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EAN : 9782843625558
255 pages
Terre de brume (26/02/2015)
3.94/5   24 notes
Résumé :


Voici un livre des plus étranges.
Il est d’un auteur anglais, William Hope Hodgson, qui mourut trop jeune — tué sur le front en avril 1918 —, pour avoir pu donner toute sa mesure. Mais si son œuvre est courte, elle témoigne d’une rare originalité.
Dès que l’on parle de littérature de la mer, les premiers noms qui viennent à l’esprit sont ceux de Joseph Conrad et d’Herman Melville. Pour eux, la mer n’est pas le décor d’une aventu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Il y a tout juste un an, je faisais part ici de mon enthousiasme à la découverte d'Hodgson et de sa Maison au bord du monde. J'avais alors conçu quelque vergogne de ne point m'être intéressé plus tôt à La Chose dans les algues, qui dormait depuis longtemps dans ma bibliothèque, au prétexte que j'apprécie peu la forme (trop) courte de la nouvelle. L'accroc est réparé avec bonheur, et je ne regrette pas d'avoir surmonté ma réticence pour ce genre de recueils.

Hodgson écrit les textes qui composent cet ouvrage dans les toutes premières années du XXème siècle. Sans doute faut-il s'efforcer de retrouver sa virginité pour les apprécier pleinement (sa virginité de lecteur, veux-je dire). En d'autres termes : oublier que l'on a déjà lu Lovecraft, Derleth et leurs épigones ; oublier aussi que depuis cinquante ans, on s'est goinfré déraisonnablement d'horreurs visqueuses et autres abominations gluantes, dans des tonnes de films et de séries dont on peine aujourd'hui à dresser la liste. Il faudra faire aussi l'économie d'une préface à gros sabots, qui n'hésite pas à se vautrer dans la tarte à la crème de l'éternelle vocation maritime de la littérature anglaise. de telles préfaces sont capables de gâcher un livre à elles seules. C'est au prix de ces précautions préalables qu'on tirera la saveur de ces récits, tel l'historien qui se plonge dans un temps lointain en prenant garde d'écarter les facilités téléologiques.

Toutes ces nouvelles se déroulent en mer, aux derniers temps de la marine à voile. Plusieurs se répondent, se complètent et s'enrichissent, quitte parfois à se répéter un peu. Quelques personnages se retrouvent de l'une à l'autre, certains hauts en couleurs bien que stéréotypés. On retrouve surtout des thématiques qui donnent une incontestable cohérence au fantastique d'Hodgson. Ce dernier sait faire naître l'épouvante avec peu de choses. Tout son art est d'atmosphère, et il a déjà compris qu'en matière d'angoisse, moins on en montre et plus on impressionne... Ambiances de brumes fantomatiques et de brouillards poisseux, calmes plats et silences oppressants, dans lesquels la moindre sonorité devient inquiétante... C'est là qu'Hodgson excelle vraiment : des tableaux où il ne se passe objectivement pas grand chose, mais dans lesquels le récit est sous-tendu par l'attente et l'anxiété. Appliquant sa recette jusqu'au bout, l'auteur retarde au maximum le surgissement de ses créatures : chez Hodgson, c'est par les bruits que les monstres encore invisibles révèlent leur approche, procédé qui est ici maîtrisé avec un vrai talent.

Évidemment, il faut bien que l'attente débouche sur quelque chose. de ce point de vue, certaines créatures imaginées par Hodgson peuvent se révéler en fin de compte assez conventionnelles, quoique délicieusement effrayantes. Mais d'autres, par exemple dans L'Épave, sont nettement plus impressionnantes, témoignant d'une imagination aussi débridée qu'inquiétante. On comprend mieux, devant ces horreurs organiques surgies des tréfonds marins, pourquoi Lovecraft a reconnu Hodgson comme l'un de ses maîtres, et on peut même parier dans la foulée que des gens tels que John Carpenter ont été en leur jeune temps de fervents lecteurs de l'écrivain anglais.

Pour terminer, il faut relever dans cet ensemble quelques nouvelles qui témoignent d'une inspiration un peu différente, peut-être plus proche d'un réalisme fantastique à la française. Des textes comme Les Chevaux marins ou le Dernier voyage du Shamraken renvoient en effet à la possibilité jamais écartée d'une explication rationnelle du fantastique. Dans ces textes moins spectaculaires mais très touchants, Hodgson semble livrer une sorte de confession : le fantastique, suggère-t-il, n'est peut-être que la projection inconsciente d'un désir altéré par l'imagination. Mais que le fantastique relève ou non d'un processus hallucinatoire n'enlève rien à son pouvoir : il assure en somme qu'il nous reste toujours une porte de sortie lorsque le réel devient objet de souffrance. J'avoue pour ma part que je trouve cette morale assez réconfortante.
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Ce livre est un sursaut, suivi d'un long ennui !
Sursaut d'incrédulité, provoqué, d'abord, dans la courte préface, par "quelques vérités assez évidentes, et pénibles pour beaucoup, sur lesquelles Mr Jacques Baron estime qu'il n'est pas nécessaire d'insister".
Il me viendrait bien, à moi, l'envie d'insister.
Si j'osais.
Car n'est-ce pas méconnaître la littérature française, que d'écrire :
"Il s'ensuit que le vent de la mer souffle sur la littérature anglaise alors qu'il effleure à peine la française".
Et, comme si ça ne suffisait pas, d'ajouter :
"Mais si la littérature maritime française compte quelques écrivains de grande valeur, elle n'a pas reflété le destin de la nation".
N'est-ce pas oublier que le grand Hugo, lui-même, vint, dans les temps modernes, ouvrir l'horizon du genre avec "Les travailleurs de la mer" ?
N'est-ce pas dédaigner l'immense Jules Verne qui parcourut 20.000 lieues, et plus, jusqu'au phare du bout du monde ?
Que peuvent donc bien en penser messieurs Loti, Monfreid, Moitessier, Farrère, Queffélec, Peisson, Vercel, Bombard, de la Pérouse, La Prairie, Chack, Dupé, Mac Orlan, Feuga, Lepotier, Antier, Exquemelin, Merrien, Guichard, Guierre, Larrouy et quelques autres non moins talentueux ?
Que Dieu me savonne et que Francis Lacassin me pardonne !
L'art de la préface est un art délicat.
Il supporte difficilement la "bourde".
Pour le reste, ce recueil contient 13 textes : "les chevaux marins", "l'épave", "la chose dans les algues", "de la mer immobile", "le cinquième message", "l'île de UD", "la voix dans la nuit", "l'aventure du promontoire", "le mystère de l'épave", "le dernier voyage du Shamraken", "le bateau de Pierre", "l'équipage du Lancing" et "les habitants de l'îlot du milieu".
Aucun n'arrive jamais à effleurer l'intérêt.
Les ressorts d'intrigue y sont détendues par de trop nombreuses longueurs, par un vocabulaire marin décalé qui a saveur de fleur artificielle, par un style médiocre ou mal traduit et par un manque d'imagination laissant, dans une sorte de fantastique délayé, le lecteur sur sa faim .
Quelle déception ...

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Ce recueil, dont j'aime particulièrement la couverture, recèle diverses nouvelles de William Hope Hodgson, l'auteur de la Maison au bord du monde. Les meilleures du recueil sont certainement L'Épave et La Voix dans la nuit, ce sont d'ailleurs les deux nouvelles qui m'ont convaincu d'explorer l'oeuvre de Hodgson plus en détail. On trouve à la fin du bouquin deux courtes aventures de Carnacki, enquêteur du surnaturel, mais j'avoue ne même pas être allé au bout de la première. Ceci dit, il y a du bon là-dedans, mais du passable aussi. D'autres nouvelles maritimes dans L'Horreur tropicale.

Les Chevaux marins (The Sea Horses) ouvre le bal en opposition totale au ton annoncé par la couverture. Loin de toute créature tentaculaire, un jeune garçon habite chez son grand-père qui lui raconte histoires extraordinaires sur les chevaux marins. le garçon se prend au jeu, d'autant plus que le grand-père lui construit un charmant petit cheval marin en bois. Pour fuir une épidémie, ils vont se réfugier sur le bateau du grand-père, qui est plongeur. le gamin, vraiment, se prend trop au jeu... Une nouvelle étonnante par sa sensibilité. le gamin est franchement un sale gosse, le grand-père est renfrogné et pas bavard, mais ils sont très humains et leur relation parait naturelle. On est face à l'enfance et à la puissance des histoires, l'imagination pouvant encore prendre le pas sur la réalité. J'aurais aimé savoir pourquoi le grand-père est sous-marinier (mais qu'est-ce qu'il fait pendant tout ce temps sous l'eau ?!) et la fin est un peu too much. Ceci dit, Hodgson déploie là un talent inattendu de conteur. La fin, très sombre, est ponctuée par une vision chrétienne de l'après-vie que j'interprète comme n'étant que les hallucinations d'un grand-père déchiré par la douleur et affaibli et son activité sous-marine immodéré. À mes yeux Hogson ne peut qu'être matérialiste, ce qui rend cette fin d'autant plus habile de sa part : il écrit les croyances de son personnage tout en s'en distançant.

La nouvelle éponyme, La Chose dans les algues (The Thing in the Weeds, 1912), revient aux tentacules auxquels on s'attend. Mais sa forme est étonnamment moderne : on a vraiment l'impression de retrouver la structure d'un bon film de monstre à la Alien. Dans la mer des Sargasses, un navire se fait comme d'habitude attaquer par un vil poulpe géant, mais cette fois le ton est tout en retenue. Pendant la majeure partie du récit, on ne voit pas le monstre, c'est une forme vague qui rôde dans les ténèbres, on le devine, on le sent, on l'entend, il crée la terreur, mais impossible d'être certain de quoi que ce soit. Dommage que la fin ne parvienne pas à parachever cette montée de la tension, mais j'ai beaucoup apprécié cette nouvelle qui ressemble à un prototype bien foutu du genre "film d'horreur à monstre".

De la mer immobile (From the Tideless Sea, 1906) est, je crois, la première nouvelle de Hodgson à mettre en scène la mer des Sargasses. On retrouve donc des ingrédients familiers, algues et poulpes, et si la narration parvient à mettre en scène une certaine tension, Hodgson a fait mieux par la suite. Reste la bonne idée de ce pauvre couple bloqué pendant des années dans la mer des Sargasses. le Cinquième message (From the Tideless Sea Part Two: Further News of the Homebird, 1907) en est la suite directe, et si on pouvait espérer un développement de cette situation, c'est plutôt décevant : la narrateur est toujours bloqué sur le navire avec sa femme et sa jeune fille, mais il ne se passe rien d'autre qu'un jeu de cache-cache avec un énième monstre qui n'a rien d'unique à offrir.

Dans L'Île de Ud (The Island of the Ud, 1912), on passe à se la chasse au trésor. Les deux personnages, un capitaine alcoolique et violent et un jeune mousse, ne font pas oublier la banalité de l'aventure : ile mystérieuse, autochtones agressifs et plus ou moins bestiaux, jolie jeune femme sacrifiée à un crabe géant... Bof bof. L'Aventure au promontoire (The Adventure of the Headland, 1912) reprend les mêmes personnages et la même structure avec un peu plus de succès. L'accent est vraiment mit sur la relation entre le capitaine lunatique et le mousse débrouillard, qui passent leur temps à se chamailler, même pourchassés.

Le Mystère de l'épave (The Mystery of the Derelict, 1907) est une nouvelle variation sur la mer des Sargasses. Épave et rats géants. Parfaitement oubliable. Par contre, le Dernier voyage du Shamraken (The Shamraken Homeward-Bounder) revient à une sensibilité qui rappelle la première nouvelle de ce recueil. le Shamraken est un antique navire avec un équipage tout aussi antique : le mousse a 55 ans et tous les autres sont encore plus vieux. Ils font leur dernier voyage et ils s'inquiètent pour la retraite forcée qui les attend : après tout, la navigation est toute leur vie, il n'y rien pour eux à terre. Mais voilà qu'un étrange brouillard se lève, une ambiance mystique tombe sur le navire, d'autres phénomènes étranges se montrent : les vieux marins, rendus larmoyants par l'émotion, sont persuadés d'être devant les portes du paradis. Eh non : ce n'était que le début d'un typhon. Alors ils meurent tous, mais pas de signe du paradis. Un excellent petit récit, drôle et touchant

Le Bateau de pierre (The Stone Ship) semble tout d'abord être une énième aventure maritime : une étrange épave, de méchants monstres... La nouvelle prend du temps à décoller, mais on se rend bientôt compte qu'on est dans une veine différente qui commence à me sembler récurrente chez Hodgson : la puissance de l'imagination humaine. En effet, par la suite, tous les évènements sont expliqués rationnellement : le navire de pierre était en fait une vieille épave minéralisée remontée par un glissement de terrain sous-marin, les hommes de pierre n'étaient que des cadavres minéralisés mais recouverts par des limaces de mer qui donnaient une impression de mouvement... Et j'ai vraiment l'impression de voir comment Lovecraft a pu en tirer des leçons. Après tout, il aime bien les antiquités surgies du fond des mers par des glissements de terrain (Dagon, L'Appel de Cthulhu) et chez lui aussi ces choses étranges s'expliquent rationnellement. Hélas, retour à du plus que médiocre avec L'Équipage du Lancing (The Crew of the Lancing). Il y a une éruption volcanique sous-marine, seul point intéressant, mais Hodgson n'en fait rien : navire hanté, vils montres et ennui. Les Habitants de l'îlot du milieu (The Habitants of Middle Islet) bouscule un peu la formule et parvient à instaurer une véritable curiosité et une tension habile autour d'un navire bizarrement abandonné, mais il manque une conclusion efficace. le Monstre de l'île aux algues (The Voice in the Dawn) est une énième visite de la mer des Sargasse particulièrement dénuée d'intérêt.
Lien : http://lespagesdenomic.blogs..
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Recueil de 16 nouvelles maritimes/marines, autour de l'horreur qui rampe dans les eaux.

L'optique de W.H. Hodgson est de montrer les effets sur les cerveaux humains,sur l'humeur, sur les relations qui se délitent à mesure que l'angoisse étreint les équipages, lorsque la confiance n'opère plus. L'horreur est alors tout autant réelle qu'imaginaire... mais ses effets n'en sont pas moins dramatiques et mortels.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
- Je vais vous dire à quoi ressemble cette odeur, monseur, déclara le second.
Cela me rappelleune vieille épave sur laquelle je suis monté une fois dans l'Atlantique-Nord ...
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Je n'avais jamais rien vu de pareil. Toute la mer à bâbord était littéralement couverte de pointes rocheuses. En certains endroits, les récifs émergeaient à peine tandis qu'ailleurs ils s'élevaient comme de hautes aiguilles aux formes étranges, formant des arches ou des îlots rocheux déchiquetés.
-- Josaphat! s'écria le second lieutenant. Regardez ça! Comment avons-nous pu amener le bateau par ici sans le défoncer !
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