Je remplis d’eau ma bouilloire et la mis à chauffer, suspendue à son crochet pivotant, puis, aussi prudemment que j’eusse traité un panier plein de serpents, j’ouvris le couvercle tressé. D’ineffables arômes forestiers frappèrent mes narines.
- Mais n’importe quel avenir peut exister ! répondit-elle en riant. Tu dis des bêtises. Comment un avenir pourrait-il être impossible ? Possèdes-tu les pouvoirs des dieux ?
« Ces arbres immenses étaient les aïeux du peuple ocellion, au sens propre, et, quand nous les coupions, nous tuions ses conseillers, les gardiens de la sagesse des siècles passés, des êtres sacrés ; nous leur avions déclaré la guerre sans nous en rendre compte. »
Manifestement, on accorde beaucoup plus d’importance à la Route du roi qu’au droit de nos soldats à reposer dignement lorsqu’ils meurent dans cette terre perdue.
« Demain je commencerai à mourir. Il leur faudra des jours pour me tuer, je le sais, j’ai assisté à ce qui s’est passé avant. Il est peut-être trop tard pour que tu me sauves, aussi ne te le demandé-je pas pour moi mais pour ceux dont les rangs se dressent derrière moi. » …………