Vérité ni aucun artiseur ne pouvait me suivre. C'était un monde où n'existaient ni intrigues de cour, ni complots, ni soucis, ni projets. Mon loup vivait dans le présent. Son esprit était vide des accumulations de détails des souvenirs. D'un jour à l'autre, il ne conservait que l'indispensable à sa survie. Il ne se rappelait pas combien de musaraignes il avait tuées deux jours plus tôt, mais il gardait en mémoire des éléments plus généraux, tels que les sentes que préféraient les lapins ou les endroits où le ruisseau coulait assez vite pour ne jamais geler.
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“Personne ne peut connaître l’avenir.”
Son sourire s’accrut. “Ah oui ? fit-il dans un souffle. Quelque part, peut-être, Fitz, est-il écrit tout ce qui constitue l’avenir. Pas écrit par une seule personne, attention, mais si tous les signes, les visions, les prémonitions et les augures de toute une race étaient couchés sur le papier, reliés les uns aux autres avec leurs correspondances, ce peuple ne pourrait-il pas élaborer un métier à tisser sur lequel s’étendrait la tapisserie de l’avenir ?
- Ridicule ! Comment saurait-on si tout ce qu’elle contient est vrai ?
- Si un tel métier venait à être créé et une telle tapisserie de prédictions à être tissée, non sur quelques années, mais sur des millénaires, on pourrait observer au bout de quelque temps qu’elle offre des prédictions étonnamment exactes. Dis-toi bien que ceux qui tiennent ces archives sont d’une autre espèce, à l’exceptionnelle longévité ; une espèce pâle et belle qui mêle parfois son sang à celui des hommes. Et alors…” Il tournoya sur lui-même, soudain folâtre et insupportablement content de lui-même. “Et alors, certains naissent, si clairement marqués que l’histoire ne peut que les appeler, qu’ils doivent partir en quête de leur place dans cette histoire future. Et il se peut même qu’on les encourage à examiner cette place, ce point de jonction de cent fils, et qu’ils disent : Ces fils, là, je vais les tordre et, ce faisant, je vais modifier la tapisserie, gauchir la trame, changer la couleur de l’avenir. Je vais transformer la destinée du monde.”
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