AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Andréas et autres récits (10)

"Tout lui semblait bon qui n'était pas "ici", tout méritait qu'on le vive, sauf le présent."
Commenter  J’apprécie          340
Car quoiqu'il n'y passât pas entièrement sous silence les désagréments et les humiliations qu'il avait réellement subis, il les transfigurait perpétuellement, tantôt en en approfondissant l'aspect douloureux en même temps qu'il en estompait la bassesse, tantôt en réinventant complètement le comportement qu'il avait eu en telle circonstance, les réponses qu'il avait faites, la manière dont il avait réagi, avec une imagination qui jaillissait en lui à son insu ...
Commenter  J’apprécie          90
Ce n'était pas tant un sentiment d'insatisfaction devant sa vie, que des visions séduisantes de ce qui aurait pu être, une fièvre silencieuse, qui lui faisait passer devant les yeux une suite de scènes imaginaires parées d'un charme irrésistible : ses presque huit années de mariage y étaient comme effacées, elle redevenait avec une vérité hallucinante la jeune fille qu'elle avait été, avec son âme et son corps d'alors, et prise dans les remous d'une mystérieuse existence, qui n'était pas devenue la sienne, elle épanchait avec des amis et des ennemis indistincts, des ombres qui flottaient autour d'elle, tout le trop-plein inexprimé dont elle débordait, une profusion si inépuisable de virtualités, une gamme aux nuances si innombrables d'orgueil et d'humilité, de frivolité et de dévouement, que ce flot entraînait et noyait dans sa course la réalité, comme un large fleuve impétueux emporte un minuscule îlot d'argile.
Commenter  J’apprécie          70
Notes et variantes de la lettre du Dernier des Contarin de Hugo von HOFMANNSTAËL
🎋 🌿 🎋 🌱
Mme Von W : Rien n'existe nulle part. On découvre la santé du fond de la maladie. Tout est tout de suite trop : il suffit d'être un tout petit peu plus intelligent, pour se trouver bien loin des choses. L'alphabet, à peine le comprend-on, déjà il se métamorphose : et certes, il y gagne en noblesse, mais il redevient un alphabet sitôt qu'on croyait l'avoir transformé en formule magique. Les bijoux qu'on porte, quand vivent-ils réellement ? Une chambre, quelle est vraiment son heure ? - Et vous, d'où vous vient ce calme ? - C'est que ma désillusion même m'apparaît comme un reflet courant sur une belle eau d'un gris perle bleuté.
🎋 🌿 🎋 🌱
Contarin : chaque objet que nous possédons ne fait en réalité qu'en évoquer et en remplacer un autre plus beau : chaque perle, chaque étoffe, chaque ruine antique et chaque maison est simplement un balcon d'où nos désirs contemplent l'infini, un trou de serrure par lequel nous entrevoyons le royaume enchanté des perles, des soieries et des statues antiques.
Commenter  J’apprécie          60
🎲
Conte de la six cent soixante douzième nuit :
"Il se dirigea alors vers les hommes agenouillés devant les chevaux pour leur nettoyer les sabots. Eux aussi se ressemblaient tous, et avaient un air de parenté avec ceux qui étaient assis à la fenêtre et ceux qui transportaient le pain. Ils devaient tous venir de villages voisins. Ceux-ci non plus ne disaient pas grand-chose. Comme ils avaient beaucoup de peine à tenir la patte avant du cheval, leurs têtes oscillaient continuellement, et leurs visages jaunâtres qui se levaient et se baissaient paraissaient secoués par le vent. La plupart des chevaux avaient une vilaine tête et un air mauvais (...)"
Commenter  J’apprécie          50
A peine s'était-il retrouvé sur la place, un peu ébloui, qu'une personne sortie de l'église à sa suite passa d'un pas rapide si près de lui qu'il sentit le déplacement d'air. Il vit la moitié d'un visage pâle et jeune, qui se détourna vivement en faisant voler des boucles qui effleurèrent presque ses joues, tandis qu'un frémissement , comme d'un rire contenu, passait sur la face.
Commenter  J’apprécie          30
22 juillet 1848
Comme aux dires concordants de tous les prisonniers la ville de Milan avait été complètement abandonnée par les troupes ennemies, tant régulières qu'irrégulières, et se trouvait démunie de toute artillerie et de tout armement, le capitaine ne pouvait pas plus se refuser à lui-même qu'à l'escadron de faire son entrée dans la grande et belle cité qui s'offrait sans défense. (...) et de défiler devant Santa Babila, San Fedele, San Carlo, le Dôme de marbre célèbre dans le monde entier, San Satiro, San Giorgio, San Lorenzo, San Eustorgio; tous ces antiques portails de bronze s'écartant l'un après l'autre pour laisser apparaître à la lueur des cierges, dans les nuages d'encens, des saints en argent et des femmes aux yeux rayonnants couvertes de brocart; regarder tout cela du haut d'un cheval au trot, avec deux yeux fulgurant dans un masque de poussière éclaboussé de sang : de la Porta Venezia à la Porta Ticinese, le superbe escadron traversa tout Milan.
Commenter  J’apprécie          30
Le soir était descendu sans une trainée rouge au ciel, sans aucun des signes portant à sa perfection la beauté du jour qui meurt. Une pénombre cendreuse et triste tombait des nuages ...
Commenter  J’apprécie          30
🎩
Andréas :
"Tout assombrissement, toute entrave l'avait quitté. Il pressentit qu'un regard, s'il part d'assez haut, réunit ceux qui sont séparés, et que la solitude n'est qu'une illusion - Romana était à lui partout - il pouvait la trouver en lui quand il voulait. Le mont qui s'élevait en face de lui et jaillissait en flèche vers le ciel était son frère, et plus qu'un frère : en ses flancs énormes, il donnait asile au frêle chevreuil, il le couvrait de son ombre fraîche, il le cachait à ses poursuivants en ses profondeurs bleuâtres, et c'est ainsi que Romana vivait en lui. Elle était un être vivant, un point central, et autour d'elle s'étendait un paradis non moins réel, que celui qui se dressait là-bas, par-delà la vallée. Il regarda en lui-même et vit Romana s'agenouiller et prier. Elle fléchit les genoux comme le chevreuil se couchant au gîte croise ses pattes frêles, et ce geste était pour lui ineffable. Des cercles se succédèrent. Il pria avec elle et comme il levait les yeux, il perçut que la montagne en face de lui n'était rien d'autre que sa prière. Une indicible certitude le saisit : c'était l'instant le plus heureux de sa vie."
Commenter  J’apprécie          20
Et pendant tout ce temps il n'avait jamais l'impression que c'était véritablement lui qu'elles regardaient; (...) non, il lui semblait que c'était toute sa vie qu'elles considéraient, son être le plus profond, sa mystérieuse imperfection humaine.
Commenter  J’apprécie          20




    Lecteurs (40) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quiz: l'Allemagne et la Littérature

    Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

    Hoffmann
    Gordon
    Grimm
    Marx

    10 questions
    415 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}