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Critique de Takalirsa


La rencontre improbable entre un célibataire volage et un garçon solitaire de 12 ans.
« Les enfants, la famille, la vie domestique, la monogamie », Will déteste : « Je suis un type horrible ! Plus superficiel, tu meurs ». Vivant des royalties d'une chanson de Noël écrite par son père, c'est un trentenaire oisif qui n'a pas « le gène de la réalité ». Il mène « une vie sans travail, ni souci, ni difficulté » mais aussi « sans contexte ni texture ».
Fils d'une « hippie dépressive », Marcus est un enfant « bizarre », décalé, qui ne fait rien comme les garçons de son âge. Non pas que cela le dérange, mais à cause de ses vêtements, sa coiffure, son attitude d'une autre époque, il se fait rejeter et même harceler.

Entre les deux, c'est le choc des cultures ! Will est « désarçonné par la conversation quelque peu excentrique de Marcus » qui aime comprendre, analyser les situations et les sentiments, qui pousse les gens dans leurs derniers retranchements (« une fois qu'il avait repéré votre point faible, il était sans pitié »), faisant preuve d'une maturité hors du commun. Malgré tout c'est « un bon gosse » et peu à peu, non seulement une connivence s'installe, mais la fréquentation de Marcus et de son petit monde va faire évoluer le regard de Will, y compris sur lui-même.
Si Will ne peut (ni ne veut) jouer les pères de substitution, il a tout de même un rôle à assumer dans la vie du gamin : « Ce n'était pas normal de se faire voler ses chaussures. Ce n'était pas normal que votre professeur d'anglais vous fasse passer pour un idiot », etc. Sans s'engager plus que nécessaire, il l'aide, par le dialogue, à affronter ceux qui le malmènent, à rétablir la discussion avec sa mère, le contact avec son père, à se faire une amie. Tout cela reste très conflictuel mais apporte beaucoup au jeune garçon : « Tu es concerné, tu fais attention à lui, tu le comprends, tu t'inquiètes pour lui » et c'est tout simplement ce dont il a besoin.
Par la même occasion, Will réalise le vide de sa vie, son manque d'engagement en quoi que ce soit : « Il se sentait un nul absolu, un zéro, quelqu'un qui n'avait rien fait de sa vie ». Embarqué malgré lui par « cet étrange petit groupe » (Marcus, sa mère et son amie Suzie, Rachel sa dernière conquête en date, Ellie la copine gothique de l'adolescent), Will reconnaît que si Marcus « était un gamin compliqué et bizarre et tout ça, il avait ce truc pour créer des ponts où qu'il aille », il s'étonne que « ce gamin étrange et solitaire puisse, d'une certaine façon, établir des connexions ».

Ainsi les préjugés se fissurent, les mentalités évoluent, l'affection se libère, chacun sort de son enfermement et de son indifférence. Mais cela se fait en douceur, de manière presque imperceptible et c'est ce qui rend ce roman si crédible. Les personnages ne ressortent pas transformés, simplement plus tolérants et ouverts. Et sans avoir fait de miracle, « maintenant Will était sûr, sans qu'il y ait même l'ombre d'un doute, que Marcus s'en sortirait ».
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