"Parfois, le seul fait de vivre est un acte de courage."
Sénèque
Comme le dit Hana : " Nous nous efforçons de vivre du mieux possible et de combler des vides immenses. En souvenir des morts, chaque jour nouveau est une promesse."
[p424]
Au mépris de la menace de mort qui pesait constamment sur eux, les Juifs choisirent la vie. Chacun d'eux se rebella à sa façon, en chantant, en dansant, en tombant amoureux, en se mariant et, avides d'amour et d'un semblant de contact physique, en tentant de s'offrir mutuellement un peu de réconfort.
Il n'y a pas de mots pour décrire ce dont nous étions témoins et la façon dont nous vivions (...). Parfois je me dis : " Comment as-tu pu t'en sortir?"
« Les déportés pleuraient de joie et s'écriaient : "On a traversé l'Ukraine, la Pologne, la Hongrie, l'Autriche, l'Allemagne, la France, et personne ne nous a vus, nulle part ! Seuls les Tchèques ont du coeur [...]. Nous n'oublierons jamais Horní Bříza. " » « Le village entier est arrivé avec de la soupe et du pain, déclarera Klara Löffovà. C'était comme un miracle. On était chez nous. Ces gens étaient les nôtres, et nous étions les leurs. »
[p286]
"Nous avons perdu tous les nôtres. Si nous perdons notre humanité, nous renoncerons au seul bien qu'il ne faut jamais perdre."
"Tibor lui avait conseillé de ne penser qu'aux belles choses. Mais qu'y avait-il à voir dans ce marécage incolore aux horizons tendus de fil barbelé et dont la terre boueuse ne laissait percer aucun brin d'herbe ? L'air stagnant empestait la mort dans ce camp tentaculaire. Certes, les bouleaux balançaient leurs branches sous le ciel immense, mais le soleil était trop pâle pour percer le jour obscur ; les oiseaux avaient fui ce coin isolé, laissant derrière eux un silence assourdissant. Où était le reste du monde ?"
" C'est comme de gagner ou de perdre à la loterie dira-t-elle un jour à son fils. Nous étions à la merci de gens qui passaient sans crier gare de la gentillesse à la pire des cruautés. Certains survivants se sont targués d'avoir survécu parce qu'ils étaient plus malins ou plus forts que les autres, mais des centaines de déportés bien plus malins ou plus forts qu'eux sont morts. La seule chose qui faisait la différence, c'était la chance. "
[p386]
Frissonnante de fièvre, Anka demeura à l'arrière de la carriole grinçante, le regard rivé sur un panorama à couper le souffle. Elle avait beau perdre les eaux au milieu de la crasse et de la vermine, collée à des corps nauséabonds et ravagés par le typhus, elle fut submergée par la beauté du paysage. " J'avais une faim de loup, je pesais trente-cinq kilos et je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait en haut [...]. Et, comme si de rien n'était, j'admirais la vue ! "
[p303]
" Ne pense qu'aux belles choses ! " lui avait crié Tibor avant de débarquer sur la rampe de triage d'Auschwitz-Birkenau.
[p248]