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EAN : 978B004TW6KG8
(25/03/2011)
3.69/5   8 notes
Résumé :
Les Contes bruns sont un recueil collectif et anonyme de contes publié à partir de 1832 chez Adalphe Guyot et Urbain Canel. Une conversation entre onze heures et minuit (Honoré de Balzac) L'Œil sans paupière (Philarète Chasles) Sara la danseuse (Charles Rabou) Une bonne fortune (Philarète Chasles) Tobias Guarnerius (Charles Rabou) La Fosse de l'avare (Philarète Chasles) Les Trois sœurs (Philarète Chasles) Les Regrets (Charles Rabou) Le Ministère public (Charles Rabo... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je fréquentais l'hiver dernier une maison, la seule peut-être où maintenant, le soir, la conversation échappe à la politique et aux niaiseries de salon. Là viennent des artistes, des poètes, des hommes d'état, des savans, des jeunes gens occupés de chasse, de chevaux, de femmes, de jeu, ailleurs, de toilette, mais qui, dans cette réunion, prennent sur eux de dépenser leur esprit, comme ils prodiguent ailleurs leur argent ou leurs fatuités.

Ce salon est le dernier asile où se soit réfugié l'esprit français d'autrefois, avec sa profondeur cachée, ses mille détours, sa politesse exquise. Là vous trouverez encore quelque spontanéité dans les cœurs, de l'abandon, de la générosité dans les idées. Nul ne pense à garder sa pensée pour un drame, ne voit des livres dans un récit. Personne ne vous apporte le hideux squelette de la littérature, à propos d'une saillie heureuse ou d'un sujet intéressant.

Pendant la soirée que je vais raconter, le hasard, ou plutôt l'habitude, avait réuni plusieurs personnes auxquelles d'incontestables mérites ont valu des réputations européennes. Ceci n'est point une flatterie adressée à la France; plusieurs étrangers étaient parmi nous; et, par cas fortuit, les hommes qui brillèrent le plus n'étaient pas les plus célèbres. Ingénieuses réparties, observations fines, railleries excellentes, peintures dessinées avec une netteté brillante, pétillèrent et se pressèrent sans apprêt, se prodiguèrent sans dédain comme sans recherche, mais furent délicieusement senties, délicatement savourées. Les gens du monde se firent surtout remarquer par une grâce, par une verve tout artistiques.

Vous trouverez ailleurs, en Europe, d'élégantes manières, de la cordialité, de la bonhomie, de la science; mais à Paris seulement, dans ce salon et dans quelques autres encore, se rencontre l'esprit particulier qui donne à toutes ces qualités sociales un agréable et capricieux ensemble, je ne sais quelle allure fluviale qui fait facilement serpenter cette profusion de pensées, de formules, de contes, de documens historiques. Paris, capitale du goût, connaît seul cette science qui change une conversation en une joute, où chaque nature d'esprit se condense par un trait, où chacun dit sa phrase et jette son expérience dans un mot, où tout le monde s'amuse, se délasse et s'exerce.
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(Lieu de la scène: un village près Badajoz, le cimetière. — Sept heures du soir.)

GARCIAS, FOSSOYEUR, JOSÉ, SON VALET.

JOSÉ.

Maître, creuserons-nous long-temps encore? Voici dix pieds de terre que nous remuons depuis deux jours! Saint Jacques de Galice m'ait en aide! Ouf! je suis las!

GARCIAS.

Un peu de courage, garçon; tu seras payé de ta peine: va toujours, José, va toujours. Il faut gagner son argent, mon fils! Nous avons encore cinq bons pieds de terre à jeter dehors. Corps du Christ! Garcias, fossoyeur depuis trente-et-un ans, ne va pas manquer à sa parole, ni attraper une vieille pratique. Mon marché est bon, et j'y tiens. Il faut remplir ses engagemens en honnête chrétien.

JOSÉ.

Bah! c'est bien assez profond comme cela! Pourquoi descendrions-nous si bas ce pauvre cadavre? Que craignez-vous, maître? Il a voulu quinze pieds de fosse: va-t-il donc revenir, la toise en main, pour mesurer si vous lui avez donné son compte? Allez, vous ne courez pas risque d'être cité devant le corrégidor.

GARCIAS.

C'est pourtant vrai, José, qu'il a voulu, le vieil avare, être enterré aussi loin des hommes que possible.

JOSÉ.

Craint-il qu'on ne lui vole son vieux corps?

GARCIAS.

Ou espère-t-il, quand viendra le jour du jugement, que l'ange de la résurrection n'aura pas la pioche assez longue et le bras assez fort pour l'atteindre?
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A cette époque, un jeune homme appartenant à la famille de Maillé fut envoyé par les chouans, de Bretagne à Saumur, afin d'établir des intelligences entre certaines personnes de la ville ou des environs et les chefs de l'insurrection royaliste. Instruite de son voyage, la police de Paris avait dépêché des agents chargés de s'emparer du jeune émissaire à son arrivée à Saumur. Effectivement, il fut arrêté le jour même de son débarquement, car il vint en bateau, sous un déguisement de maître marinier; mais c'était un homme d'exécution!… Il avait calculé toutes les chances de son entreprise, et son passe-port, ses papiers étaient si bien en règle, que les gens envoyés pour se saisir de lui craignirent de s'être trompés.
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Vous trouverez ailleurs, en Europe, d'élégantes manières, de la cordialité, de la bonhomie, de la science; mais à Paris seulement, dans ce salon et dans quelques autres encore, se rencontre l'esprit particulier qui donne à toutes ces qualités sociales un agréable et capricieux ensemble, je ne sais quelle allure fluviale qui fait facilement serpenter cette profusion de pensées, de formules, de contes, de documents historiques. Paris, capitale du goût, connaît seul cette science qui change une conversation en une joute, où chaque nature d'esprit se condense par un trait, où chacun dit sa phrase et jette son expérience dans un mot, où tout le monde s'amuse, se délasse et s'exerce.
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Depuis cette soirée, le garnisaire ayant pitié de ces deux malheureux menait son cheval paître le long des chemins et dans les prés communaux. Quelques voisins se cotisèrent pour lui fournir de l'avoine et de la paille; la plupart du temps le gendarme achetait de la viande, et l'on s'entendait pour soutenir ce pauvre ménage. Le paysan avait parlé de se pendre.
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Balzac, colosse des lettres, buvait café sur café, travaillait des journées entières et dormait trop peu. Il finit par s'épuiser de tant d'énergie dépensée et meurt en 1850, à seulement 51 ans.
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