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4,05

sur 949 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
SURVIVRE
Merci à BABELIO pour cette masse critique spéciale, aux éditions GALLIMARD, et à la rencontre organisée avec l'auteure.
J'ai été ravie de pouvoir écouter l'auteure « raconter » son roman ce qui m'a permis d'appréhender les trois personnages féminins de façon plus réelle même si la guerre, comme tout un chacun ne l'ignore pas, laisse des cicatrices, séquelles et bien plus encore chez les soldats, leurs familles et sur tout un peuple et ce bien au-delà des frontières.
L'histoire de ces femmes « cabossées » par les suites de la première guerre mondiale est traitée ou plutôt décrite de façon sensible sur les 5 jours avant la cérémonie du soldat inconnu qui a eu lieu le 11 novembre 1920.
A lire absolument : rarement le point de vue des femmes est mis en exergue de façon aussi directe, et sensible.
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Novembre 1920. La "Grande guerre" est officiellement finie depuis deux ans. Officiellement, mais pas dans le coeur de celles et ceux qui ont perdu fils, mari, fiancé, ni dans la chair de ceux qui en sont revenus mutilés, traumatisés, des visions d'horreur plein le ciboulot. Nous sommes à Londres, et nous allons passer cinq jours en compagnie de trois femmes à qui cette sale guerre a laissé bien des séquelles. Nous les accompagnerons jusqu'à l'arrivée du Soldat inconnu anglais, un corps anonyme choisi selon de mystérieux critères sur un champ de bataille en France et ramené symboliquement en grande pompe le 11 novembre 1920.

Evelyn, la trentaine, est l'une de ces femmes veuves avant même d'avoir pu célébrer son mariage, elle a perdu son fiancé Fraser, et d'une certaine façon aussi son frère Ed, avec lequel la complicité passée s'est éteinte depuis qu'il est revenu. Pendant le conflit elle a fabriqué des munitions, puis s'est reconvertie dans l'assistance aux soldats pour toucher leur pension.

Ada est plus âgée, et vit avec le souvenir de son fils disparu, Michael, qu'elle croit apercevoir à tout bout de champ. Comme elle ne sait pas exactement où et comment il a perdu la vie, elle entretient des fantasmes nourris par certaines rencontres, ce qui génère l'incompréhension grandissante de son mari Jack.

Et enfin, Hettie, la benjamine, 19 ans à peine, elle est danseuse de compagnie dans un établissement où nombre d'anciens soldats viennent oublier le temps d'une danse leurs douleurs et les images de boucheries imprimées dans leur tête. Elle vit avec sa mère et son frère Fred, ce dernier faisant partie des rescapés. Mais depuis son retour, en proie à des cauchemars récurrents, il est incapable de trouver du travail et traîne son mal-être derrière lui.

Chacune de ces femmes tente de poursuivre sa vie comme elle peut, de surmonter la perte, et de ne pas se laisser engluer par le marasme. Mais elles ont en commun cette difficulté à partager leur ressenti et leur souffrance avec leurs proches, qui soit ne les entendent pas, soit sont eux-mêmes encore trop vulnérables pour les écouter. Certains personnages se réfugient dans l'alcool, la drogue, ou les rencontres éphémères. D'autres s'accrochent à l'espoir de savoir enfin ce qu'il s'est passé exactement sur ces champs de bataille, dans l'espoir d'apaiser leurs doutes. Nous lecteurs, nous en sauront plus, par le biais de retours en arrière sur le front, et de chapitres en italique évoquant la quête du Soldat inconnu "idéal", celui qui incarnera tous ces disparus aux yeux de la population anglaise et permettra, peut-être, d'enfin faire son deuil.

Ce n'est pas le premier roman que je lis d'Anna Hope, mais ce serait le premier qu'elle a écrit. Je salue sa maturité dans ce cas, sa maîtrise de l'écriture et de la psychologie des personnages. On les imagine parfaitement, ainsi que les tourments qui les agitent. Au début, j'ai eu un peu de mal à les identifier, il y a beeaucoup de personnages secondaires autour des trois héroïnes, mais je suis assez rapidement rentrée dans le monde de chacune. C'est peut-être la jeune Hettie qui m'a le plus touchée, elle incarne encore une certaine fraîcheur dans ce monde désabusé, même si elle est bien loin de l'insouciance qu'on devrait connaître à son âge. Evelyn par contre m'a parfois agacée, je l'ai trouvée rigide et peu compréhensive alors qu'elle est censée apporter de l'aide aux ex-soldats. Quant à Ada, bien sûr j'ai été triste pour elle qu'elle ne parvienne pas à accepter la disparition de son fils, j'aurais aimé plus de compréhension de la part de son mari.

On pourrait sans doute transposer ce récit à n'importe quelle guerre contemporaine, parce qu'à l'issue d'un conflit, il y a toujours "le chagrin des vivants" qu'Anna Hope a si bien su cerner.
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Trois femmes, Ada, Evelyn, et Hettie que l'on va suivre du 7 au 11 novembre 1920.
Ada a perdu son fils, Evelyn a perdu son fiancé , quant à Hettie, elle se retrouve tous les soirs au Hammmersmith Palais à danser pour six pences et espère trouve l'amour parmi tous ces hommes abimés par la guerre qui viennent oublier le temps de quelques danses les horreurs de la guerre.
Ce livre est lourd émotionnellement. Très visuelle, l'écriture de Anna Hope nous plonge dans un décor sombre, triste, gris. J'ai lu ce livre avec une boule dans la gorge, tendue et mal à l'aise. le chagrin de ces femme qui est parfois proche de la folie nous happe et ne nous permet pas de lire ce roman en dilettante , c'est un livre sérieux que l'on lit avec une certaine pudeur et respect.
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Comme Pierre Lemaître avec son livre « Au revoir là-haut » l'écrivain britannique Anna Hope, nous offre, un très beau roman sur les séquelles de la Première Guerre Mondial.

Le récit se concentre sur les cinq jours qui précèdent les commémorations du 11 novembre 1920. Alors qu'on suit le retour du corps du soldat inconnu en Angleterre pour son inhumation dans l'abbaye de Westminster, Anna Hope nous conte le parcourt de trois femmes qui essayent de se reconstruire après le drame de cette guerre.
Ada ne peut pas faire le deuil de son fils, elle ne sait pas où est son corps et ignore comment il a été tué. Elle ne peut admettre sa mort et continue de voir son fils partout.
Évelyne, jeune bourgeoise, a travaillé dans une usine de munitions pendant la guerre, elle travaille maintenant dans un ministère des anciens combattants et tente d'oublier son fiancé qui n'est pas revenu.
Hettie, une jeune femme, qui pour six pence fait danser des hommes au Hammersmith Palais, dont le frère qui a combattu et survécu à la guerre en est revenu choqué et s'enferme dans le mutisme, incapable de faire face.
À travers les destins de ces trois femmes et des autres personnages Anna Hope nous raconte les horreurs de la guerre. Les difficultés à accepter les changements de la vie pendant et après la guerre. le combat de ces hommes, qui revenus, luttent pour survivre malgré les terribles séquelles physiques et mentales qu'ils peuvent avoir.

Un livre à lire, historiquement intéressant et bien documenté et un message dramatique : « C'est la guerre qui gagne. Et elle continue à gagner, encore et toujours ».
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Il est vrai que le titre était attirant. Il nous ramène à plusieurs autres oeuvres qui ont pu faire référence. de plus, quand il est proposé par Babelio dans le cadre d'une rencontre avec l'auteur, on se sent très vite titillé par la curiosité et on tente sa chance.
Et heureusement, car la plongée dans ce roman est une très belle expérience.

Pendant cinq journées de 1920 (qui représentent le temps nécessaire pour récupérer, rapatrier un corps de soldat depuis la France vers Londres et inaugurer un mémorial à ce soldat inconnu…) nous allons suivre la vie, les espoirs et les désespoirs, les sentiments de trois femmes anglaises, touchées bien sûr par les conséquences de cette horrible machine qu'est la guerre :
• -Evelyn, qui travaille au bureau des pensions et reçoit donc de nombreux gars perdus, éclopés et nécessiteux ; et qui a elle-même perdu son fiancé, tué sur le front. Son frère, ex-capitaine de l'armée anglaise ne semble pas plus équilibré mais a choisi une voie radicalement opposée pour oublier ses années de guerre.
• Ada, une femme d'environ cinquante ans et qui serait ordinaire si elle n'avait perdu son fils à la guerre. Elle semble devenir folle et le voir apparaître partout.
• Hettie, dix-neuf ans, jeune femme qui a choisi de gagner plus ou moins bien sa vie comme danseuse, se faisant payer pour accompagner sur la piste d'anciens soldats, venus chercher un peu de réconfort, voire un avenir.

Ce roman est construit comme une sorte d'entonnoir. On suit l'histoire de chacun des personnages de manière parallèle, chapitre après chapitre.
Et petit à petit ces destins vont se croiser, se trouver réunis, sur fond d'un événement par exemple, (Cette inauguration du mémorial du soldat inconnu à Westminster Abbey) ou par un personnage qui va entrer dans leur vie.

C'est un livre très documenté, vraiment travaillé et qui cependant fait la part belle aux sentiments, au ressenti des protagonistes.
C'est l'occasion, à travers ces femmes, victimes collatérales de la guerre, et aussi de leur entourage d'évoquer leurs dernières luttes, comme celles de ces soldats revenus de France, blessés ou amputés, sans travail et sans sentiment de reconnaissance.

On a l'impression que dans la vie de chacun ou chacune, quelque-chose se casse à un moment et que les décisions qu'ils prennent vont changer ou réorienter leur destin.

Anna Hope est un auteur mais aussi un écrivain, quelqu'un qui a travaillé son sujet, s'est documenté, a réfléchi et nous livre un ouvrage un zeste sociologique, en tout cas intelligent, touchant, très bien écrit et qui donne envie qu'il y en ait d'autres … Plein d'autres !
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Tout à été dit je suppose.
Que dire après tant de critiques ?
Portrait magnifique de trois femmes meurtries par la guerre à la plume infiniment sensible, subtile, sans misérabilisme.

Plus rien ne sera comme avant .

Comment continuer à vivre , se reconstruire quand on a perdu un être cher, un fils que l'on voit partout ou un fiancé ?

Très bel hommage aux victimes de la guerre , aux blessés , aux morts , aux douleurs physiques et intimes, aux hommes perdus qui ne comprennent plus leur place dans une société qui ne les comprend pas, rongés qu'ils sont de l'intérieur par les horreurs vécues .

Intrigue menée de main de maître , livre intense , profond , lu avec un grand respect .
.
J'ai pensé à mon grand - Père , revenu gazé de la guerre, et à ses deux frères tombés à Verdun pour l'un, dans la Somme pour l'autre .

Respect pour cet ouvrage qui fait, pour une fois ,la part belle aux femmes , aux horreurs qu'elles ont supporté et à leur courage !
J'ai lu les autres oeuvres de cette auteure , il me manquait celui - là !
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Les faits débutent le 7 novembre 1920 et se terminent le 11 novembre de cette même année, le jour des funérailles du soldat inconnu à l'église de Westminster.
Les personnes qui se sont déplacées ont pour la plupart perdu un proche et s'approprient en pensées le cercueil comme si c'était celui de leur disparu.
Au début du roman, nous entrons dans la vie de Hettie qui danse avec d'anciens soldats au palais de Hammersmith. Sa vie est touchée par celle de son frère revenu de la guerre sans aucune énergie et de son père, disparu.
Evelyn a perdu son fiancé au combat dans une explosion. On n'a pas retrouvé son corps. Elle travaille à présent dans un service qui alloue des pensions aux anciens combattants.
Ada a perdu son fils Michaël et croit sans arrêt l'apercevoir.
Parallèlement à ces destins rendus difficiles après cette horrible guerre où des soldats anglais sont allés se faire tuer dans les tranchées au nord de la France, les récits sont entrecoupés par des extraits écrits en italique, qui nous replongent dans les champs de bataille qu'on nettoie avec les corps qu'on continue à retrouver et placer dans des cercueils sans savoir les identifier.
Ces vies qui redémarrent tant bien que mal, abîmées à jamais nous sont racontées en passant d'une à l'autre dans des intervalles très courts. Cela a un peu dérangé ma lecture comme lorsque je lis des nouvelles, à la différence que je retrouvais les personnages au bout de deux ou trois pages.
Anna Hope a effectué un important travail de recherche et de documentation pour nous livrer ce roman qui en devient presqu'un témoignage.
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Dans le chagrin des vivants l'absence est la matière.
On se sent obsédé par ce qui obsède les personnages.
La famille est un joyau pour l'écriture. C'est le lieu de toutes les folies, de toutes les impatiences.
L'auteure fait se croiser le destin de trois familles survivantes qui ont perdu un être cher dans la guerre tout en nous livrant un aperçu de la société britannique de l'après-guerre et le rôle qui y ont joué les femmes.

On s'est passablement attardé sur les récits qui racontent le destin brisé des jeunes qui ont péri dans les champs de batailles.
Anna Hope s'intéresse à ceux qui les survivent et à leur chagrin incommensurable.
L'auteure anglaise aborde avec doigté et profondeur les blessures, les secrets, les fleurs létales, et la mémoire qui tourmente les personnages et leur coule entre les doigts comme du sable.

Ce roman choral évoque la complexité des liens qui nous unissent, et l'impossibilité de faire son deuil.
Anna Hope accomplit un impressionnant numéro d'équilibriste en faisant alterner douleur, espoir, résilience et espoir.

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A Londres, en ce mois de novembre 1920, pendant les cinq jours qui précèdent la cérémonie du Soldat inconnu, une mère, une soeur et une jeune fille qui voient en lieu et place des êtres chéris des fantômes se levant et fermant l'horizon sur un bonheur possible, veulent savoir où sont leurs morts ou pourquoi il faut vivre avec des survivants.

Le chagrin des vivants, voilà ce qui reste d'une guerre, de l'horreur de toute guerre et de celle-là en particulier. Pas de vainqueurs, que des millions de morts et de souffrants, une humanité à la dérive qu'Anna Hope raconte avec un réalisme étonnant de sensibilité et de finesse dans cette première oeuvre remarquable.
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Novembre 1920. Quelque part dans le nord de la France, les autorités s'affairent à exhumer la dépouille d'un soldat britannique anonyme, tombé sur le front de la Grande Guerre. Un plouc lambda, futur Soldat Inconnu, dont les restes sont précautionneusement déposés dans un cercueil, pour être transportés en grande pompe à Londres en vue des commémorations du 11 Novembre (je ne m'attarderai pas sur la monstrueuse hypocrisie des gouvernements qui consiste à honorer, la main sur leur coeur patriote, les cadavres des « morts pour la patrie » après les avoir envoyés sans aucun état d'âme se faire massacrer dans les tranchées. C'est une autre histoire, encore que...).

Pendant ce temps, à Londres précisément, on suit trois femmes qui ne se connaissent pas mais dont le point commun est d'être empêtrées dans le deuil et la solitude. Chacune vit avec la perte d'un homme, fils, fiancé, frère, ou dans le drame de ce qu'il est devenu, traumatisé, estropié, fantôme.

« Le chagrin des vivants » porte bien son titre, roman sur l'après-guerre racontant le sort et les difficultés de ceux (et surtout celles) qui restent, des femmes qui ont perdu un être cher, des hommes qui ont perdu une part d'eux-mêmes.

Anna Hope s'y entend pour captiver et toucher le lecteur, et pour installer une atmosphère. Son écriture est fluide, classique, et la structure du roman l'est aussi, qui passe d'un fil narratif à un autre, parfois trop rapidement d'ailleurs : à peine le temps de s'installer avec un personnage qu'on le quitte pour s'occuper d'un autre, ce qui m'a frustrée à plusieurs reprises.

Un roman sur la souffrance, le deuil, la perte, et la vie, ou la survie, qui va avec. Assez convenu et prévisible (même si heureusement on échappe à un happy end mièvre), il se termine sur une note d'espoir mélancolique.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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