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La tour de Famelon, la tour d'Aï et celle de Mayen. Nous sommes dans les Alpes suisses, lieu d'une nature grandiose et encore préservée. le temps d'un été,  le temps d'une estive, Blaise Hofmann, grand voyageur, est revenu poser son sac sur sa terre natale. Gardien d'un troupeau de mille brebis, seul avec deux patous, il expérimente ainsi la vie de berger. du lever au coucher du soleil, il court et s'épuise, parfois trempé de pluie puis transi de froid. A-t-on vu plus têtue qu'une brebis? Mais que le ciel se dégage et le voilà conquis, riche de tout ce que l'argent n'offrira jamais. 

La vie de berger est parfois idéalisée, trop facilement associée à une vie sans contraintes, une vie libre. Pourtant, c'est bien d'une vie ”à la dure” dont il s'agit, sans confort et sans argent. Une vie qui vous isole, vous plongeant dans un temps suspendu. Blaise Hofmann part à la rencontre de ces hommes qui ont choisi de vivre ”sans toit ni loi”, si ce n'est celle de la nature. Leurs raisons? Certains perpétuent là une tradition familiale quand d'autres assouvissent un irrépressible besoin de solitude. D'autres encore, loin de leur pays, font de ces estives un moyen de nourrir leur famille. Dotés d'une force de caractère peu commune sans laquelle ils ne pourraient survivre à la rudesse des montagnes, ces hommes forcent l'admiration. Au passage, Blaise Hofmann nous rappelle d'ailleurs combien les conditions de vie de ces bergers étaient plus précaires encore il y a un siècle. Mais dans un monde qui se modernise, le métier de berger, survivance d'un autre temps, n'est-il pas appelé à devenir une carte postale vivante pour touristes?

Dans sa bergerie, le soir, Blaise Hofmann lit et écrit. Il rédige un journal. C'est ”Estive ”, un ensemble de réflexions et de pensées inspirées par tout ce qui l'entoure, les sommets, les animaux, le silence. Avec lui et grâce à lui, on médite, on se sent humble. Mais ”Estive” ce sont aussi d'amusantes anecdotes de bergers que Blaise Hofmann nous confie avec une verve et un naturel qui nous font sourire. L'auteur est tombé amoureux de cette nature sauvage et sa joie est communicative. Son écriture est limpide comme un ruisseau de montagne et chante comme un oiseau. La poésie est là, dans l'écriture comme dans les évocations, d'une touchante simplicité.

”Seul à seul, en tête à tête avec mes bêtes, orphelin du bruit, je me réveille comme un seul homme et tombe amoureux d'une saison, d'une belle qui ne ment pas quand elle dit qu'elle reviendra.”

Rafraîchissant comme un bonbon Ricola et nourrissant comme une barre d'Ovomaltine, ”Estive” s'adresse à tous les amoureux de la montagne mais aussi à tous ceux qui voudraient, le temps d'une lecture, fuir le monde factice qui nous entoure. 
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Il est de ces livres qui, dès la première page, nous font pressentir un immense trésor.
Il est de ces livres dont l'écriture poétique nous entraîne tel Aladin sur son tapis de rêves et de nuages.
Il est de ces livres qui nous font aimer les bêtes.
Il est de ces livres qui laissent perler une larme au coin de l'oeil.
Il est de ces livres qui nous apprennent la Vie, d'une autre manière.
Il est de ces livres qui invitent à l'introspection et font danser les émotions.
Il est de ces livres qui murmurent à notre oreille le chemin de tous les possibles.
Il est de ces livres qui nous donnent envie de chanter.
Il est de ces livres qui rejoignent un profond jardin secret.
Il est de ces livres qui affutent notre regard et nous permettent de nous émerveiller de tout.
Il est de ces livres qui nous font désirer une vie plus simple.
Il est de ces livres qui révèlent notre profond besoin de solitude.
Il est de ces livres qui titillent notre soif de Beau, de Vrai, d'Authentique.
Il est de ces livres qui nous transforment.
Il est de ces livres qui nous aident à Aimer.
Il est de ces livres qu'on n'oubliera pas, parce qu'ils ont su toucher la part de pur en nous.
Estive est de ces livres.
Merci Monsieur Hofmann.


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J'ai eu du mal à venir à bout de ce récit pourtant pas si long.
Je venais de lire Bergère de Florence Debove qui m'avait beaucoup touchée.
C'est peut-être la différence de ton, de positionnement entre les deux qui a fait un effet de contraste...
Toujours est-il que je me suis souvent ennuyée pendant ma lecture d'Estive malgré une écriture plutôt agréable. J'avais juste envie d'avoir fini. Rien de ce dont il parlait ne m'a touchée. On dirait qu'il a vécu cette expérience d'une saison particulière, sans émotion. Un truc à cocher dans les choses à faire dans une vie, un truc à écrire pour rentabiliser l'expérience.
Je suis peut-être injuste.
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Il nous fait marcher à ses côtés, subir les intempéries, partager sa solitude et ses réflexions philosophiques sur les moutons et les humains.
Il nous transmet son intérêt pour le troupeau, ses hésitations ses inquiétudes ses joies.
Il m'a fait devenir un peu bergère le temps d'une lecture, et mes futures randonnées en Savoie auront une autre couleur !

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Blaise Hofmann est le H de mon challenge ABC, et c'est le H de bonheur. Ce texte relate la vie, la dureté, la solitude, et la sérénité du berger. Parce que tu vois dans la vraie vie, il y a encore des gens qui choisissent (ou pas) de conduire des troupeaux à l'alpage et de vivre à leur côté pendant quatre ou cinq mois. Des hommes qui aiment leurs brebis, les agneaux et les chiens, qui leur parlent quand la solitude est trop lourde à porter.
Avec Estive, on attrape son bâton de marcheur et on grimpe. On y va. On respire les fleurs des pâtures, on voit le soleil se lever, on est trempé quand il pleut et on est inquiet quand le passage est beaucoup trop escarpé que les pierres roulent sous les pas des bêtes et que ouf! celle-ci a failli déraper. On a froid la nuit, on a soif aussi quand le soleil cogne, alors on aime qu'un relayeur arrive pour deux jours et on redescend se rincer le gosier. On fait le tour de la saison et bientôt sonnera l'heure de la désalpe.

29 septembre 2011 / Challenge ABC 2011-2012
Lien : http://ausautdulivre.blogspo..
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Une tranche de vie comme un récit de voyages mais aux portes de chez soi... En effet, l'auteur s'engage pour une saison comme gardien de moutons...
C'est ce récit que nous livre Blaise Hofmann avec toutes les péripéties, que chacun peut imaginer, qu'il arrive lorsque l'on décide de se "faire" berger du jour au lendemain sans grande formation, sans grande introduction...
Un récit dépaysant, une récit rafraîchissant, entre tranche de vie et pensées philosophiques, belle découverte!
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Après une saison passée a travailler dans un alpages situé dans la vallée voisine à celle de Blaise Hofmann, je devais lire ce livre. Peut-être faut-il avoir vécu une expérience en montagne pour apprécier ce texte à sa juste valeurs. le style haché et "sur-poncuté" de Hofmann dans Estive retransmet à merveille ces gestes autant simples qu'importants qui sont ceux de l'Armailli, comme on l'appel dans nos montagnes. Excellent livre que je conseille à tout les amoureux de montagnes, de nature et de silence.
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On marche avec un jeune apprenti berger dans les collines avec son troupeau Ses réflexions et ses observations font découvrir la vie dure, solitaire et calme du pastoureau si proche de la nature.
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L'auteur nous propose de vivre, le temps d'un été, le parcours d'un apprenti-berger ; et celui-ci à son premier jour, nous précise [Page 12] " dans le troupeau, je suis Dieu…j'expérimente la vie d'une petite société de mille membres … marionnettes vivantes ". L'état de grâce est fugace. Pas question de terminer la lecture de la 1ère lettre à Pénélope que Robert, le chef moutonnier l'interpelle " Eh, Colinet, va voir là-bas si ces salopes de vertes, ne foutent pas le camp, dans les bois ? ". C'est au travers de quinze chapitres que le lecteur découvre le quotidien, souvent difficile, des paysans et des bergers ; son intérêt ne faiblit pas. On apprécie les descriptions vivantes et alertes [Page 10-119] ; parfois ironiques [Page 31-32-107] ; la place de l'armée dans les alpages [Page 125-127] : l'industrie touristique. le jeune moutonnier nous livre une réflexion empreinte de sagesse lorsqu'il évoque Nicolas de Flue et commente " il n'existe pas de chemin qui mène au bonheur, le bonheur c'est le chemin ". le lecteur appréciera ses réflexions sur la société, nous cite Milan Kundera et passe la nuit suivante avec Fedor Dostoiewski : le jeune berger regrette d'avoir été si sombre ces derniers jours, puis évoque un visiteur chasseur qui après cinq heures de guet " le calme sera son plus gros trophée ". Au chapitre " Grenier II " nous cite Léon Tolstoï, et confie au lecteur apprécier le dernier acte de sa vie de moutonnier et comme il l'écrit [Page 159] "Je descends en moi-même et mets de l'ordre. Mon identité vacille. Il n'y a plus rien à faire ici ". Un très bon livre. J.P.
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J'ai chaussé mes chaussures de marche, pris le gros bâton pour suivre l'auteur dans le récit de son parcours le temps d'une estive.
Apprenti-berger, il doit se débrouiller tout seul « Dans le troupeau, je suis dieu. » Pan ? Ce serait bien nommé puisqu'il est devenu le dieu des bergers et pâtres.

« Que fait un troupeau lorsqu'il est formé ? Il se déforme. Il faut le reformer. »
Sur ce minuscule lopin de terre, j'expérimente la vie d'une petite société de mille membres, mille machines à vie qui consomment de l'eau, de l'herbe, produisent de la viande et des agneaux. Au sein de cette modeste société, j'ai l'arrogance d'un Prométhée qui croit dominer la nature et tire, à la place d'un autre, les ficelles de marionnettes vivantes. »
L'arrogance du début va vite laisser place à la nervosité. le narrateur, malhabile avec les chiens apprend, sur le tas, son dur métier, tantôt dans la chaleur, la pluie, la neige, le froid.
Petit à petit, le métier rentre. le narrateur, plus souple se fait accepter des chiens qui le secondent et l'accompagnent.
La vie est rude, il faut aimer la solitude et la vie spartiate ponctuées de rencontres ou de descentes vers le café, histoire de causer avec les habitants du village.
« Claquer sa paie en deux ou trois jours en payant des tournées, le plaisir du marin. Comme eux, descendre en ville, faire le tour des bistrots, revenir malade, éreinté, ruiné »
Il faut bien que la solitude s'oublie que le berger se noie dans le monde, s'enivre autant d'alcool que de paroles, bruit, visages
Blaise Hofmann prend des notes, écrit, surtout lorsqu'il pleut « L'écriture me tient éveillé, me donne une contenance (ce bouquin est un bâton de berger sculpté par temps de pluie). »
Le boulot n'est pas que contemplatif, il peut être répétitif, sauf lorsqu'il faut tondre les bêtes «Quatre cent quarante-sept bêtes tondues, j'ai de la merde jusqu'aux épaules, le dos d'un octogénaires, les pantalons en guenille, mais le sourire jusque-là, parce que le tondeur a un drôle d'humour. »
Les pensées, les auteurs, l'imagination sont ses compagnons de solitude, l'écriture sa compagne. Devant tant de beauté, Hofmann peine à trouver les mots
« le froid se tolère davantage lorsqu'il y a de belles lumières. Il donne envie de peindre, de faire de la musique, de se donner à quelque chose de corporel, de graver sur un bâton les formes qui viennent à l'esprit. »
Les mots n'existent plus de la même façon. Leurs concepts rigoureux sont trop explicites. On ignore comment rendre l'expérience sensible, comment décrire cette absence de formes, dire l'impression de froid, de joie et de fatigue. On oublie tout ce qu'on a lu, on per toute notion linguistique et on jouit, trempé, usé et enchanté, des approximations du soleil et de la brume. »
La saison se termine, il faut déclôturer, tout ranger, ne pas oublier la mort-aux-rats. L'estive vous change l'homme alors, il redescend dans la vallée à pied, en prenant son temps
« Ces mains calleuses sont les miennes. le miroir me surprendra. J'ai bonne mine à jouer ainsi avec ma barbe. Mon identité vacille. »
Blaise Hofmann se livre à des réflexions sur les Alpes qui se dysneylandent, l'estive subventionnée, la société et offre un doux moment de lecture. J'aimais le retrouver chaque soir, pas pour en lire des pages et des pages, non, savourer, prendre le temps de déguster ses phrases, écouter ses réflexions, regarder vivre le troupeau, s'activer les chiens, admirer le paysage.
Un livre dont je sors calme et sereine.
Livre lu dans le cadre de la Voie des Indés concoctée par Libfly avec le partenariat des éditeurs indépendants dont Les éditions ZOE, maison d'éditions suisse, que je découvre.

« L'ombre des nuages les recouvre d'un drap que le vent retire lentement ».

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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