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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un jeune enfant, dont le père portait en lui le mal, reçoit une éducation religieuse, et plus tard, embrasse l'ordre des Capucins. Il devient un moine orgueilleux après être monté en chair, et cède à la tentation en buvant "Les élixirs du diable", conservés secrètement comme reliques de Saint-Antoine par les moines Capucins... Il part ensuite pour un périple étrange, semé de tentations, de perversité et de folie, mais aussi d'amour pur, qui, en définitive, sera sa perte et son salut...
E.T.A. Hoffmann souffrait lui-même de folie, d'attaques d'hallucinations. Il décrit à merveille ces états d'exaltation, ces dédoublements de personnalités, et son roman gothique, Les élixirs du diable, fortement inspiré par "Le Moine" de Matthew Gregory Lewis qu'il avait lu auparavant, est un joli chassé-croisé d'intrigues amoureuses perverses et de visions foisonnantes de détails.
On retrouve ce climat mystique et médiéval ressenti à la lecture du Moine de Lewis. Mais en plus fluide, un peu moins ampoulé que son prédécesseur. Ceci dit, l'histoire est bien différente malgré la ressemblance entre les 2 moines charismatiques.
"Les élixirs du diable" est bien un roman fantastique gothique, référence en matière de littérature du XIXème siècle. Hoffmann l'a écrit en 2 partie, et de longs mois ce sont écoulés entre l'écriture de chacune. Cela se ressent. La 2ème partie est plus axée sur le dialogue, la réflexion, alors que la 1ère se situe dans l'action et la mise en place des personnages.
A lire pour ceux qui aiment les romans à l'indéfinissable charme gothique et à la saveur des mots d'autrefois...
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Sous la forme d'un manuscrit, le lecteur est invité à découvrir le récit de la vie du frère Médard, capucin échappé d'un couvent. Après s'être laissé tenter par d'étranges visiteurs, le jeune moine va absorber "Les élixirs du diable" conservés secrètement comme reliques de Saint-Antoine par les moines Capucins. Tout jeune enfant, Médard reçoit une éducation religieuse dans l'objectif -dans un premier temps implicite- de racheter les péchés de son père en sacrifiant sa vie à l'ordre des Capucins. Mais le jeune moine, vif d'esprit et sans doute peu en adéquation avec une vie de cloître, va se découvrir comme un orateur très doué : son orgueil démesuré va le mener à des sentiments peu amènes comme la jalousie, la concupiscence, la haine. Quittant le monastère, il commence ensuite un périple étrange, semé de tentations, de perversité et de folie, mais aussi d'amour dans une confusion d'humanité et de divinité. Comme dans un roman d'apprentissage, le jeune moine va se confronter à toutes sortes de situations et de personnages. C'est ainsi qu'à travers un constant jeu de miroirs, les aventures des personnages qu'il rencontre deviennent peu à peu le reflet de son propre cheminement spirituel ; le moine, livré au monde, va s'abandonner à tous les excès  et à cet effet, tout ce que l'esprit et l'âme peuvent souffrir de plus abominable se retrouve distillé à travers ce récit, à l'instar d'un philtre maléfique : dédoublement de personnalité, faux souvenirs, rêves, folie, obsession, apparitions, violence et crimes. A ce sujet et dans le cadre de ses études psychanalytiques, Sigmund Freud notera qu'on y retrouve, « dans une sorte de symphonie frénétique, l'ensemble des thèmes chers au grand fantastiqueur, et d'abord celui du « Double » dans toutes ses nuances, tous ses développements ».
D'un point de vue littéraire, Les élixirs du diable est bien un roman fantastique gothique car tous les codes de ce genre sont respectés à la lettre, au fil des pages (moine lubrique ou fou et meurtrier, jeune fille traquée, lieux inquiétants et anciens – châteaux, forêts, gouffres- récit à tiroirs ou enchâssés, malédiction familiale).
Ce roman peut sembler très long par ses nombreuses répétitions, notamment par les récits enchâssés repris parfois par deux personnages relatant de leur point de vue, des événements survenus. Mais aussi, la thématique du double qui est omniprésente dans le roman est aussi protéiforme, à un point que le lecteur risque de se perdre : plusieurs des personnages sont les sosies les uns des autres. Aussi, dans la généalogie du frère Médard, chaque enfant porte le prénom de son père. Mais Hoffmann va plus loin encore car Médard a un frère jumeau (dont il ignore l'existence dans une grande partie du roman). Si leur physique est équivalent, leur âme est également jumelle si bien que ce que conçoit l'un en pensée, l'autre le met en pratique. de plus, de père en fils, chaque personnage répète les mêmes crimes.
On peut supposer que cette complexité soit voulue par Hoffmann. En effet, à l'instar de l'âme de Médard qui se désagrège, le récit prend de multiples détours qui perdent le lecteur en même temps que son personnage qui s'égare sur le chemin de la perdition. Dans ce récit, on peut noter que l'univers du théâtre et notamment de celui de Shakespeare est omniprésent avec par exemple le personnage du fou (Belcampo ou Schönfeld) qui lance des tirades énigmatiques et dignes du roi Lear perdu dans la lande et accompagné de son fidèle Tom. Ces moments théâtraux offrent de la respiration dans ce récit très dense et tendu, permettant un regard distancié sur la création d'Hoffman. Ainsi, c'est aussi le monde du théâtre et de la création littéraire qui est questionné à travers le dédoublement de personnalité propre à l'acteur, qui incarne un rôle, ou celui de l'auteur capable de raconter des histoires qui ne sont pas les siennes. Dans les deux cas, « l'humaine condition » n'est pas reniée, comme c'est le cas chez les chrétiens, puisque les artistes subliment leurs pulsions, leur « ça » (ils les exposent au lieu de les considérer comme le "mal") à des fins de construction et de partage dans un but de catharsis, d'introspection, de questionnement afin de nourrir le cheminement de chacun d'entre nous.
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Intrigue relativement complexe. Roman beaucoup moins sombre que "Le moine" de Matthew G Lewis mais beaucoup plus varié dans les péripéties.
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C'était une histoire pour le moins ... déroutante. Je n'avais jamais lu de Hoffmann et cette histoire était assez particulière. Il a une plume bien à lui. C'était une histoire à la fois simple et compliqué à comprendre. Simple parce qu'on arrivait quand même à comprendre l'histoire mais compliqué parce qu'il y avait plein de personnages, de sous-intrigues, de mystères et parfois j'étais perdue. Dans l'ensemble j'ai quand même apprécié parce qu'il y avait beaucoup d'actions malgré quelques longueurs et je n'avais jamais lu d'histoire comme ça datant du XIXème siècle. Par contre, je n'ai jamais autant détesté un personnage principal, chacune de ses actions m'offusquaient les unes après les autres. Il y avait aussi plusieurs retournements de situation inattendus. J'ai quand même mis longtemps à le lire parce que je n'étais pas du tout attachée aux personnages et j'avais du mal à me mettre vraiment dans ma lecture.
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Complexe aussi bien dans son intrigue que dans la syntaxe des phrases. (C'est un problème que je retrouve malheureusement souvent dans les éditions stock.) Les intrigues sont variés mais on s'éloigne un peu de l'ambiance oppressive du début.
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