Le Soldat chamane - Intégrale, tome 2

Difficile d'avoir un avis sur ce tome : la plume de Robin Hobb est toujours aussi qualitative, le récit est fluide, riche en émotion, et l'histoire prend plusieurs tournants inattendus.

Oui mais voilà : ce cycle là souffre de la comparaison avec l'autre grande saga de l'auteur, l'assassin royal et ses suites. L'univers est complexe, les personnages secondaires attachants et intriguants, le récit comporte plusieurs twists très bien senti... Finalement, mon soucis, c'est que Jamère Burvelle, personnage principal de la saga, est tout simplement agaçant. Il a beau être maltraité tout le long de l'opus, je ne parviens pas à m'attacher au protagoniste principal : vas-y que je réfléchis, que je fais un pas en avant, un pas en arrière, et que je réfléchis de nouveau. du coup, une grande partie du livre semble stagner, sans but et sans grand intérêt.

Reste que Robin Hobb parvient à créer une ouverture et une fin de tome suffisamment "catchy" pour avoir envie de continuer, et des twists malins et bien distillés tout au long de l'ouvrage pour maintenir un certain intérêt à défaut d'un intérêt certain. le troisième tome sera donc lu avec un plaisir teinté d'une pointe de lassitude.

--- Le tome de l'indécision ---

Comme vous avez pu le constater, ma note est légèrement inférieure à celle de la première intégrale. Pour quelle raison ? En vérité, même si j'ai apprécié ma lecture, je lui ai trouvé quelques faiblesses. En effet, corrompu par la magie, Jamère prend du poids tout au long du récit, sans jamais s'arrêter.

Mais peut-être est-ce sa faute, finalement ? Peut-être ne fait-il pas suffisamment d'efforts pour perdre son embonpoint ? À moins que ça ne soit une conséquence indirecte de la peste ocellionne ? Pourtant, les autres victimes ont maigri au point de n'avoir plus que la peau sur les os. Dans ce cas, est-ce vraiment la magie la responsable ?

Voici donc un aperçu de ce qui vous attend dans ce volet ; des milliards de questions et une infinité de doutes, mais pas de certitudes. Inlassablement, Jamère est en proie aux mêmes réflexions. Et dès qu'il parvient à une conclusion, il change aussitôt d'avis le lendemain.

Vous l'aurez donc compris, ces redondances m'ont un peu frustrée. Néanmoins, en dépit de ces longueurs, les choses évoluent, ce qui a permis de maintenir mon attention. Et puis, il faut l'avouer : il n'y a que Robin Hobb pour rendre une prise de poids et un appétit vorace aussi intéressants !

--- Lentement, mais sûrement… ---

…on change de direction. Une fois encore, l'auteure m'a surprise par quelques rebondissements inattendus. Alors que le destin de Jamère semblait tout tracé, il emprunte finalement un autre chemin. Or, quand on s'en aperçoit, il est déjà trop tard ; il faut faire face aux conséquences aux côtés de notre cher héros. Celui-ci a d'ailleurs été victime de tant d'injustices que j'ai été révoltée, parfois plus que lui. Je crois que je ne verrai plus jamais les personnes obèses de la même manière, après ça…

En fin de compte, bien que je regrette l'ambiance politique et les intrigues de l'École de la première intégrale, le scénario de celle-ci m'a emballée !

--- Des personnages aux multiples facettes ---

Je l'avais déjà souligné dans ma chronique précédente, mais Robin Hobb n'a pas son pareil pour créer des personnages réellement aboutis. Elle en fait encore la preuve ici, d'abord avec le père de Jamère, que l'on découvre sous un autre jour. J'avais beau le savoir intraitable avec son fils, je l'ai trouvé… eh bien oui, carrément cruel.

Puis il y a eu Amzil, dont la personnalité balance entre l'indépendance farouche et le besoin de s'appuyer sur un homme fort. Au début, je ne savais pas trop quoi en penser, mais elle a su me convaincre de son bon fond. Enfin, j'ai retrouvé avec plaisir Épinie et Spic, deux de mes personnages favoris dans la première intégrale.

À présent, j'attends de voir ce que me réserve la troisième…
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Jamère change radicalement d'apparence et là nous assistons à son rejet par ses pairs et l'ensemble de la société. C'est une nouvelle vie qui commence pour lui, une vie d'humiliations. J'ai trouvé qu'à travers les Bejawis, les kidonas, l'auteur collait d'un peu trop près à notre réalité en copiant par exemple la cause indienne ou les tribus d'Amazonie. J'aurais préféré être plus dans l'imaginaire. Par contre j'aime beaucoup ce plaidoyer sur l'environnement, Robin Hobb était en avance sur son temps avec ses pages sur la vie des arbres de la forêt.

Cette partie de l'histoire traîne en longueur, c'est long, très long...
Je ne vais pas vous spoil, mais le héros doit faire un choix et il s'y refuse.
Tout tourne autour de ça.
On vis sa vie, ses tergiversations permanentes bref, on est dans son indécision et pas qu'au début, non non, pendant tout le livre ^^

Les aventures du personnage principal étaient captivantes jusqu'au moment où d'attachant, il devient tout simplement repoussant. L'auteur a tellement réussi à nous le faire comprendre que même le lecteur en a le dédain... Dans un tel contexte, il fut difficile de ne pas passer les pages, encore et encore, dans l'espérance (qui pâlit incontestablement au fil de la lecture) que le personnage redeviendra tel qu'on nous l'avait fait miroiter dans la première partie de son histoire. C'est une bien navrante déroute pour une série qui avait une si belle lancée.