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Critique de Villou




C'est toujours difficile de noter ce genre de bouquin. D'un côté, on peut dire que c'est facile et même agréable à lire. D'un autre, je peux dire que le contenu ne m'a franchement ni plu, ni convaincu.

En fait, entre ces lignes, François Hollande ne tire aucune leçon de l'exercice du pouvoir, il en fait tout au mieux un bilan mais il n'a jamais aucun recul sur ses actions.
Donc une erreur dans le titre. Ça démarre mal.

Hé bien dites-vous que la suite est pire et qu'elle peut se résumer en trois mots: il est content.
L'ancien président est content de son boulot et de son bilan. Si il n'a pas plu pendant qu'il exerçait, c'est, comble de l'injustice, la faute à ceux qui étaient là avant et bien évidemment, c'est les suivants qui récoltent les lauriers. Un classique.

Mais revenons sur certains de ses propos.
Tout d'abord, Hollande ne tergiverse pas et le dit clairement: la Vème République est une monarchie présidentielle. Et il trouve ça très bien !
Contrairement à Mitterrand, dont certain on dit qu'il voulait la réformer mais qu'il s'est finalement installé sur le trône, François Hollande voulait le trône. Et il l'a eu. Il va même jusqu'à s'émouvoir des pays où l'on va demander son avis au peuple, ce qui selon lui, ralenti considérablement les procédures.
Dans un passage hallucinant, l'ancien président nous raconte pépouse comment il décide de bombarder un bled en Syrie avec les USA et la Grande Bretagne et que comme le parlement Britannique est pas trop chaud, c'est trop chiant. En gros, en France, on est moins emmerdé pour faire ce qu'on veut quand on est président.
C'est là qu'on réalise que c'est le droit de vie et de mort sur des populations entières que nous offrons au mec qu'on met au pouvoir. Ça donne à réfléchir sur la peine de mort d'ailleurs. Elle est abolie en France, sauf pour le président qui peut décimer qui il veut à coup d'ordre militaire.
Mais il en ressort malgré tout un côté humain, il le dit lui-même: “Derrière l'acte froid, c'est l'humain qui souffre”. Et je ne mets aucunement en doute sa parole. C'est d'ailleurs ce qui me conforte dans ma réflexion : tout demander et donner les droits à un seul et même homme, c'est trop. D'ailleurs, il évoque encore cet état esprit en expliquant que le « consensus Européen fait perdre du temps », le raccourci est vite fait de se dire que pour Hollande, tout ce qui tourne autour du dialogue, du partage, de l'écoute fait perdre du temps. Drôle de mentalité.

L'ancien président s'émeut également de l'impopularité dont il a été victime lors de son quinquennat sans prendre réellement la mesure qu'il n'a pas été élu par amour mais bien par rejet. Rejet de Nicolas Sarkozy. Mais aussi à mes yeux, rejet des institutions.

François Hollande revient aussi sur Florange, PSA, Feseneim, qu'il juge tous comme des succès. Les ex-employés seront heureux de l'apprendre.

Certains passages restent émouvant, tout particulièrement celui des attentats dans le chapitre 3. L'horreur qui a frappé le pays pendant la présidence de François Hollande a été marquante pour tous mais c'est le président, avec les familles des victimes qui ont surement le plus morflé. Je comprends qu'il puisse tirer une fierté d'avoir défilé avec de nombreux chefs d'état ce jour-là. Bon, ils ont marché 50 mètres, ils étaient ridicule, mais le symbole était là. Il restera surement dans les livres d'histoire.

Un autre chapitre entier sera consacré à ses femmes. le chapitre le plus pénible à lire parce qu'on s'en contrefout.

Un passage m'a marqué, celui où il revient sur son discours du Bourget avec le fameux « mon ennemi, c'est la finance ». Dans un certain flou il expliquera qu'on la mal comprit, qu'il parlait des paradis fiscaux et que grâce à lui, ils ont presque tous disparu. Il oublie seulement de rappeler que lors de son mandat, les inégalités entre riches et pauvres se sont creusées et que notre pays n'a jamais compté autant de riches et de pauvres. Et il en fera d'ailleurs le terrible aveu : « j'ai sollicité avant tout les classes moyennes », précipitant des familles entières dans la précarité. Chacun en pensera ce qu'il voudra.

Il dit aussi qu'il a protégé les lanceurs d'alertes mais Lassange est toujours là où il est. Un geste eut été symbolique pourtant. Sans parler de la loi sur le secret des entreprises qu'il voulait faire appliquer.

Quoi d'autre ? Ha oui, il est content d'avoir créé 125 000 postes de services civiques. Vous savez, ces postes à 35 heures payés 450 euros par mois…

Bref, Hollande est content.
Moi aussi, je suis content.
Content qu'il soit parti. Content d'avoir fini ce bouquin. Mais triste pour lui de constater qu'il est incapable de tirer la moindre leçon du pouvoir qu'il a exercé.

Je pourrais revenir aussi sur le mariage pour tous, qu'il hisse en grande réussite. Je le rejoins, mais ce fut aussi la plus grande des hontes Françaises avec ces manifs d'homophobes moyenâgeuses. Honte aussi qu'il ait pu proposer aux maires de nos communes de ne pas faire eux-mêmes les mariages gay s'ils n'étaient pas d'accord, s'asseyant carrément sur le devoir républicain des représentants que nous élisons.

Ça me fait aussi me dire qu'il serait temps que nous ne gouvernions plus avec l'angle d'attaque de la finance et de la religion. Entre ses cadeaux fiscaux et être nommé chanoine de Latran (curé d'honneur du pape), Hollande a été surtout le défenseur de ces deux causes. Ce n'est à mon sens pas un choix raisonnable, comme il le pense, que d'accepter l'austérité comme l'a fait Tsipras avec la Grèce. C'est tout le contraire.
La maturité de notre peuple et même de l'humanité, passera par l'abolition de ces deux concepts en tant que priorités nationales.
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