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Critique de Arakasi


Treize ans que je n'avais pas ouvert un roman de « L'assassin royal »… Il faut dire que ma première tentative de lecture du cycle s'était soldée par un échec. Pas un échec retentissant et sanglant, plutôt un sentiment de lassitude générale qui m'avait fait abandonner la saga avant d'avoir terminé le premier cycle des aventures de Fitz. Depuis, on n'a pas cessé de me répéter que « L'assassin royal » c'était quand même vachement bien et que j'avais eu tort de déposer les armes si rapidement, mais le nombre alarmant de volumes à rattraper avait découragé mes tentations de relecture jusqu'à aujourd'hui. Et puis, il y a une semaine, je suis tombée sur le premier intégral poche sur les étagères d'une librairie d'occasions. Faut avouer qu'il avait de la gueule, cet intégral, et après l'avoir tripoté dans tous les sens pendant quelques minutes, j'ai fini par quitter la librairie avec le roman sous le bras parce que je suis de ces gens qu'un pavé de 1100 pages effraie moins que trois tomes contenant le nombre de pages équivalents. Au pire et si ma seconde lecture se révélait aussi décevante que la première, j'avais au moins la satisfaction d'avoir déjoué les plans de l'ignoble éditeur Pygmalion et de ses opus massacrés vendus vingt balles l'unité.

Mais le pire ne s'est pas produit – Alléluia, paix et prospérité aux éditeurs de bonne volonté ! – et, à ma vive et agréable surprise, j'ai pris un très grand plaisir à la lecture de ce premier intégral. Fitz le Bâtard royal n'a guère changé pendant cette longue période où je l'ai délaissé, mais ses aventures et son univers ont acquis un nouveau charme à mes yeux. En faisant s'exprimer son personnage principal à la première personne, Robin Hobb a pris un risque non négligeable, car un unique narrateur sur plusieurs milliers de pages peut facilement lasser la patience du lecteur, surtout quand il se montre occasionnellement aussi bouché et hésitant que l'ami Fitz. Pourtant, Hobb a su avec élégance relever le défi : son Fitzounnet a des défauts certes, dont certains franchement agaçants, mais il est aussi si humain, si sympathique, si réaliste et compréhensible dans ses aspirations et ses souffrances que l'on ne peut que s'attacher profondément à lui.

On suit donc avec un intense intérêt son arrivée à la cour de Castelserf, capitale du royaume de Six Duchés où, du haut de ses six ans, le petit Fitz vient de mettre une pagaille monstre. Fils bâtard du fils aîné du roi, le prince Chevalerie, le petit garçon pousse par sa seule existence celui-ci à renoncer à sa charge d'héritier. On pourrait se débarrasser de l'enfant importun, lui trancher la gorge et l'enterrer dans un coin où il ne pourrait plus nuire aux intérêts de la Couronne… Mais non, le roi Subtil a d'autres projets pour lui. Loin d'être assassiné, l'enfant sera donc élevé à la cour royale où il recevra une éducation très particulière destinée à faire de lui l'homme lige du roi, son arme cachée, sa carte dissimulée dans sa manche, en clair : son assassin personnel. Ainsi débute la vie fort mouvementée du jeune Fitz, une vie qui sera riche en intrigues politiques et guerrières, trahisons, aventures et, bien entendu, en sang versé.

Il serait longuet de lister tous les points forts de ce premier intégral – un univers classique mais riche et bien posé, un scénario solidement ficelé, une utilisation de la magie fine et originale… – je ne me concentrerai donc que sur deux d'entre eux, ceux qui m'ont le plus séduite et qui me pousseront sans tarder à m'attaquer à la suite de la saga. D'abord, le très beau style de l'auteur : sensible, efficace et d'une rare qualité pour un roman de fantasy, il emporte facilement le lecteur et parvient à créer un puissant lien d'empathie avec le personnage principal, tout en étant d'un abord tout à fait accessible. Ensuite, la richesse et la nuance des protagonistes secondaires. La chose n'est pas aisée pour un livre entièrement à la première personne, mais Hobb arrive à les rendre aussi forts et marquants que son héros. On partage avec enthousiasme les affections et les antipathies de Fitz : son amitié complexe et bourrue avec le rugueux Burrich, sa fidélité sans borne pour le prince Vérité, sa fascination pour l'intriguant Fou du roi Subtil, sa haine pour cette raclure de bidet de prince Royal…

Tout en étant un peu plus manichéen et pas aussi grinçant que la saga du « Trône de Fer » à laquelle je l'ai souvent vu comparé, « L'assassin royal » s'annonce donc comme une oeuvre de grande qualité. Assez enthousiasmée par ce premier intégral, j'ai poussé la faiblesse jusqu'à acheter plein pot le deuxième. Je ne m'y attaquerai pas tout de suite, car j'ai besoin de respirer un peu en alternant avec des romans plus courts, mais il me fait méchamment de l'oeil et je ne résisterai probablement pas très longtemps à la tentation.
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