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Critique de JustAWord


Dès les premières pages, un univers.
Une carte, des noms en pagaille et des grandes familles… Pas de doute, nous sommes bien en terres fantasy.
Publié chez Slalom, La Princesse sans visage est le premier tome de la saga des Royaumes Immobiles signé par l'une des plumes montantes de la littérature jeunesse francophone : Ariel Holzl !
Après la trilogie des Soeurs Carmines et Bpocalypse, nous voici plongé sans préavis (ou presque) dans un univers remplis de feys et d'êtres fantastiques alors que l'équilibre même des Royaumes est remis en question par la mort du Roi Gris, monarque d'Evergrey où l'Automne ne meurt jamais.

Dans les Royaumes Immobiles, les empires se déclinent selon les saisons : Hiver, Automne, Été et Printemps. Chaque royaume est gouverné par un roi ou une reine mais tous ont en commun d'être modelé par une substance magique appelée Glimmer et produite par les Rêveurs, ces êtres de l'Ailleurs qu'on appelle aussi humains. L'équilibre fragile des quatre royaumes est remis en question par la mort du Roi Gris, souverain d'Evergrey, suite à la guerre du fer froid et à l'union des autres feys contre lui pour le renverser.
Dans une demeure isolée, sa bâtarde, Ivalie de Mystfall, survit seule depuis le départ de sa Nourrice jusqu'au jour où un bien étrange Gentilhomme du nom de Robin Goodfellow l'emmène pour participer au Sacre qui désignera la future reine d'Evergrey.
Elle rencontre alors six autres jeunes femmes issues des différents royaumes ainsi que les trois autres reines dont la redoutable Titania, l'impitoyable et retorse Reine Solaire. Naïve et complètement inconsciente des dangereux jeux de pouvoirs qui se mettent en place, Ivy va devoir non seulement maîtriser l'Art mais également déjouer les pièges tendus par ses concurrentes. Des concurrentes qui détestent déjà la fille maudite du Roi Gris, condamnée à cacher son visage sous un masque extravagant pour éviter que ceux qui la regardent ne deviennent complètement fous.
Car Ivy est une Belle à Mourir !
La foisonnance de l'univers mis sur pied par Ariel Holzl étonne d'emblée. L'auteur ne manque pas d'ambition ni d'une plume légère et efficace, donnant ainsi à son monde une consistance plus vraie que nature en quelques chapitres à peine.
Dans cet univers fantastique, les feys règnent en maître. Elles n'ont pas d'âme et sont nées du Glimmer, une substance étrange et versatile produit par les humains de l'Ailleurs. Mais les feys ne sont pas les seules créatures de ces contrées magiques puisqu'une grande partie de ceux qui peuplent les Royaumes Immobiles sont des Boglings, le bas peuple. Parmi eux, des Catsith, des Farfadets, des Gobelins ou encore des Nymphes. Tous sont sous l'impitoyable joug des feys dont la cruauté se dissimule derrière un vernis de civilités. Ariel Holzl n'est pas là pour vous broder un conte de fées, mais pour vous exposer un récit où les pièges sont aussi mortels que nombreux et où les intrigues politiques se succèdent à un rythme effréné.

Comme à la cour des Rois de France, celle des feys se pare de conventions et de politesses pour mieux cacher ses coups bas. On suit avec délectation l'arrivée d'Ivy, tenue à l'écart du monde par son paternel et ses servantes, dans un monde impitoyable où les visages nobles n'ont, eux, pas de masques… et pourtant !
Pourtant, on constate rapidement que ces lieux magiques sont dirigés d'une main de fer par des souveraines inquiétantes qui ne reculent devant rien pour tenir les rênes du pouvoir, quitte à tuer ou torturer des Boglings à l'occasion.
Ariel Holzl imagine pléthore de personnages qui deviendront autant d'ennemis et de dangers pour Ivy qui devra rapidement choisir son camp et trouver sa voix propre. Elle réalise non seulement l'injustice des Royaumes Immobiles mais aussi les multiples fourberies qui ont conduit au Sacre et donc à la mort du Roi Gris. Bourré de rebondissements (parfois un peu faciles il est vrai), La Princesse sans Visage réjouit par son inventivité constante et son envie de secouer son lecteur à intervalle régulier (avec une mention spéciale à Seline, complètement glaçante).
En sous-main, Ariel Holzl parle de domination et d'une société asymétrique où la Révolte gronde. Il donne à son héroïne une âme là où les autres ne semblent en posséder aucune en se permettant les pires horreurs, de l'enlèvement au supplice en passant par le meurtre.
Si les Royaumes d'Oona, Mab et Titania sont immobiles, leurs esprits et leurs machinations ne se reposent jamais.
On admire et on se délecte du récit foisonnant et des pistes lancées de-ci de-là par l'auteur tandis que l'on découvre à la fois les royaumes, les cités et les multiples races qu'abritent l'aventure d'Ivy.
Terminé par un cliffhanger de folie, La Princesse sans visage n'est pas qu'un livre-objet magnifique à la couverture magnétique, c'est aussi et surtout un roman univers jeunesse qui se la joue Game of Thrones au pays des feys. Forcément, on en redemande…et vite !

Un univers fascinant, des personnages tantôt détestables tantôt attachants, une plume vive et légère, des rebondissements à foison… c'est ce qui vous attend (et bien davantage encore) dans ce premier tome des Royaumes Immobiles, une nouvelle saga de fantasy jeunesse qui propulse Ariel Holzl parmi les auteurs les plus intéressants de la jeune scène francophone de l'imaginaire.
Lien : https://justaword.fr/la-prin..
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