En trois actes, ce court roman plonge le lecteur dans les abysses de la violence. Mentale et physique. La narratrice se raconte, elle observe, elle plonge dans l'horreur, abîmée, souillée, perfusée au malheur, elle décolore le monde au gris de sa terreur.
Acte 1. Une petite fille et son père. Violent, sévère, sans concession, un animal aux aguets, aucune place pour l'amour, ni la tendresse. Il gifle, il refuse, il exige.
Acte 2. Une adolescente et sa mère. Froide, indifférente, rejetante, austère. L'adolescente se montre prévenante, ses mains et sa bouche ne sont que tendresse mais la mère se referme, dénigre, crie. le dos tourné, nulle place pour l'amour.
Acte 3. Une jeune femme et son fiancé. Femme je te veux, femme je te hais, femme tu n'es qu'une chose, femme tu m'appartiens. Escalade dans la souillure et la bassesse. Nulle protection. L'amour trébuche, se passe la corde au cou.
L'amour est mutilé, broyé sous les dents des géants qui mangent les enfants, les jeunes filles.
Un roman sombre tout en allégorie, des images qui crient, des images laides qui glacent le sang. Un voyage dans l'horreur sans concession où toutes les portes sont verrouillées, condamnées.
Vite vite, donnez-moi du soleil et de l'espoir.
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Un court roman (111 pages) qui se lit en un peu plus d'une heure.
Le récit des maltraitances aussi bien physiques que psychologiques que subit la narratrice : un père autoritaire et violent, une mère rejetante, un fiancé brutal qui la bat sans que ses parents n'interviennent.
Une solitude effrayante pour cette petite fille, jeune fille, femme qui ne connaît de l'existence que la terreur, le rejet et la violence et qui n'a pu trouver la force de se révolter, véritable souffre douleurs depuis sa naissance.
Une écriture ciselée comme un bijou d'orfèvre, droite, nette, sans fioritures ni trémolos avec pour toile de fond la Mer du Nord.
Un livre hors normes, magnifique, triste et sobre.
A lire absolument, vous ne serez pas déçus !
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En trois actes, l'histoire d'un saccage.
Un père sévère, maniaque, manipulateur et violent. Il terrorise sa fille et la culpabilise. Premier acte.
Une mère froide, rejetante, sans l'ombre d'une complicité avec sa fille. Qui ne lui donne aucune clé pour comprendre son corps de femme. Qui n'accepte aucun de ses cadeaux, qui refuse que sa fille lui vienne en aide. Acte deux.
Des parents à la cruauté mentale raffinée qui refusent à leur fille de profiter à plein des sorties collectives -elle doit quitter le spectacle à mi-représentation, comme Cendrillon. Des parents tortionnaires qui abandonnent leur fille à un fiancé "cogneur" qui la passe à tabac dès qu'ils s'éloignent, non sans sadisme, et la laissent seule avec lui. Acte trois.
Une écriture hachée, sous tension permanente -comme si jamais ne cessait" l'angoisse de vivre", comme si jamais ne s'éloignait la "menace terrible de l'amour".
Un livre effroyable, sans fioritures ni trémolos, qui laisse le lecteur-et surtout la lectrice- glacé(e) d'horreur.
Même la dernière page- qui apporte , avec le vent marin et la solitude enfin retrouvée, un peu de répit - est marquée par la désolation: la jeune narratrice est dans l' incapacité absolue d'avoir foi en l'avenir, de croire en elle-même..
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TOME II
Une fiction sans concession racontée avec des mots clairs, durs, sans détours.
L'histoire se déroule en trois actes. La narratrice retrace par morceaux les souvenirs d'enfance, d'adolescence d'une jeune femme qu'elle a :
- de son père,
- de sa mère puis aussi plus tard lorsque celle-ci sera veuve et malade quand sa fille lui rendra visite chaque dimanche chez elle,
- enfin, de son fiancé, qui la bat, qu'il prend pour sa chose et son plaisir tout personnel lors des rapports sexuels et puis pour lui, elle est une pute !
C'est un livre singulier par l'écriture. Dès les premières pages, la narratrice est au ''Je'' immédiatement, on rentre dans le sujet tout de suite, on a le portrait familial seulement avec quelques mots et nous ne passons pas par des descriptions qui n'en finissent pas.
C'est un curieux livre par son côté factuel et pas du tout dans l'analyse de la psyché familiale.
Le thème central est l'abus de pouvoir.
Lu en mai 2019 / Les Impressions Nouvelles-Collection Traverses - Prix : 12 €.
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Tu m’enseignais jadis les matins qui se levaient tôt et déposaient l’or dans la bouche. Mais mon existence s’est réfugiée dans la nuit, comme celle des êtres qui n’ont plus droit à la lumière, les vampires, les goules, les stryges, les créatures bannies qui ne boivent plus l’or des jours.
Jusque là, j'étais étanche. L'urine, je la contrôlais. Comme la morve, les larmes, les mensonges. Il suffit de congestionner le visage, d'enfermer dans la tête les mauvaises pensées, de serrer les sphincters. Mais le sang est intraitable. Il rompt toutes les digues. Dans mon lit, bien droite, les pansements de ma mère me colmatant le derrière, je subis sans bouger la démence de ce flot rouge.
Après plusieurs jours, la fureur s'apaise. Avec la même étrangeté, le même arbitraire qui l'ont déclenchée. Pourtant une nuit, ça recommence. Puis ça s'arrête. Puis ça reprend. Un chagrin intarissable se répand dans mon ventre.
Soudain, il est sur moi.
Ses poings cognent,
me martèlent la tête.
Ses poings enjoignent
que je sois muette,
sourde, aveugle,infirme.
Ses poings commandent
que je sois sans passé.
Sans mémoire. Sans enfance.
Ses poings exigent
que je ne vive pas.
J'observe le jeu des enfants qui courent dans les flaques en poussant devant eux leur filet à crevettes et le jeu des adultes trônant dans leurs transats au milieu d'un lopin balisé de toiles rayées. Le losange rouge d'un cerf-volant palpite là-haut. Une fillette devant sa cabine a dressé dans le sable son magasin de fleurs et, les sourcils plissés par la lumière, s'affaire à défroisser le papier des corolles, éprouver la rigidité des tiges, vérifier l'écartement des étamines, soucieuse que l'étalage soit irréprochable pour le client qui la visitera.
Rien ici ne connaît l'angoisse de vivre. La menace terrible de l'amour.
Tu étais maigre comme une lame. La voix coupante. Les yeux précis. Un homme de proie. Je guettais cette tension de ta face.
Lorsque j'étais enfant, ton piège à tout moment se fermait sur moi. Dans ton regard passait une lueur de triomphe:" Es-tu certaine de n'avoir rien oublié?" Un ton cinglant, diabolique.
Chez Corinne Hoex, il est souvent question d'assujettissement, d'emprise sur les plus vulnérables et de rébellion.
Rompant quelque peu avec son univers habituel, il ne s'agit pas ici de l'univers familial mais d'un genre de confrérie féminine en quête de sens.
Corinne Hoex nous offre avec « Le ravissement des femmes » un roman troublant, sur la puissante fascination qu'un orateur, au charme redoutable, exerce sur des femmes qui ne demandent qu'à être ravies...