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Christophe Mercier (Traducteur)
EAN : 9782264030306
320 pages
10-18 (03/01/2002)
3.71/5   483 notes
Résumé :
Pour Marcus, douze ans, une mère divorcée, dépressive et baba cool, la vie n'est pas toujours facile. Surtout quand de surcroît cette mère végétarienne n'écoute que des tubes des années soixante-dix, vous attife de vêtements ringards et que les durs de l'école ne jurent que par le hip-hop.

Quant à Will, la trentaine, branché, riche, oisif et fier collectionneur d'amours épisodiques, il a du mal à trouver sa place dans la société.

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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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Will a 36 ans et vit de façon presque ordinaire. Il achète les bons albums, porte les bons vêtements et sa coupe de cheveux et toujours à la dernière mode. Plutôt normal pour un Londonien trentenaire et célibataire, non ?
La seule chose qui différencie Will de ses contemporains, c'est sa profession. Ou plutôt, son absence de profession. Will n'a jamais travaillé de sa vie, pas un seul jour ! Il subsiste grâce aux droits d'auteurs qu'il perçoit sur la seule chanson jamais écrite pas son père, près de soixante ans plus tôt.
Marcus a 12 ans et vient de s'installer à Londres avec sa mère, Fiona. Marcus est très différent des enfants de son âge et comme on pouvait s'y attendre, sa rentrée dans son nouvel établissement scolaire ne se passe pas bien : moqueries, harcèlement, insultes... Marcus devient vite la risée des ados de son école.
A la maison, les choses ne vont pas mieux. Fiona passe son temps à pleurer, elle sanglote même à la table du petit déjeuner et cela inquiète Marcus.
Rien ne semble plus improbable qu'une rencontre entre Marcus et Will. Et pourtant, le destin va s'amuser à les réunir...


Après avoir redécouvert le film de Chris et Paul Weitz, j'ai souhaité découvrir le livre, qui m'attendait dans ma PAL. Verdict : même si l'adaptation ciné est très réussie, j'ai nettement préféré le roman.
La trame de fond est bien entendu semblable (les personnages et leurs histoires sont les mêmes), mais le récit est plus aprofondi dans le roman de Nick Hornby.
Fiona, par exemple, est plus présente dans le livre, mais beaucoup moins sympathique. Mère dépressive à tendance suicidaire, elle semble surtout très égoïste et concentrée sur ses malheurs imaginaires. Elle ne se soucie pas du tout des difficultés, bien réelles celles-là, que son fils rencontre à l'école.
Il m'a même semblé que Will gère beaucoup mieux les soucis de Marcus (qui est harcelé par des autres ados de son établissement scolaire) que Fiona ; et pourtant Will n'a pas d'enfants et ne dispose par reéllement d'une expérience pratique en la matière. Etrange qu'un inconnu parvienne à mieux juger la situation de Marcus que sa propre mère, non ?
Marcus est en réalité très bizarre. Il chante à voix haute en classe sans s'en apercevoir, est mal habillé, n'a pas la "bonne" paire de lunettes ni la "bonne" coupe de cheveux. Tout cela en fait le bouc émissaire idéal ; c'est comme s'il était là pour permettre aux autres gosses de passer un bon moment en se moquant de quelqu'un.
Et pourtant, c'est un gamin attachant. Au fil des pages, on découvre que, si Marcus est bizarre, c'est à cause de deux principaux facteurs : l'éducation qu'il a reçue (parents à tendance hippie) et ses préoccupations, qui sont loin d'être normales pour un garçon de son âge. Alors que ses condisciples se demandent surtout comment convaincre leurs parents de leur acheter le dernier jeu vidéo à la mode, Marcus doit se demander comment empêcher Fiona de se suicider...
Will est également un personnage intéressant. Profondément superficiel au début du roman, il commence à changer au contact de Marcus et "s'humanise" en quelque sorte. Forcé de prendre Marcus en charge afin de régler certains problèmes que rencontre le garçon, Will se sent responsable pour la première fois de sa vie. Cela va changer non seulement sa personnalité mais aussi sa façon de voir les choses. le "nouveau Will" qui se révèle grâce à Marcus va d'ailleurs commencer une nouvelle vie. A 36 ans. La preuve qu'il n'est jamais trop tard.
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« Ca ne le dérangerait pas d'être un humain à plein temps »… Cette pensée d'un des 2 héros de l'histoire, Will, 35 ans, célibataire riche et oisif, résume tout le propos de ce livre.
Oui, Nick Hornby ici m'a complètement bluffée, avec qu'il n'avait fait que m'amuser dans « Haute fidélité » et dans « Slam ».
Le deuxième héros s'appelle Marcus et a 12 ans. Il est un peu perdu dans ce monde de brutes, en grande partie à cause de l'éducation donnée par sa mère, une ancienne hippie voulant à tout prix lui inculquer ses propres valeurs, valables en soi, mais ô combien dépassées et dangereuses dans un collège rempli de gamins vicieux et méchants. Marcus fait donc figure de « has been », de lourdaud, d'autiste.
Et à cause de (grâce à ?) ça, l'alchimie entre Will et Marcus va marcher. Ces deux-là vont entamer une conversation qui ne s'interrompra plus. Ils vont s'enrichir mutuellement, se sauver mutuellement ! Will va devenir plus humain, plus profond, il va quitter cette superficialité de bon aloi dans certains milieux, à certains âges…Et Marcus va apprendre à s'ouvrir aux autres. Qu'ont-ils en commun, tous les deux ? Un désir de changer de vie, de vivre « plus », d'être plus « en phase » avec les autres, de les comprendre, de les accepter.
Quelle joie de lire « A propos d'un gamin » ! Quelle jouissance de découvrir les arcanes de l'âme masculine, qu'elle soit jeune ou moins jeune !
Et pour couronner le tout, le style imagé est très agréable à lire. J'ai l'impression de me promener dans la lecture. Quelques preuves : « Will se surprit à intégrer les visites de Marcus au tissu de ses journées. Ce n'était pas difficile, car le tissu de ses journées était loqueteux, et plein d'un grand nombre de larges trous accueillants. » Ou encore : « Les gens comme Fiona le gonflaient vraiment. Ils gâchaient la vie de tout le monde. Ce n'était pas facile, de flotter à la surface des choses : il fallait être habile et solide, et quand les gens vous disaient qu'ils pensaient à se suicider, on pouvait se sentir attiré vers le bas avec eux. Garder la tête hors de l'eau, c'était l'essentiel, selon Will. C'était l'essentiel pour tout le monde, mais ceux qui avaient des raisons de vivre, un boulot, des relations, des animaux favoris, leur tête était de toute façon bien au-dessus de la surface. Ils marchaient dans une eau peu profonde, et seul un accident improbable, une vague capricieuse de la machine à vagues, pourrait les faire couler. Mais Will luttait. Il était loin au-delà de sa profondeur habituelle, il avait une crampe, sans doute parce qu'il s'était baigné trop tôt après le déjeuner, et il voyait un tas de moyens pour se faire ramener à la surface par de doux gardes du corps aux blonds cheveux et au ventre plat. Pour tenir le coup il lui fallait quelqu'un de léger ; il n'avait pas vraiment besoin d'un poids mort comme Fiona. Et c'est comme ça qu'était Rachel : légère. Elle pouvait l'aider à continuer de flotter. »
Tout dans ce livre m'a attiré, et je ne pourrai m'empêcher de citer une foule d'extraits. A bon entendeur… !
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J'ai pris ce livre quand nous avons commencé à regarder une série télévisuelle About a boy. J'ai vu qu'elle était adaptée d'un roman de Nick Hornby. Quand je vois un film ou une série, j'ai tout de suite envie de lire le livre dont il est tiré et à chaque fois, les différences sont nombreuses. Dans la série, l'histoire se passe en Californie et Will et Marcus sont voisins. J'ai du été un peu surprise de voir que dans le livre, c'était à Londres que ce petit monde se rencontrait (et dans les années 90 !) et qu'ils n'étaient pas vraiment voisins. J'ai pris quand même plaisir à lire ce livre même si je n'ai jamais pu mettre l'image de Will et Marcus du film sur ceux du livre. J'ai beaucoup aimé la série qui très drôle, le livre est plus discret, on se place dans les pensées de Will et de Marcus, alternativement. Les deux ont l'air un peu paumés, Marcus trouve des repères avec Will mais Will se pose toujours des questions sur sa vie que peine à trouver une direction… Une relation un peu particulière entre ses deux-là mais une relation qui fait petit à petit avancer les choses.
J'avoue que je n'aurai pas lu ce livre si je n'avais pas vu la série et j'ai préféré la série, plus dynamique. Un auteur que je relirai peut-être à l'avenir. Je viens de voir qu'un film avait aussi été fait à partir du roman, à voir aussi !
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Aujourd'hui, allez savoir pourquoi, j'ai eu envie de vous parler d'un livre que j'ai lu et relu il y a très longtemps mais qui m'a profondément marqué, qui fait partie de ses livres qui ne sont jamais bien loin, qui sont cornés, dont les pages sont légèrement jaunies mais qui vous appellent quand vous passez devant la bibliothèque et vous arrachent un sourire en repensant au bonheur que vous avaient procuré leurs lectures. Ce roman c'est "A propos d'un gamin" de Nick Hornby.
Ce livre c'est l'histoire de Marcus, douze ans, une mère divorcée et complètement dépressive, végétarienne et baba cool qui ne lui fait porter que des vêtements has been, lui fait écouter de la musique des années 70 et participe à le rendre complètement rejeté par ses camarades de classe. Et puis, c'est aussi l'histoire de Will, 36 ans, riche, rantier, branché, oisif et tombeur. Pourtant, lui aussi a du mal à trouver sa place dans la société.
Leur rencontre, qui dans ses débuts va partir plutôt mal, va très rapidement les amener à devenir amis, malgré la différence d'âge, les faire s'epauler, s'entraider et donc évoluer et revenir à la société. Une amitié improbable mais qui va tout changer!
Si dans ses précédents romans l'auteur avait su m'amuser, ici il m'a complètement bluffé. Ce livre est incroyablement juste et beau. Pour moi, sa plus grande réussite, son roman le plus abouti.
Nick Hornby a une plume unique, un regard sur le monde, sur ses personnages qui lui est propre. Bien évidemment, son roman est rempli de cet humour qui le caractérise, mais on y trouve également une subtilité dans la peinture qu'il fait de ses personnages, un cynisme et une bienveillance. Même si le ton du livre est le plus souvent drôle, l'auteur aborde quand même des thèmes extrêmement durs comme le suicide, la dépression, le harcèlement scolaire, et nous parle aussi des tournants de l'existence avec l'adolescence, le fait de devenir parent et puis aussi la recherche d'un sens à donner à sa vie. le dosage ici est parfait entre humour et tension dramatique et l'auteur n'en fait jamais trop.
Le style de l'auteur est très visuel et donc très agréable à lire, complètement addictif. On a non pas l'impression de lire, mais de vivre l'histoire depuis l'intérieur du livre, de côtoyer pour de vrai Marcus, Will et tous les autres personnages tellement hauts en couleur qui peuplent ce récit.
Les personnages dont l'histoire nous est contée sont juste incroyables. Marcus, ce petit bout d'homme qui au premier abord semble juste bizarre, mais dont on perce au fil des pages les secrets, les blessures, ce qui se cache vraiment derrière cette attitude qui le laisse en retrait des autres, en marge de la société. Et Will, qui au début est profondément superficiel, mais qui va au contact de Marcus se transformer. En prenant en charge ce gamin, il va penser à autre chose qu'à sa petite personne, se sentir responsable pour la première fois de sa vie. Il devient alors profondément attachant.
En bref, un livre amusant, touchant, humain et qui fait un bien fou. Un vrai petit bijou de finesse et d'intelligence empreint également de la nostalgie des années 90. Pour moi un véritable coup de coeur !
Et pour compléter cette découverte, je vous conseille de regarder l'adaptation qui a été faite de ce livre avec Hugh Grant et Nicolas Hoult par l'équipe de "coup de foudre à Notting Hill". C'est une petite merveille qui est très fidèle au roman et qui vous fera passer un super bon moment. C'est tendre, drôle et superbement joué. Aucune déception pour moi à la suite du visionnage de ce film même si je préfère le livre. Il s'agit même d'un de mes films "doudou" que j'aime regarder après une journée un peu compliquée.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce livre ou cet auteur, foncez en librairie, pour peu que vous aimiez l'Angleterre et l'humour so British, vous serez à coup sûr comblés !
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Une rencontre improbable entre deux solitaires… le télescopage de deux univers aux antipodes l'un de l'autre…

Will, célibataire de 36 ans, riche et oisif, est décidé à rester à la surface des choses : « C'était facile. Il y avait presque trop de choses à faire. On n'était plus obligé d'avoir une vie à soi ; on pouvait se contenter de jeter un oeil de voyeur sur la vie des autres, telle qu'elle apparaissait dans les journaux et au cinéma et dans la tristesse délicieuse du jazz et dans la violence des chansons rap. »

Marcus, 12 ans, vit avec sa mère, babacool dépressive ; son père a refait sa vie ailleurs et ne le voit que de loin en loin. Après un déménagement à Londres pour cause de revenus insuffisants, il se retrouve dans une nouvelle école où il est harcelé. Très solitaire et trop mature pour son âge, il essaie de caser tout cela dans une sorte de normalité (« Il lui déjà arrivé de sentir, au fond de lui-même, qu'il s'y ferait, quelle que soit la chose dont il s'agisse, parce qu'il s'était rendu compte que certaines choses difficiles devenaient plus faciles au bout d'un petit moment »).

Deux univers diamétralement opposés et sans aucun lien jusqu'au jour ils vont se télescoper à la faveur d'une réunion de parents célibataires dans laquelle Will s'est introduit indument, où Marcus provoque un incident (il fera souvent référence au ‘'jour du canard mort''), journée qui finira en drame familial pour Marcus. Will se retrouve impliqué à l'insu de son plein gré !

Certains thèmes abordés ne sont pas franchement réjouissants : familles monoparentales, solitude, dépression, inadaptation, harcèlement scolaire,.... Mais les péripéties du duo et de leurs entourages sont inénarrables sous la plume de Nick Hornby, pleine d'humour caustique, limite cynique à certains moments (le parallèle entre la vie amoureuse de Will et celle de Marcus vous réserve quelques rigolades).
Mais si les efforts des uns et des autres pour ajuster leurs mondes et leurs philosophies de vie sont drôles, ils sont aussi émouvants tant chacun y met de bonne volonté et d'altruisme.
Ajoutez à cela la culture musicale anglaise des 90' et quelques personnages pas piqués des hannetons parmi lesquels Ellie, ado grunge de 15 ans, passablement déjantée, fan de Kurt Cobain et amie de Marcus.

Le Monde, en évoquant les romans de Nick Hornby, a parlé de « types immatures certes, mais tendres et sympas ». J'essaierai bien un autre de ses romans ; avez-vous des titres à me suggérer ?


PS – En cours de lecture, ce roman m'a rappelé un film vu il y a très longtemps : histoire similaire. Des recherche s m'ont confirmé que le livre avait été adapté à l'écran sous le titre ‘'Pour un garçon'' (‘'About a boy'', VO), film sorti en 2002 avec Hugh Grant dans le personnage de Will.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
- La vie c’est de la merde.
Marcus réfléchit à ça. Il se demanda si la vie était de la merde, si celle d’Ellie, en particulier, était de la merde, et il se rendit compte que Ellie passait tout son temps à souhaiter que la vie soit de la merde, et à rendre sa vie merdique en se rendant les choses difficiles. L’école était de la merdre parce qu’elle portait chaque jour ce sweatshirt, ce qu’elle n’avait pas le droit de faire, et parce qu’elle agressait les professeurs, et se bagarrait, ce qui agaçait les gens. Mais si elle n’avait pas porté ce sweatshirt et avait arrêté d’agresser les gens ? Est-ce que sa vie aurait été de la merde ?
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"Assieds-tu Marcus. Je n'ai pas encore fini avec toi.
- Moi, j'ai fini avec vous."
Il ne savait pas qu'il allait dire ça, et ça le surprit de l'avoir fait. Jusque-là, il n'avait jamais été insolent avec un professeur, surtout parce qu'il n'en avait jamais eu l'occasion. Maintenant il se rendait compte qu'il n'avait jamais pas choisi le bon moment. Si on cherchait la bagarre, il valait peut-être mieux s'y mettre en douceur, s'entraîner d'abord. Il avait commencé directement par le sommet, ce qui était sans doute une erreur.
"ASSIEDS-TOI."
Mais il ne s'assit pas. Il se dirigea vers la porte, et ne s'arrêta pas.
Aussitôt qu'il eût quitté le bureau de Mrs Morrison, il se sentit différent, il se sentit mieux, comme s'il avait largué les amarres et que maintenant il flottait dans l'espace. C'était vraiment une sensation exitante, et bien meilleure que l'impression de dépendance qu'il ressentait avant. Jusqu'à cet instant précis, il n'aurait pas pu décrire cette impression de "dépendance", mais c'était vraiment ça. il avait fait semblant de trouver tout ça normal - difficile, certes, mais normal - , mais maintenant qu'il avait largué les amarres il se rendait compte que ç'avait été tout sauf normal. Ce n'était pas normal de se faire voler ses chaussures. Ce n'était pas normal que votre professeur d'anglais vous fasse passer pour un idiot. Ce n'était pas normal de se faire lancer des sucreries sur la tête. Et c'était justement ce qui se passait à l'école.
Et maintenant il était un hors-la-loi. Il descendait Holloway Road pendant que chacun à l'école était... en fait ils étaient en train de déjeuner, mais il n'y retournerait pas. Bientôt il descendrait Holloway Road (en réalité sans doute pas Holloway Road, parce qu'il était déjà presque au bout, et que le déjeuner allait durer encore une demi-heure) pendant le cours d'histoire, et il serait un hors-la-loi authentique. Il se demanda si tous les hors-la-loi commençaient comme ça, s'il y avait toujours un instant comme celui avec Mrs Morrison où ils s'énervaient et partaient. Il pensait qu'il devait y en avoir un. Il avait toujours pensé que les hors-la-loi étaient des gens complètement différents, pas du tout comme lui, qu'ils étaient nés hors-la-loi, quelque chose comme ça, mais il était évident qu'il se trompait. Au mois de mai, avant qu'ils ne viennent à Londres, quand il faisait son dernier trimestre à son ancienne école, il n'avait rien d'un hors-la-loi. Il allait à l'école, écoutait ce que les gens disaient, faisait ses devoirs, participait. Mais six mois plus tard, petit à petit tout avait changé.
Il réalisa que c'était sans doute aussi comme ça pour les clochards. Un soir ils sortaient de chez eux et pensaient : "Tiens, je vais passer la nuit sous le porche de ce magazin", et quant on avait fait ça une fois, quelque chose en vous était modifié, et c'est comme ça qu'on devenait clochard, ce n'était pas parce qu'on avait aucun endroit pour passer la nuit. Et pareil pour les criminels! Et les drogués! Et ... Il décida d'arrêter de penser à tout ça. S'il continuait, l'instant où il était sorti du bureau de Mrs Morrison commencerait à être le moment où toute sa vie avait basculé, et il n'était pas certain d'être prêt à le supporter. Il n'était pas quelqu'un qui souhaitait devenir un hors-la-loi, ou un clochard, ou un meurtrier, ou un drogué. Il était juste quelqu'un qui en avait ras de bol de Mrs Morrison. Il y avait tout de même une différence.
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- La plupart des gens pensent que l’intérêt de la vie a quelque chose à voir avec le travail, les enfants, la famille, quoi que ce soit. Mais tu n’as rien de tout ça. Il n’y a rien entre toi et le désespoir, et tu ne sembles pas très désespéré.
- Je suis trop con.
- Tu n’es pas con. Alors pourquoi tu ne mets pas la tête dans le four ?
- Je ne sais pas. Il y a toujours un nouvel album de Nirvana dont j’attends la sortie, ou quelque chose qui se passe dans NYPD Blue, et qui donne envie de voir le prochain épisode.
- Exactement.
- C’est ça l’intérêt ? NYPD Blue ? Mon Dieu. »
- Non, non. L’intérêt, c’est que tu continues à avancer. Tu le veux. Et l’intérêt, ce sont toutes les choses qui te font le vouloir. Je ne sais pas si même tu t’en rends compte, mais entre nous tu ne penses pas que la vie soit si mauvaise. Tu aimes des choses. La télé. La musique. La nourriture. Les femmes, probablement. (…)
Ecoute, il y a quelques années, je me sentais vraiment très très bas…Et après quelques semaines comme ça je savais que je ne le ferais jamais (se suicider), et la raison pour laquelle je ne le ferais jamais était que je ne voulais rien manquer. Je ne veux pas dire que la vie était super et que je voulais en avoir ma part. Je veux juste dire qu’il y avait toujours une chose ou deux qui ne paraissaient pas terminées, des choses que je voulais suivre jusqu’au bout. Si je venais de finir de travailler pour un livre, je voulais le voir sortir. Si je voyais un mec, j’attendais un rendez-vous de plus. Des petites choses come ça, mais il y en avait toujours une. (…) Voilà comment je vois la vie, en tout cas.
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Ce n'était pas uniquement de la faute de sa mère. Il lui arrivait d'être bizarre simplement parce qu'il était comme ça, et pas à cause de ce qu'elle faisait. Comme le fait de chanter... Quand parviendrait-il à se corriger de ça ? Il avait toujours un air dans la tête, mais de temps en temps, lorsqu'il était nerveux, l'air lui glissait des lèvres. Pour une raison ou pour une autre, il ne faisait pas la différence entre le dedans et le dehors, parce qu'il ne lui semblait pas qu'il y en ait une. C'était comme de nager dans une piscine chauffée un jour de chaleur, on pouvait sortir de l'eau sans s'en rendre compte, parce que la température était la même ; il devait se passer la même chose avec le fait de fredonner. En tout cas, un air lui avait glissé des lèvres, hier, en cours d'anglais, pendant que le professeur lisait ; si on voulait vraiment faire rire de soi, mais alors vraiment ce qui s'appelle rire, le meilleur moyen, il l'avait constaté, meilleur encore que d'avoir une mauvaise coupe de cheveux, était de chanter tout fort quand chacun dans la salle s'ennuyait en silence.
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Les cadeaux de Clive à Marcus étaient, en eux-mêmes, irréprochables, des jeux vidéos, des sweat-shirts, une casquette de base-ball et le disque de Mr Blobby, etc., mais ce qui les chargeait de sens était leur contraste avec la petite pile sans joie de ce que Fiona avait offert à Marcus plut tôt dans la journée : un pull qui n’arrangerait pas ses affaires à l’école (il était ample, pelucheux, et prétentieux), quelque livre et des partitions de piano – une allusion maternelle gentille et très pesante, semblait-il, au fait que Marcus avait laissé tomber ses leçons depuis quelque temps. Marcus lui montra ce misérable butin avec une fierté et un enthousiasme qui brisèrent presque le cœur de Will… « Et un très joli pull, et ces livres ont l’air vraiment intéressants, et ces partitions parce qu’un jour quand je…quand j’aurai un peu plus de temps je vais vraiment m’y re… » Will n’avait jamais véritablement estimé que Marcus était un bon gosse – jusqu’à maintenant il n’avait remarqué que son côté excentrique et embarrassant. Mais c’était un bon gosse, Will le voyait maintenant. Pas bon en ce qu’il était obéissant et résigné ; c’était plutôt une sorte de bonté d’âme, comme regarder un tas de cadeaux ringards, et se rendre compte qu’ils étaient donnés avec amour et choisis avec soin, et que c’était l’essentiel.
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