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Critique de Musa_aka_Cthulie


Cette seconde aventure de Richard Burton et Algernon Swinburne constitue un délicieux divertissement, qui relève en partie du roman policier, mais dans le plus pur style steampunk. En 1862, dans un Londres de type victorien mais bien uchronique, où les expérimentations délirantes des scientifiques vont bon train, l'agent de la Couronne Richard Burton est amené à enquêter sur le retour suspect de l'héritier d'une grande famille aristocratique, jusqu'alors porté disparu.

Le duo du tourmenté Burton et du fantaisiste Swinburne fonctionne bien, mais c'est surtout pour la profusion de références à la culture populaire et la manière dont Mark Hodder en joue que le roman vaut le détour. On retrouve l'ambiance ludique et débridée des tout débuts du genre, mais, pour le bien du lecteur, l'auteur ne se perd pas dans les divagations qui faisaient les défauts des Voies d'Anubis. C'est un régal pour les amateurs de steampunk de naviguer entre les nombreux clins d'oeil historiques (notons par exemple la Folk's wagen) et artistiques, avec une mention particulière pour Frankenstein et le cinéma d'horreur : Romero et les slaughters sont à l'honneur et le roman prend, après quelques centaines de pages, une tournure carrément gore ; ce qui se révèle par moments assez drôle. Je soupçonne même Mark Hodder d'avoir voulu égratigner Harry Potter - ce qui n'est pas pour me déplaire - avec ses perroquets qui délivrent des messages tout en insultant copieusement les destinataires.

Mais l'exubérance, voire la frénésie du roman, qui se déchaîne peu à peu, en constitue à la fois les qualités et les défauts. le jeu des références à la culture populaires se transforme en véritable avalanche, sans parler des phénomènes surnaturels et fantastiques convoqués : sorcière, fantôme, corps astral, hypnose, zombi, et j'en passe, peuplent le récit jusqu'à l'asphyxie. C'est un peu dommage. D'autre part, trop de pages sont à mon sens consacrées à la révolte populaire qui éclate dans Londres et se transforme en carnage : ça devient vite assez répétitif. Pour ces raisons, la narration commence à traîner en longueur aux alentours de la page 300.

En revanche, Mark Hodder ne s'est pas servi du thème scientifique comme simple décorum ; il en fait aussi la base d'une critique sociale et politique, certes légère - L'étrange cas de l'homme mécanique reste un divertissement. D'ailleurs, le roman, s'il adopte un aspect résolument ludique, n'est pas sans générer également une certaine mélancolie, à l'image de son personnage Richard Burton. Mais, surtout, Mark Hodder ne se prend pas au sérieux et, si l'histoire aurait gagné à être travaillée de façon plus rigoureuse, le style reste plutôt sobre, à l'inverse de ce que proposent des écrivains comme Mathieu Gaborit, Fabrice Colin ou (pire!) China Miéville, pour ne citer qu'eux.

Un regret : c'est la première enquête de Burton et Swinburne que je lis, alors qu'elle arrive en second dans la bibliographie de l'auteur. Et je pense qu'il vaut mieux, si l'on peut, s'attaquer d'abord à L'étrange affaire de Spring Helled Jack.
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