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Thierry de Montbrial (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782845451308
686 pages
Editions des Syrtes (19/10/2006)
4.53/5   16 notes
Résumé :

Carrefour dangereux, le Caucase est aujourd'hui l'une des régions du monde les plus convoitées. De la Tchétchénie au Daghestan et à la Géorgie, il demeure un lieu de conflits et d'affrontements. Lutte pour le pétrole, montée de l'islamisme, rébellions armées et combats pour l'indépendance : le massif montagneux qui marque la frontière de l'Europe avec l'Asie et le Moyen-Orient est aussi le champ ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il y avait un certain temps déjà que je comptais me plonger dans l'histoire oh combien tourmentée et complexe du Caucase. Mais il me manquait la bonne porte d'entrée - et aussi le courage - pour plonger dans la complexité des dizaines de peuples, des décennies de guerres et des douzaines de révoltes successives... Heureusement mes collègues, connaissant mon goût pour l'histoire, ont eu l'idée brillante de m'offrir ce magnifique pavé en cadeau de pot de départ ! Si par hasard l'un d'entre eux lit ceci, qu'il sache que je les remercie tous beaucoup.

Le monde que j'ai découvert dépasse l'imagination. Un monde nouveau, plus complexe et doté d'une histoire plus tourmentée que toute l'Europe à elle toute seule. Et encore, le livre ne la relate qu'à partir de 1816. Quand le tsar Nicolas Ier, victorieux de Napoléon, décida qu'il était temps de résorber l'anomalie caucasienne : un territoire théoriquement russe, indépendant de fait, incontrôlable à tous égards, refuge de tribus lançant des raids de pillage contre les villages des plaines. Une guerre de deux cent ans venait de commencer. Elle n'a toujours pas pris fin...

Le livre se concentre sur quelques périodes-clés. On découvre l'état théocratique mis en place par l'imam Chamil, qui pendant quinze ans résista aux armées du tsar. La phase de l'exploration et de la cartographie, le rôle qu'y jouèrent les alpinistes anglais. La seconde guerre mondiale, l'arrivée de la Wehrmacht, saluée comme une libératrice par des peuples broyés par la botte communiste, et dont les nazis avaient décidés de se faire des alliés. La riposte effroyable de Staline – déportation générale... Et pour finir, un chapitre fourni sur l'or noir.

Ce qu'on découvre, c'est qu'à bien des égards la conquête du Caucase ressemble à celle de l'ouest américain, en plus long, plus dure et bien plus sanglant. Les Wounded Knnee se comptèrent par centaine ; la Piste des Larmes est presque douce comparée à la grande expulsion des Tcherkesses. Quand à la période soviétique... Massacres sur massacres ; cinq peuples entiers déportés par wagons à bestiaux sur des milliers de kilomètres en plein hiver, puis abandonnés au milieux de la steppe. Une mortalité effroyable ; des histoires effarantes, comme celle de cet officier, héros de l'Union Soviétique, déporté, s'échappant pour retourner dans son unité et reprendre le combat...

Je n'ai fait qu'effleurer l'histoire des Karatchai, des Balkars, des Avars et de tous les autres. Mais je commence à les démêler les uns des autres, c'est déjà bien.
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L'auteur relate en détail et de manière extrêmement documentée l'histoire de cette région charnière, à la croisée des chemins les plus escarpés entre orient et occident. il part de la lutte du légendaire Chamil, héros aux multiples facettes des petits peuples caucasiens, en passant par la conquête des plus hauts sommets par les Anglais tout d'abord puis les Allemands durant la seconde guerre mondiale, en terminant par la découverte du pétrole et le partage de cet "or noir" entre les diverses grandes puissances, Russie, Etats-Unis, Europe et maintenant Chine.
Vous trouverez d'ailleurs un bon aperçu de ce récit dans l'excellente postface de Thierry de Montbrial.
Eric Hoesli, lui, relate ces faits historiques d'une manière neutre (c'est un Suisse !). Il s'agit certainement du meilleur livre sur le sujet.
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Premier livre d'enquête-fleuve du journaliste suisse sur l'histoire de la Russie. Il sera suivi 12 ans plus tard par une monumentale et captivante fresque de la conquête sibérienne.
Cet ouvrage résulte d'un travail colossal, adossé à un examen minutieux d'une montagne de sources au plus près de l'évènement. le tout est déroulé sur 900 pages, avec quelques cartes à l'appui.
La période couverte est moins exhaustive que dans le 2nd ouvrage. On débute alors que la Russie, alors tsariste, est déjà (sur le papier tout au moins) maîtresse de la région.
Le parti pris narratif est également moins linéaire que dans le second ouvrage. Mais le sujet est tellement vaste et complexe qu'il doit être difficile de trouver la meilleure formule. On peut en effet l'aborder par l'entrée ethnique, ou bien historique, ou encore thématique (économique, politique, religieuse...), ou bien géostratégique... Ici le plan est un peu moins clair que dans "L'épopée sibérienne".
Néanmoins, les informations apportées sont passionnantes, car peu voire pas divulguées par les canaux médiatiques classiques. Eric Hoesli fait ici une vraie oeuvre de journalisme, cherchant et croisant les sources, mettant en perspective, lisant sur la profondeur historique, afin d'avoir le paysage le plus complet des évènements, de leur causes et effets, tout en restant le plus neutre possible à propos de son sujet et de ses différents acteurs. Au lecteur de se faire son opinion. D'autant plus précieux que cela devient hélas rare par les temps qui courent, plus volontiers portés sur l'immédiateté radicale et l'utilisation des fait dans des buts (géo)politiques.
Outre l'histoire de la "pacification" de la région par les différents régimes russes s'étant succédé (assez classique de tout pays colonisateur), plusieurs chapitres sont particulièrement instructifs : la position géostratégique de la région dans le "grand jeu" entre les Empires Russe et Britannique, la courte période nazie, la période stalinienne, et enfin toute la géostratégies des grandes puissances à l'oeuvre pour s'assurer du contrôle des ressources pétrolières, fondement de leur pouvoir.
Plongez-vous dedans, vous comprendrez mieux (si ce n'est déjà le cas) les évènements actuels qui secouent la région. Les 900 pages passent comme une fleur, car le style est précis et vivant.
Voilà! A livre fleuve, critique fleuve! Bonne lecture.

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Magistral parcours de plus d'un siècle et demi d'histoire du Caucase et des régions voisines, steppes, Arménie Géorgie. Après avoir lu ce livre, on est mieux armés pour comprendre l'histoire des dernières années et ce qui va suivre… Cette histoire est jalonnée de massacres et de génocide : génocide des Tcherkesses (le premier de l'histoire ?, il a précédé celui des Héréros en Namibie), luttes des montagnards contre les sédentaires cosaques, luttes des peuples, clans, ethnies, contre le pouvoir russe et plus tard soviétique, les déportations par Staline et Beria (des Caucasiens) à la fin (même avant) la seconde guerre mondiale (méthodes identiques à celles de la Shoah)… L'odeur du pétrole s'immisce pendant toute cette période et continue à parfumer l'actualité…
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entremêlant histoire et géographie selon les principes d'Hérodote,ce livre,à la portée de tous, nous expliquent les enjeux de cette région
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[Le grand exode des Tcherkesses, alias Circassiens, Caucase, 1862.]

L’avance russe se fait méthodique. Remontant le cours des affluents du Kouban, les bataillons d’Evdokimov laissent derrière eux de nouvelles stanitsas cosaques, protégées par de modestes garnisons. Mois après mois, la frontière de l’empire est repoussée vers le sud et approche la ligne de crêtes sur laquelle sont réfugiés les ultimes résistants. L’occupant russe progresse de plus en plus rapidement dans cette jungle si longtemps inaccessible et fait le vide devant lui, chassant les villageois vers la côte.
« Nous tâchions d’arriver au village par surprise et nous y mettions le feu aussitôt, raconte l’officier Venioukov qui sert alors dans l’armée du Caucase. Les montagnards essayaient de se sauver comme ils pouvaient. S’ils tiraient sur nous, nous leur répondions, et comme nous étions en plus grand nombre et que nos armes de civilisés étaient meilleures que les leurs, la victoire était rapidement de notre côté. La plupart du temps, ils ne résistaient plus. Aux cris de leurs guetteurs ils disparaissaient dans la forêt.
« Combien de fois, en entrant dans une saklia [la petite hutte traditionnelles des Tcherkesses], ai-je trouvé de la soupe encore fumante sur la table, un ouvrage de femme avec une aiguille plantée dedans au dernier moment ou des jouets abandonnés sur le plancher comme s’ils venaient d’être jetés par un enfant en train de s’amuser. À l’exception d’un seul gros village dont les habitants préférèrent se rendre et acceptèrent d’aller s’installer dans la réserve destinée aux montagnards
dans les plaines du Kouban, en général nous ne trouvions que des saklias abandonnées et nous n’en laissions que des cendres. Je crois qu’au cours des trois journées d’expédition auxquelles j’ai participé, nous avons dû incendier près de soixante-dix aouls, des villages assez petits en général, dont la population ne représentait pas plus de cinq mille habitants. »
( . . . )
Dans la panique, les montagnards s’enfuient, souvent sans rien prendre avec eux. Certains sont à peine vêtus de quelques loques trouées qui ne résistent pas à la marche sur les sentiers jusqu’à la côte. Refusant jusqu’au bout de se soumettre aux conditions posées par les militaires, ils préfèrent massivement conserver leur liberté et émigrer vers la Turquie, sans savoir ce qui les attend là-bas. Les villageois traversent les forêts du massif, redescendent dans les ravines encaissées du versant méridional et viennent finalement s’entasser sur le littoral. Bientôt, la côte n’est plus qu’un immense camp de réfugiés, dépourvus de toute assistance. Dans des criques encore vierges, sur les plages de sable ou de galets, dans les ports tenus par l’armée russe, ils attendent l’arrivée d’un bateau dont le capitaine accepterait de les emmener jusqu’à Constantinople ou Trébizonde, souvent les deux seuls noms de villes connus. Le synonyme, croient-ils, de la survie et de la liberté.
Le spectacle de ces troupeaux d’émigrés, affamés, sales et désespérés, amassés face à la mer impressionne et choque tous ceux qui, à cette époque, font escale dans cette contrée lointaine de l’empire. Le contraste entre ce paysage féerique de montagnes dans la mer, d’une végétation exubérante et luxuriante aux touches parfois tropicales, et l’avalanche de ces villageois en guenilles, qui dévalent les pentes par dizaines, puis par centaines de milliers, en poussant devant eux quelques moutons et bœufs sauvés de l’anéantissement, souligne l’étendue du désastre.
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Selon ses recherches, les pertes relatives des peuples déportés s'élevaient, au mois d'octobre 1945, à 25.5 % pour les Ingouches, 29.6 % pour les Tchétchènes, 33.6 % pour les Karatchaïs, 33.8 % pour les Balkars et 43.6 % pour les Kalmykes.
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