Le Mage de Salem

Avec sa quatrième de couverture plus qu'alléchante nous promettant une virée dans une Angleterre Victorienne teintée de Steampunk et menacée par les Grands Anciens, le Mage de Salem fait l'effet d'une véritable déception.
L'épopée qu'on nous laissait entrevoir s'avère en réalité être une simple succession de mini-aventures plus ou moins réussies et peuplées de personnages creux, Robert Craven en tête, venant se raccrocher artificiellement à une trame générale cousue de fils blancs et que l'auteur essaye d'étirer au maximum.
Malgré un style général plutôt bon, la lecture du Mage de Salem s'avère rapidement fastidieuse, l'auteur ayant tendance à tirer à la ligne à coup d'incessantes répétitions et autres passages inutiles ne faisant que paraphraser ce que le lecteur avait déjà compris...

Pour ce qui est de l'univers en lui même, les personnages se contentent de se balader dans des petit villages paumés de l'Angleterre du XIXe, niveau dépaysement, c'est pas trop ça, et l'ensemble manque clairement de vie.
Question bestiaire, les Grand Anciens de Lovecraft sont bien présents mais terriblement mal exploités et bien souvent en totale contradiction avec le Mythe de Cthulhu. Quelques créatures originales, comme le Craal, s'avèrent toutefois plus intéressantes.

Comme promis dans la quatrième de couverture, Robert Craven croise des personnages réels ou tirés d'autres oeuvres au cours de ses aventures. Aucune trace de Philéas Fogg, Némo ou H.G. Wells, sans doute présents dans les tomes suivants, mais on peut effectivement croiser un certain Howard Philip Lovecraft au cours du roman. En Angleterre et en 1883...
Bref, aucun rapport avec le véritable Lovecraft, ni les dates, ni le lieu et ni la personnalité ne correspondent. Comme avec les Grand Anciens, le nom est bien là, mais le reste ne suit pas. Aucun intérêt.

Malgré les nombreuses faiblesses du roman, il faut tout de même avouer que certaines des aventures de Robert Craven s'avèrent un peu plus intéressantes et plutôt distrayantes, la palme revenant à La Maison au bord du Temps et à son concept pouvant être repris et décliné à loisir (et pouvant faire office de chouette source d'inspiration pour des parties de Jeu de Rôle, par exemple).

Der Hexer von Salem est le premier tome de la saga à être traduit chez nous et a été commercialisé en VF en deux volumes séparés: le Mage de Salem et L'Héritage de la Nuit.
La saga compte à ce jour sept publications outre-Rhin et la fermeture de la maison d'édition Oriflam en 2000 laisse peu d'espoir de voir un jour arriver la suite en France.
Je ne sais pas si c'est une grande perte...