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EAN : 9782864248965
240 pages
Editions Métailié (17/01/2013)
3.84/5   45 notes
Résumé :
Le Viking est un ex-catcheur professionnel recyclé dans les troupes de la police politique qui veut montrer à ses supérieurs qu’il est un dur toujours capable d’assurer dans les situations de crise. Il part en opération pour enlever un jeune couple de subversifs et les transférer dans les cachots du Palais Noir de la répression.
Le lendemain María Elena vient pour la première fois faire le ménage chez les petits-enfants de ses anciens patrons. Le jeune coupl... >Voir plus
Que lire après La servante et le catcheurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Ami lecteur, dis-toi que tu as de la chance. Celle de ne pas avoir vécu dans l'un de ces enfers sur Terre qu'était le Salvador à la fin des années 70. A l'époque, ce petit pays d'Amérique centrale est déchiré par la guerre civile entre une junte militaire sanguinaire et une guérilla marxiste qui ne fait pas non plus dans la dentelle. Au milieu de ce cercle de feu et de sang, entre les chats militaires et les souris révolutionnaires, se joue une lutte plus personnelle. A ma droite, le Viking, ancienne gloire du catch reconverti en flic tortionnaire de subversifs dans les sinistres geôles du Palais Noir, le siège de la police. A ma gauche (même si elle ne veut surtout pas se mêler de politique), María Elena, employée de maison, qui s'inquiète de la disparition du jeune couple qui venait de l'embaucher, et se met en tête de les retrouver. On pense le combat inégal, entre la toute-puissance de la police et une petite domestique qui, en posant trop de questions à propos des disparus, qui pourraient bien être des subversifs, se met elle-même en danger. Mais le match est moins déséquilibré qu'il n'y paraît : pendant leurs jeunes années, le Viking en pinçait pour María Elena. Peut-être subsiste-t-il quelque chose de cette attirance à sens unique ? María Elena décide de reprendre contact avec le policier, espérant lui soutirer des informations. le Viking d'aujourd'hui a cependant perdu beaucoup de sa superbe, et celui qu'elle retrouve est un homme malade, presque à l'agonie, refusant de se soigner, mais toujours flic et chasseur dans l'âme. Elle ignore toutefois sa véritable fonction dans la police et met, sans le savoir, les doigts dans un engrenage infernal, dans lequel sa fille et son petit-fils seront pris aussi.
Ami lecteur, alors que le solstice d'hiver approche au milieu de ces jours sombres, voici donc un portrait ténébreux du San Salvador d'il y a 40 ans, de sa guerre civile sanglante, sa violence sans sommation, sa terreur indicible et sa paranoïa sans limites. « Au bout du mal, quand tous les dieux nous quittent et nous abandonnent* », une histoire sobre, cruelle et désespérante, en rouge et noir, mais qui n'a rien de romantique.

* « Juste quelques hommes », Jean-Jacques Goldman
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Si tu vas à San Salvador, Va voir la servante Qui sait lire dans les yeux du sort Aussi dans les flammes. Elle te dira des mots très forts Comme les tambours Qui dansent sur la terre des morts Juste avant le jour.

Si tu restes à San Salvador, Va voir le Viking. Il vit dans son passé d'ex-catcheur et n'hésite pas à se remémorer ses faits de gloire à l'époque où ses combats n'étaient pas encore télévisés. Recyclé dans la police politique, il erre dans les rues, l'air d'un chien errant, bouffé par ses intestins, une haleine qui put déjà la mort, le visage dégoulinant de sueur mortifère.

Si tu visites San Salvador, n'oublie pas de descendre dans les cachots du Palais Noir, la répression signe sa torture, les subversifs lancent des bombes contre ses façades. Maria Elena qui devait faire le ménage chez le petit-fils de son ancien patron note la disparition de sa famille et va s'entêter à trouver ce qui a pu lui arriver… La servante va donc se rapprocher du catcheur, qui lui aussi a disparu lors d'une échauffourée…

C'est toute l'Histoire du Salvador, ces histoires de disparitions, ces meurtres et cette répression sanguinaire et aveugle. C'est l'histoire de Horacio Castellanos Moya, né au Honduras, grandissant au Salvador avant de s'exiler au Mexique. La violence, ça le connaît donc, et ça transpire dans chacun de ses romans. Comme les menaces de mort, à force de montrer l'air et la politique de son pays. D'ailleurs ce roman suint la mort, la putréfaction de la chair, l'odeur de corps brûlés et de cris étouffés. C'est ultra violent, mais c'est ça le Salvador. Et au milieu de ces chars et cette guérilla, presqu'un rayon de soleil, en la personne de Maria Elena, un petit bout de femme forte, une grand-mère vivante qui se bat pour retrouver son jeune patron, et son petit-fils qui aurait adopté la cause des subversifs marxistes. Loin d'être une simple servante, elle a du coeur et fait appel au coeur du catcheur – qui en pinçait secrètement pour la servante il y a quelques années - pour sauver ce qui peut l'être, même dans les geôles de la junte militaire.
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Le viking, une ancienne star locale du catch, fait partie des escadrons de la mort. Avec ses acolytes, il embarque, torture et fait disparaître sans aucun discernement un nombre incalculable d'opposants au régime. Des étudiants, des « communistes » et tous ceux qui leur apportent une aide quelconque, même les médecins qui tentent de les soigner lorsqu'ils sont blessés suite à des affrontements avec la police. Depuis peu les éléments subversifs multiplient les actes anti-régime, de la manifestation qui dégénère en guérilla urbaine à l'attentat terroriste. Dans ce chaos permanent, la vieille servante Maria Elena tente de survivre. Elle habite avec sa fille, une infirmière qui vient de trouver une place en or à l'hôpital militaire dirigé par le gouvernement, et son petit fils, entré depuis peu dans la clandestinité. Maria Elena et le Viking se connaissent depuis longtemps. Parce que ses nouveaux patrons viennent de subitement disparaître, elle demande à l'ancien catcheur s'il peut leur venir en aide. Mais une fois que les prisonniers sont amenés dans les cachots du Palais noir, il n'y a plus rien à faire pour eux. Seules l'horreur et la mort les attendent...

Horacio Castellanos Moya plonge au coeur de la terreur. Il tisse avec une diabolique précision le canevas d'une implacable dramaturgie. Une danse macabre où la violence est omniprésente. Alternant les points de vue (celui du viking puis celui de la servante, du petit fils révolutionnaire et enfin de sa mère), l'auteur déroule un style neutre et indirect, d'une froideur clinique. Il n'omet aucun détail, même le plus sordide. Tout est net, précis, nerveux, tranchant comme une lame. Un sens de la tragédie où chaque maillon s'imbrique jusqu'à l'inéluctable dénouement.

Un roman qui secoue furieusement, qui projette le lecteur au beau milieu d'une guerre civile, à la fois du coté des militaires et des insurgés. Âpre, corsé, brûlant, La servante et le catcheur montre sans aucune forme de jugement la montée de la violence et son expression la plus crue. Aussi fort que dérangeant.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Salvador de nos jours. La servante, c'est Maria Elena, cinquantenaire, qui fait des ménages chez de riches salvadoriens. le catcheur, c'est le Viking, ancien catcheur d'ailleurs, reconverti dans la police et très utile pour les arrestations musclées.
On comprend très vite que la situation est tendue dans le pays : entre les membres du Bloc populaire révolutionnaire, les "subversifs" et la police, les échanges de coups de feu sont très nombreux, les arrestations et tortures des prisonniers fréquentes ... la violence est partout.
Leur lien? le jeune couple qui vient d'embaucher Maria Elena a disparu et elle cherche désespérément à les retrouver, allant même jusqu'à demander de l'aide à celui qui en pinçait pour elle autrefois, le Viking.
C'est une situation bien sombre que nous présente l'auteur et ce roman est loin d'être des retrouvailles teintées de rose.
Une bonne découverte malgré l'atmosphère sinistre.
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Dans la fin des années 70, en pleine guerre civile, une femme de ménage par à la rechercher d'un couple disparût quand elle tombe sur une vielle connaissance, un ex-catcheur devenu policier… et tortionnaire. On va rapidement être confronter à l'horreur lors des émeutes, avec des détentions très violentes, beaucoup de haine dans ce récit unique en son genre. Maria Elena part donc à la recherche du couple qui l'emploie dans ce pays aux abois, l'atmosphère est oppressante tout au long du roman et c'est là l'une des grandes forces du roman. Dans ce pays devenu fou, on souffre de claustrophobie en le lisant, un sentiment de malaise prédomine ma lecture, mais j'ai adoré. C'est justement ce que je cherchais, ce n'est pas un thriller mais bien un cours d'Histoire au milieu d'une enquête. La plume est très crue et ça me plaît aussi, j'avais déjà lu le bal des Vipères et je retrouve un auteur que j'aime, San Salvador est une ville qui recèle beaucoup de surprise, le récit est haletant et les personnages vraiment originaux.
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critiques presse (3)
Telerama
02 septembre 2015
Un livre éprouvant et admirable sur la haine ordinaire et la peur, dans un pays où chacun tente simplement de survivre jusqu'au lendemain.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
04 février 2013
Son nouveau livre, [...] a l'efficacité formelle des grands romans noirs à la Jim Thomson. [...] Il dépeint le quotidien de gens tout à fait ordinaires, devant se débrouiller d'une réalité absurde et brutale, où toute idée de politique est remplacée par la notion d'ultraviolence.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
21 janvier 2013
Le style de la Servante et le Catcheur, neutre et indirect, alterne au présent les descriptions et les dialogues sans métaphores, sans digressions, parfois très crus. Les réflexions des personnages sont décrites comme leurs gestes et comme les choses : la psychologie est dans un état presque minéral de survie.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La plupart des tables sont occupées. Il en trouve une près de la fenêtre. Il sort les écouteurs et met une cassette de Led Zeppelin dans son walkman. […]

Il aime bien cette cafétéria, parce qu’il y trouve plus de beaux culs à admirer que dans la cafétéria de sa faculté ; peu de jolies filles font des études d’ingénieurs.

Black Dog est sa chanson préférée. Il chantonne : ‘Hey, mama, said the way you move…’
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Il a peur d'être mis en congé d'office, renvoyé chez lui.
- T'es vraiment trop con, Viking, lui dit le Chicharron en redémarrant. Tout le monde sait que tu es en train de crever.
Il voudrait chercher un chiffon sous le siège pour essuyer le pistolet, mais il reste là, affaibli, incapable du moindre geste ; rien que la nausée, la fièvre, la brûlure au fer rouge dans le ventre, et à nouveau cette bave pourrie dans la bouche.
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Il [Viking] a peur d'être mis en congé d'office, renvoyé chez lui.
- T'es vraiment trop con, Viking, lui dit le Chicharron en redémarrant. Tout le monde sait que tu es en train de crever.
Il voudrait chercher un chiffon sous le siège pour essuyer le pistolet, mais il reste là, affaibli, incapable du moindre geste ; rien que la nausée, la fièvre, la brûlure au fer rouge dans le ventre, et à nouveau cette bave pourrie dans la bouche. (p.43)
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- Dans ce travail, on obéit aux ordres, ma petite María Elena. Et celui qui donne l'ordre n'est pas toujours celui qui décide, celui qui commande véritablement...
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Vidéo de Horacio Castellanos Moya
EN LIGNES avec Jacques Aubergy, éditeur et traducteur.
Aujourdhui "Severina" de Rodrigo Ray Rosa
Avoir comme conseiller Pablo Ignacio II, c'est gage d'exigence et d'engagement. Se former au droit, “faire” cadre dans la restauration collective, s'essayer à la traduction et devenir par rupture éditeur d'une littérature latino américaine qui explore le continent, c'est marque d'un désir accompli. Ainsi est née “L'atinoir”, néologisme, maison d'édition, librairie et belle adresse marseillaise
"L'atinoir – édition" Conçu au Mexique sous l'impulsion de l'écrivain Paco Ignacio Taibo II et créé à Marseille en 2006, L'atinoir publie de la littérature, des essais et de la poésie écrits pour l'essentiel dans des pays d'Amérique latine. Depuis 2014, les choix éditoriaux privilégient les formes brèves de la fiction. La plupart de ces textes sont publiés en version bilingue. http://www.latinoir.fr/
Plus loin... Jacques et son "métier" https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/tripalium/la-serie-documentaire-dmdm-jacques-aubergy-editeur-de-passion-latino/ Jacques Aubergy est notamment traducteur de l'écrivain salvadorien Horacio Castellanos Moya. https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/mot-a-mot/horacio-castellanos-moya-la-litterature-contre-les-escadrons-de-la-mort/
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