Un autre regard sur la crise du coronavirus avec Anna Hope, actrice et écrivain britannique. Elle est revenue de l'étranger pour s'occuper, avec ses soeurs, de leurs parents très âgés. Après s'être assurée qu'elle n'était pas contagieuse, elle laisse son mari et sa fille pour aller passer quinze jours chez ses parents à Manchester. Une occasion de vivre une relation différente et pleine de tendresse avec eux, et surtout avec son père. Il souffre d'une maladie neuro-dégénérative, mais ils se retrouvent autour de la lecture.
Une belle réflexion, émouvante.
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Réflexion sur le confinement, le temps qui passe lentement pour l'auteur de ce tract confinée auprès de son père âgé. Un rythme nouveau arrivé brutalement.
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Parfois maintenant, l’après-midi, c’est moi qui fais la lecture (à mon père). Je lui lis Hemingway, "Paris est une fête", un livre que nous avons lu tous les deux plusieurs fois.
Les plus beaux passages sont ceux au cours desquels Hemingway décrit ses promenades à travers Paris. Je sais que mon père connaît ces itinéraires comme sa poche, alors, tandis que nous lisons, nous ne sommes plus dans le salon à Manchester, il n’est plus confiné sur sa chaise, et nous ne sommes plus confinés dans la maison, et il n’y a plus de pandémie derrière ces murs, mais nous marchons ensemble, rue de l’Odéon, jusqu’au magasin de Sylvia Beach, en chemin pour emprunter Tourgeniev et Dostoievski, et nous sommes jeunes, et Paris est froide et magnifique, et nous avons peut-être faim, mais nous sommes heureux, et nous avons toute la vie devant nous.
Ma sœur vit dans une petite maison près du centre-ville, parmi d’autres demeures d’allure victorienne, qui ont plus de 150 ans. De sa petite cuisine qui se trouve à l’arrière de la maison, on peut voir sa cour et au-delà, l’arrière de la maison voisine. Nous passons beaucoup de temps dans sa cuisine, elle et moi, nous préparons à manger, nous mangeons, nous tournons autour du frigo. Nous allumons souvent la bouilloire et nous nous faisons le thé. Je pense aux femmes qui ont vécu dans cette maison avant ma sœur, qui se trouvaient au même endroit dans la cuisine, ces femmes qui ont traversé la guerre et plus, qui ont survécu, qui se sont offert du réconfort et du thé, du thé, encore du thé. Je pense aux femmes d’aujourd’hui confinées avec des hommes violents, avec des enfants malheureux, ou avec les deux.
A l’extérieur, le printemps arrive. Les aubépines ont fleuri tout comme les magnolias que l’on voit sur les pelouses. À l’intérieur, le chauffage est souvent réglé trop fort. À l’extérieur, le monde vacille rapidement dans l’inconnu ; le Premier ministre est à l’hôpital, une amie très chère, infirmière, me raconte que certaines jeunes collègues se battent pour survivre à l’hôpital où elle travaille. À l’intérieur, la vie passe lentement. J’adopte le rythme de mes parents et nous avançons lentement, lentement au fil des jours.
Je sais que ces achats sont provoqués par la panique, et une fois arrivée à la caisse, je grimace à chaque sonnerie d’articles que le caissier scanne avec une lenteur insupportable. J’aimerais dire : "Je viens de rentrer chez moi". Ou : "Je suis partie pendant des mois et il ne reste plus rien dans mes placards. Je vais vivre chez mes parents. Mon père est malade. "Mais je ne dis rien, et d’ailleurs, je sais que ce ne sont que des demi-vérités. Je fais des achats pour me sentir en sécurité.
le Rocher blanc de Anna Hope, Maxime van Santfoort aux éditions le bruit du Monde
https://www.lagriffenoire.com/le-rocher-blanc-2.html
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