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Citations sur Un mariage contre nature (10)

J’avais observé la vie d’autres jeunes femmes et le mariage semblait être un chemin ardu et hasardeux. L’on perdait beaucoup d’enfants, souvent en bas âge, de la malaria, de la fièvre jaune, de la variole, et de jeunes mères mouraient en couches ou des suites de couches. Même avec l’aide de servantes, le mariage était un rude labeur, un destin que je n’enviais aucunement.
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Jeune lectrice, je me passionnais en premier lieu pour les Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités : Contes de ma mère l’Oye, que les Anglais appelaient Mother Goose. Dans tous les contes merveilleux collectés par Charles Perrault, il y avait le dard de la vérité. En tournant les pages, j’avais l’impression d’avoir des abeilles au bout des doigts, car jamais je ne m’étais sentie plus vivante qu’en lisant. Les histoires de Monsieur Perrault m’expliquaient mon propre monde. Je ne comprenais peut-être pas tout ce que je ressentais mais je savais qu’un seul de ses chapitres était plus édifiant que cent conversations avec ma mère.
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J’avais beau être née ici, j’avais toujours eu la conviction que ce n’était pas mon véritable chez moi. J’étais piégée sur cette île un peu comme ces gens qui avaient traversé le ciel et ne pouvaient rien faire d’autre que contempler la lune par-delà les distances infinies. Mais moi, contrairement à eux, j’atteindrais ma destination.
Dès l’âge où je sus lire, je trouvais de la consolation dans la bibliothèque de mon père, où il collectionnait des cartes de Paris, dont certaines réalisées par le grand cartographe Nicolas de Fer. Je promenais ma main le long de la Seine et mémorisais les parcs, les minuscules rues tortueuses et les allées du jardin des Tuileries, créé en 1564 par Catherine de Médicis, couvert de glace en hiver, froide féerie. Ce fut mon père qui le premier me raconta Paris, comme son père le lui avait raconté, et pour nous, Paris était le lieu où toute beauté commençait et finissait.
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Je songeais aux contes de fées que j’avais lus et à la soudaineté des métamorphoses. Dans une histoire, un garçon trop laid pour être regardé se voit transformé par sa propre astuce et par l’amour. Dans une autre, une fille reçoit le don de chanter comme un rossignol. Peut-être étais-je attirée par les histoires dans lesquelles les gens découvraient leurs vrais désirs parce que je me sentais énigmatique à moi-même. Les émotions bouillonnaient en moi mais je n’étais pas certaine de la nature de ces sentiments. Je savais que je n’étais pas belle et je savais aussi que pour une jeune femme, dans notre monde, cela importait et pouvait souvent changer une destinée. Je faisais de mon mieux avec ce que j’avais.
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Les gens venant d’Europe prétendaient ne pouvoir faire la différence entre l’été et l’hiver sur une île au climat aussi doux que la nôtre. Il est clair qu’ils ne connaissaient point cette île. Nous avions des passages de pluie et de vent, des nuits bleues où un fil froid serpentait à travers toutes les maisons, mordait les bébés et les faisait pleurer. Au cours de telles nuits, les poissons dans les étangs viraient au noir et flottaient à la surface. Les feuilles du jasmin se recroquevillaient comme de petites grenouilles. Mais l’été, tout devenait en un instant d’un blanc lumineux incandescent, avec des étincelles dans l’air aussi brûlantes que des flammes. La chaleur assommait les gens qui n’y étaient point habitués.
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Cette idée qu’une femme puisse vouloir ruiner sa vie par amour dépassait mon entendement. J’ai secoué les mains pour disperser les esprits dans l’air. Je craignais d’être allée contre ma religion cette nuit-là mais Adelle m’a dit que les femmes de toute confession ont du pouvoir. Il faut juste qu’elles le trouvent en elles.
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Nous transportions notre passé avec nous. Peut-être était-ce cela qui nous donnait l’apparence d’ombres, le fardeau que nous portions, les autres vies que nous aurions pu vivre.
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Mon père m’avait assuré que c’étaient des histoires inventées dont se servaient les propriétaires des plantations pour effrayer les esclaves et les empêcher de s’enfuir. Il y a l’extérieur d’une histoire, et il y a l’intérieur d’une histoire, me dit-il un après-midi que nous étions installés dans sa bibliothèque. L’un est le fruit et il peut être délicieux, mais l’autre est la graine.
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Je savais ce qui se passait dans les contes de fées. Les forts survivaient alors que les faibles étaient dévorés tout crus.
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Le pommier de mes grands-parents, planté dans un grand pot en céramique dans la cour, ne grandit jamais. Lorsque je l’arrosais à la saison sèche, il était si assoiffé qu’il ne buvait jamais assez. Ses feuilles brunes se racornissaient et tombaient sur le sol avec le bruit du volètement des papillons de nuit. Les fruits qu’il donnait étaient durs, leur peau plus verte que rouge. C’était néanmoins notre héritage, le fruit de la France. Je mangeais toutes les pommes que je pouvais trouver, peu m’importait leur amertume, jusqu’au jour où ma mère me surprit et me gifla.
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