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Critique de Ys


Ca commence à sentir sévèrement le roussi pour la famille Vestrit. Les conneries de Kyle ont porté leurs fruits et voici la pauvre Vivacia capturée par les pirates. Bon. Il faut bien avouer que si la nouvelle promet de tomber comme un pavé dans la mare à Terrilville, la nef elle-même gagne plutôt au changement : plus d'esclaves dans ses cales, un équipage de marins compétents pour la mener et à sa tête, un capitaine charmeur en diable, bien décidé à la séduire. Kennit lui-même, eh oui, un peu diminué par sa confrontation avec un serpent de mer mais de plus en plus ambigu et intéressant à mesure qu'avance l'histoire, que se révèlent des fragments de son passé et que se noue avec Hiémain une relation mêlée de sentiments complexes.
Pendant ce temps, Althéa entreprend de regagner le domicile familial et les femmes de la maison, mère, fille et petite-fille, se débattent contre une situation financière de plus en plus inconfortable, que seul le retour de Vivacia pourrait encore rétablir. Bientôt, la jeune Malta va devoir comprendre que son cher papa n'est pas près de venir à sa rescousse et que battre des cils devant un homme, aussi puissant soit-il, est toujours moins efficace que prendre les choses en main soi-même. Bientôt, le seul espoir de la famille sera d'aller reconquérir le navire à ses ravisseurs - et pour cela de monter l'entreprise la plus audacieuse, la plus folle, la plus désespérée, que la cité ait connue depuis bien longtemps. Réarmer un vieux navire délabré, aveugle, maudit et aux trois-quarts cinglé, pour aller affronter les pirates avec un équipage au rabais : voilà une aventure digne des premiers pionniers eux-mêmes !

Une suite toujours très accrocheuse, qui sans totalement laisser de côté l'action et les rebondissements, fait surtout la part belle à l'évolution des personnages, à l'approfondissement de l'univers. Déchiré entre ses principes, l'attachement viscéral qu'il voue à son navire et la relation ambiguë qui le lie au capitaine Kennit, Hiémain est plus attachant que jamais, et de manière générale, les personnages qui me plaisaient au premier tome tendent à suivre leurs promesses. Mais j'ai été surtout très agréablement surprise par l'évolution de Malta, qui en quelque 800 pages de déboires passe de gamine gâtée exaspérante à adolescente volontaire et courageuse. La manière dont son intelligence, dévoyée au début sur des caprices futiles, se recentre et se polit peu à peu, à mesure des événements et des expériences, est sans doute une des meilleures réussites du roman.
Autre belle découverte est celle du fleuve des Pluies et de sa cité enfouie d'où l'on extrait le bois sorcier. Un lieu inquiétant, mal connu, peuplé de souvenirs obsédants, où une voix antique refuse de s'éteindre, lutte de tout son pouvoir pour renaître à la vie. Les liens qui se révèlent peu à peu entre ce monde englouti, les vivenefs et les serpents de mer sont tout à fait fascinants, et confèrent une poésie macabre assez puissante à l'univers entier, à sa magie.

Un seul regret : que tout cela ne soit pas mieux écrit, dans une langue plus poétique et moins facile, une langue qui ne sonne pas parfois un peu kitsch à la traduction, et sur des ficelles qui sentent un peu moins les techniques d'atelier d'écriture. Mais je suppose que c'est un peu une fatalité, sur des grands cycles comme celui-ci...
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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