Chez nous, ce sont les mains qui parlent. C’est-à-dire : qui agissent. En Brière, les femmes tressent des paniers, assomment des lapins, récoltent des choux, fricassent des anguilles ; les hommes coupent le chaume, traquent l’écrevisse, guettent le canard, retournent la terre, halent le chaland. Brodeurs, tisserands, vanniers, potiers, chaumiers, voilà ce que nous sommes, depuis toujours. Pourtant, avec la mécanisation, les habitudes fanent, puis sèchent. Ce qui était naturel devient typique, puis curieux. La vie moderne nous éloigne de nos marais.
Rien. Si peu que rien. Sommes-nous à ce point barbares que nous devons nous livrer à des rites inutiles pour conjurer les puissances néfastes ? Dans un coin du hall, le sculpteur que l’on vernit est seul. Il est jeune, barbu et timide. C’est un genre qu’il se donne, à mon avis. Le genre artiste, pour leur tirer du fric. Ce gars-là, il n’est pas de ceux qui traînent en velours côtelé dans un galetas. Il a fait les Beaux-Arts option monumental.
Et puis la fac, c’est pour travailler. On ne mélange pas. Je suis à la fac pour apprendre le droit. Ça m’intéresse. Ça me permet de ne pas me laisser impressionner. Connaître, c’est maîtriser, donc ne plus avoir peur. Mais juste comme ça. Ne pas se laisser enfermer. Ne pas devenir un spécialiste. Connaître du droit, oui ; devenir juriste, non. Comme pour la gym. Être musclé, oui ; culturiste, non.
Camille Chalaffre a seize ans. Une fille magnifique et fatigante. Emportée, enthousiaste, excessive. Je suis son premier, elle a décidé que je serais le seul. Selon elle, une fille se salit au deuxième homme : soit il y en a un, soit il y en a mille, et c’est la faunerie, la débauche. Elle dit qu’il n’y a pas de second amour, on voit le genre, ça promet !
Plus rien à conquérir, le pays se replie, les fenêtres se ferment, on amène les couleurs. Nous sommes des demi-soldes avant même d’avoir combattu.
Aucune importance, il nous reste les femmes. C’est marrant, les femmes. On se promène parmi elles comme dans un pays à la fois étranger et familier, incapable de les comprendre comme de s’en passer.
Stéphanie Janicot, Emilie Papatheodorou, Céline Laurens, Éric Garandeau, Clélia Renucci, Matthieu Falcone et Stephane Hoffmann vous racontent comment ils sont devenus écrivains, ce qu'ils ont ressenti lorsqu'ils on été publiés pour la première fois, ou encore leurs rituels d'écriture...
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