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Sixties: Barbara se rêve actrice.
Aucun glamour dans sa tête, elle veut être actrice comique.
Elle part à la conquête de Londres où la chance, un physique avantageux et un talent évident lui ouvrent rapidement les portes de la télévision: elle va devenir une héroïne de ce que le showbiz n'appelait pas encore une sitcom.

Plongée amusante, très British et gentiment cynique dans les coulisses des émissions de la BBC, au sein des métiers de la création artistique qui contribuent à la diffusion et à la notoriété des feuilletons radiophoniques et télévisuels: producteurs, scénaristes, acteurs, critiques, journalistes...
C'est une comédie légère, faite de jalousies entre acteurs, de relations sentimentales, de fêtes et soirées, dans le contexte des années 60 où les mentalités évoluent sur les questions de divorce, d'homosexualité, de travail des femmes, de maternité et de liberté sexuelle. Un choc pour la traditionnelle Angleterre pétrie de codes mais capable de produire les plus improbables excentricités! C'est aussi une intéressante réflexion sur la notoriété et sur l'impact des rôles du métier d'acteur sur leur vie personnelle.

Une lecture sensée provoquer des fous rires... La formule est un peu forte même si certains dialogues sont savoureusement anglais. C'est sympathique, certains passages très bien construits, quelques autres plus anodins ou demandant une petite culture historique des sixties. le livre est plus intéressant qu'il n'y paraît, qui réinvente une époque de mode en minijupe et bottes de cuir, de soirées familiales devant le petit poste de télévision et de comédies musicales joyeusement hippies.
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Jusqu'ici, les romans de Nick Hornby étaient amusants mais ne brillaient pas particulièrement par leur profondeur. Un bon auteur britannique mais loin d'égaler en style et en densité des compatriotes tels que David Lodge, William Boyd ou Jonathan Coe. Funny Girl est d'évidence la plus grande réussite de Hornby, un livre qui tout en restant pétillant ne se prive pas d'explorer avec acuité la société anglaise, celle des sixties en l'occurrence, qui débridèrent enfin le Royaume de ses tabous victoriens. Primo, Funny Girl est un portrait pertinent d'une jeune femme de l'époque, bien décidée à faire comprendre aux hommes, horribles machos, qu'elle n'est pas qu'une belle plante décorative, mais une personne douée d'ambition, persuadée qu'elle a en elle la vis comica. Deuxio, le livre est le récit détaillé des coulisses de la conception d'un feuilleton télévisé appelé à réveiller les consciences assoupies de ses concitoyens. D'où son aspect choral (à la manière d'un Tonino Benacquista dans Saga) qui ne laisse aucun personnage dans l'ombre. Tertio, Funny Girl est on ne peut plus brillant dans sa description de l'Angleterre de Harold Wilson et des Beatles dans un temps où divertissement populaire ne rimait pas avec abrutissement des masses. Ou, en somme, l'impertinence ne rimait pas avec la vulgarité. Nick Hornby est désormais assez vieux pour éprouver une certaine nostalgie en tant que fan de sixties pour cette ère frondeuse et provocante qui piquait avec tendresse au lieu de ricaner avec cynisme comme il est de mise aujourd'hui. A cet égard, le dernier chapitre de Funny Girl, qui nous fait avancer de près de 50 ans dans le temps, est extrêmement touchant dans sa mélancolie rêveuse. Mais avant ce dénouement, le livre s'impose par ses dialogues cinglants et son humanité volontiers moqueuse. Un bon moment de lecture dans les pleins et déliés d'un roman qui a l'insolence et l'audace de la jeunesse triomphante.
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Ben moi, elle ne me fait pas marrer la Funny girl. Une miss qui refuse sa couronne pour aller faire le pitre à la BBC. La personne qui me l'a conseillé connaît mal mes lectures. La TV ne m'intéresse pas et encore moins les séries. Des dialogues qui ne volent pas haut. Exemple page 108 : Sophie était au chevet de son père à l'hôpital. Il n'était pas mort. A la page 110, je dis stop et m'arrête sur cette phrase : ‘De toute évidence, quand on passait à la télé, on n'avait de comptes à rendre sur rien.
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Parution 19 août 2015.

À peine élue Miss Blackpool, Barbara rend sa couronne et part à Londres. « Barbara savait qu'elle ne voulait pas être reine d'un jour, ni même d'un an. Elle ne voulait pas être reine du tout. Elle voulait juste passer à la télévision et faire rire les gens. » (p. 15) Elle commence par changer son nom : désormais, elle est Sophie Straw et elle est bien décidée à décrocher un rôle. La chance lui sourit quand elle rencontre Bill et Tony, scénaristes qui travaillent en duo et qui planchent sur un sketch pour l'émission Comedy Playhouse sur la BBC. Ce qui ne devait être qu'un épisode d'un soir devient une série comique à succès, Barbara (et Jim). Sophie devient une star du petit écran et savoure sa popularité. À ses côtés, son partenaire à l'écran, Clive, devient son partenaire dans la vie parce que c'est un peu ce que tout le monde attend : un bel acteur sort avec une belle actrice et le glamour de leurs personnages rejaillit sur leur vie privée. « Barbara et Jim n'étaient plus des personnages de fiction. Leur popularité et tout ce que le public projetait sur eux les avaient rendus réels et ils avaient bien besoin qu'on leur prodigue de l'attention et des conseils. » (p. 186)

Mais derrière le succès, le glamour et le rêve, il y a la vie, la vraie, et son défilé de tracas. Clive est jaloux de la renommée de Sophie. « Clive ne percerait jamais, pas de la façon dont il le voulait. Il voulait le premier rôle, et il n'avait pas l'étoffe d'un premier rôle. » (p. 208) Les scénaristes Bill et Tony dissimulent un secret embarrassant et Dennis, le producteur, ne sait comment déclarer sa flamme à la belle Sophie, laquelle traîne quelques angoisses. « La crainte de Sophie, c'était d'être restée Miss Blackpol, en dépit de tout ce qui lui était arrivé depuis. » (p. 321) Les saisons passant, l'intérêt du public s'émousse : comment fait-on pour maintenir le niveau comique d'une série, pour renouveler l'humour sans tomber dans la facilité et sans perdre l'originalité des débuts ?

Voilà un roman remarquable qui saisit le parfum d'une époque et parvient à le fixer juste assez pour qu'on s'en régale et qu'on ressente la nostalgie et le manque. Les années soixante voient de nombreux bouleversements en Angleterre : quatre garçons dans le vent secouent le conformisme et la tradition, les chaînes de télévision osent proposer des programmes modernes, un brin irrévérencieux et aux sujets d'actualité. Avec Barbara (et Jim), série inventée par l'auteur, mais qui aurait pu très bien exister, le public anglais se rassemble et partage un moment de plaisir. « On a écrit ce qu'on avait envie d'écrire, et on s'est retrouvés avec dix-huit millions de spectateurs. N'est-ce pas tout l'objet des comédies télévisées ? de fédérer les gens ? » (p. 225 & 226)

Par certains aspects, ce roman m'a rappelé Saga de de Tonino Benacquista : les scénaristes, les acteurs et les personnages forment une famille à laquelle on s'attache. Ici, l'humour est tout ce qu'il y a de plus délicieusement british, à la fois pincé et pop, grave et absurde. On aurait envie que cette série existe, de s'asseoir dans des fauteuils en skaï pour la regarder, puis d'écouter en boucle le dernier album des Beatles. La série inventée par Nick Hornby est comme le roman dans son ensemble : un parfait divertissement populaire, dans toute la dimension positive que cela suppose. Il faut un grand talent pour divertir sans abêtir et c'est qu'offre Funny Girl.
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C'est un roman pétillant comme du champagne que nous livre Nick Hornby, une délicieuse comédie se déroulant dans les Swinging Sixties .
Barbara, sitôt élue Miss Blackpool jette sa couronne et part à Londres .Devenue Sophie Straw, elle y rencontrera Bill ,Tony, Dennis et Clive (respectivement : scénaristes, producteur et acteur) . Ensemble , ils vont créer Barbara (et Jim) , qui deviendra LA série comique à succès ,de la BBC .
Mais pour rester au sommet , il faut évoluer , se renouveler et parfois changer .Tout cela va bouleverser le merveilleux équilibre de cette petite troupe . Et c'est tout le charme de ce roman, que de raconter cette évolution parallèle à celle de la société britannique (moeurs, classes sociales, rapports de couples, divorces, naissances );
Portée par une plume aussi caustique que brillante et drôle, ce livre est un vrai bonheur de lecture.
Je pense qu'une adaptation cinématographique suivra, ce serait dommage de passer à coté de répliques qui claquent comme des balles de ping pong...
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1964, Blackpool, Angleterre. Barbara Parker, à peine couronnée reine de beauté, renonce à sa tiare et vole, court vivre à Londres. Car ce qu’elle veut vraiment, c’est être actrice et faire rire en jouant dans un des programmes comiques de la BBC et ressembler à son idole, Lucille Ball. D’abord vendeuse de cosmétiques, sa bonne étoile va lui faire rencontrer les bonnes personnes et Barbara, qui prend le nom de Sophie Straw, entame dès lors une ascension de star du petit écran…

Prenez Nick Hornby, son amour des Swinging Sixties, son imagination débordante, sa plume aussi fine que généreuse et vous obtenez une œuvre d’art littéraire : c’est ainsi que l’on pourrait résumer Funny Girl, qui se place sur mon podium des livres de Nick Hornby. Le fort intérêt que je porte aux années 60 et à l’Angleterre n’y est pas pour rien, il est vrai. Mais c’est surtout ce récit entraînant, fouillé, mariant le réel à la fiction qui a su me conquérir.
L’auteur a toujours su écrire avec talent sur des thématiques qui lui sont chères, dont la culture populaire, qui est une composante majeure de ses récits.

Dans Funny Girl, Nick Hornby nous fait plonger dans l’âge d’or des feuilletons télévisés comiques de la BBC, dans les années 60 : époque qui voit un tournant majeur s’opérer dans société, prise d’une effervescence et d’une folle envie de briser les tabous, de s’exprimer et dépoussiérer une société et des médias par trop lisses. Sophie Straw sert de point de départ et de filigrane à l’hommage qui est fait à cette époque, à cette culture et permet en même temps de subtilement interroger sur les ressorts de l’efficacité et de la pérennité d’une série, d’une comédie, ce qui la fait marcher, s’essouffler, non pas tant du point de vue du spectateur mais de l’intérieur, avec ses acteurs et producteurs.

Découpée en saisons pour nous mettre encore plus dans le bain, le récit de Funny Girl met en scène l’histoire de la naissance, de l’évolution, de la fin et même de la renaissance d’une série télévisée fictive, produite par la BBC : Barbara (et Jim). Et ce qui rend la chronique de cette comédie si captivante, c’est qu’elle est relatée depuis les regards de ceux qui la font vivre. Les acteurs d’abord : Sophie, qui joue Barbara, et Clive, son partenaire jouant Jim, acteur au joli minois mais insipide, qui rêve d’être aimé de tout le monde et essaie pour cela de toujours dire et faire ce qui peut lui donner le beau rôle auprès du public, et de son père, qu’il veut impressionner. Mais aussi les scénaristes, Bill et Tony, tous deux homosexuels devenus amis après une arrestation dans une pissotière, aux vies troublées, l’un étant rentré dans le rang plus ou moins par sécurité, l’autre cherchant l’art pour l’art et méprisant le succès de la série qu’il considère comme une preuve de médiocrité intellectuelle. Même dilemme pour Dennis, le producteur et réalisateur, qui bien que ravi des millions de spectateurs, doute de son intégrité et de son honnêteté quand il essaie de vendre Barbara (et Jim) comme digne d'intérêt public. Figure paternelle qui rassemble et protège, il évoque à lui seul le paradoxe d’une tentative nouvelle qui veut briser les carcans mais qui doit en même temps obéir à des contraintes serrées pour retenir son auditorat. Ces personnages hauts en couleurs offrent des perspectives différentes sur la série et permettent de nuancer l’auréole glamour dont le succès les pare tous. Star ou pas, ils sont avant tout des êtres à la recherche de ce que tout être humain veut : l’amour, la reconnaissance, la sécurité et la joie de vivre. Comme toujours, l’auteur installe et développe histoires d’amitié et d’amour compliquées et mêlent leurs interrogations professionnelles à leurs questionnements et parcours personnels. Ainsi, Nick Hornby réussit à nous faire nous attacher à eux et les rend authentiques, car leurs vies ressemblent aux nôtres.

On ne peut manquer d’évoquer la recherche documentaire fouillée de l’auteur, qui permet à son histoire de tenir debout et de faire émerger une atmosphère vibrante, faisant tant appel à notre imaginaire, nos représentations que nos connaissances sur l’époque : parsemant ça et là des images d’archives de personnes célèbres, de lieux connus, d’émissions réelles, il rend l’ensemble encore plus crédible et vivant.

Au sortir de ce roman, une fois refermé et le tourbillon apaisé, j’ai aimé me rendre encore plus compte qu’au final, Sophie, la Funny Girl, n’est pas le thème majeur. Certes, elle est sur le devant de la scène la majeure partie du temps, on suit toutes les dimensions de sa vie mais en même temps, elle est avant tout au service d’une comédie, un rôle, à plusieurs entrées, autour duquel s’articulent les joies, inquiétudes et angoisses de son équipe et même d’un milieu professionnel. Elle est l’épicentre qui permet de mesurer les ondes influentes et persistantes d’une époque. Profondément drôle, avec un caractère spontané, naïve et ravissante, Nick Hornby fait un portrait d’elle qui m’a plu car plutôt équilibré : si Sophie n’a pas sa langue dans sa poche et n’est pas du genre à baisser les yeux devant l’autorité du père ou du compagnon, s’amuse et n’a rien d’une fille chaste attendant le mariage comme la porte d'entrée dans la considération aux yeux de la société, elle n’est pas non plus une pionnière du féminisme, sachant se conformer à l'image qu'on veut qu'elle donne par moments. Sa métamorphose fait qu'elle devient néanmoins au fur et à mesure une London girl, loin de son Blackpool natal.

Enfin, si j’ai trouvé que le dénouement, par ailleurs brillant, traînait un peu en longueur, je me suis retrouvée comme face au générique de fin du dernier épisode d’une série particulièrement aimée, dont on sait qu’elle doit finir mais qu’on quitte à regret, avec mélancolie, heureuse du parcours des personnages et en même temps nostalgique au moment où tombe le clap de fin. Signe d’une réussite littéraire jusqu’à la dernière ligne.

Funny Girl ne peut que vous séduire et vous faire passer un roman de lecture divertissant, drôle et émouvant. L’art et le talent de Nick Hornby nous permettent une incursion vibrante dans le Londres des années 60 et son élan créatif, ses médias, sa soif de vivre et la force de sa culture populaire. Avec ses personnages attachants, drôles et touchants, l’auteur nous plonge dans un récit au rythme enlevé qui donne durablement le sourire et est source de sages réflexions.

Note :
Lecture en anglais.



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Aussi incroyable que cela puisse paraître, je n'avais encore jamais lu Nick Hornby. Un auteur qui a pourtant tout pour me plaire, britannique jusqu'au bout des ongles, sachant manier l'humour et l'ironie avec la finesse et la retenue d'un gentleman. Oubli désormais réparé, et de façon plus qu'agréable en compagnie de cette Funny Girl aussi attachante que pétillante qui montre que les blondes non plus, ne comptent pas pour des prunes.

Nick Hornby nous embarque dans les arcanes de la BBC des années 60, véritable usine à divertissement, là où naissent les sitcoms ou feuilletons (on n'appelait pas encore ça des séries) destinées à fédérer des millions de téléspectateurs devant leurs postes. Et surtout, il nous offre une héroïne de premier plan, totalement improbable et finalement impayable. Sophie Straw a le physique de Marylin Monroe mais ne veut pas être employée pour son physique malgré les sollicitations de son agent. Si elle a refusé le titre de Miss Blackpool, ce n'est pas pour jouer les faire valoir pour on ne sait quelle marque de voiture, badigeonnée de peinture dorée. Non, ce que veut Sophie, c'est faire rire. Devenue la vedette d'une sitcom à succès, Barbara (et Jim), Sophie est tellement identifiée à Barbara que la fiction se confond parfois avec sa vraie vie. Difficile quand on vit presque 24h sur 24 avec son partenaire, ses scénaristes et son producteur de discerner le vrai du faux. Surtout quand ceux-ci puisent dans leurs propres expériences quotidiennes pour nourrir leurs scénarios...

On suit les péripéties de l'équipe saison après saison avec un réel plaisir et surtout un intérêt renouvelé grâce aux différents niveaux de lecture. Il y a bien sûr l'ambiance et les coulisses de la création du divertissement, les histoires personnelles des différents protagonistes (pas toujours facile d'être toujours au service du groupe quitte à nier quelque peu sa propre personnalité ou ses propres aspirations), mais également une contribution au débat sans fin sur la nécessité d'accorder une telle place au divertissement sur les chaînes publiques (ah les débats avec les intellectuels, ça en rappelle quelques-uns pas si éloignés). Avec pour finir une réflexion sur le temps qui passe, sans un brin de nostalgie mais un plaidoyer pour l'importance de faire ce que l'on aime et d'être exactement la personne que l'on souhaite être.

Le personnage de Sophie est en cela magnifique qu'il dresse le portrait d'une femme avant tout passionnée par la comédie et qui parvient à ses fins grâce à son esprit là où tout le monde pariait plutôt sur ses formes. Montrant ainsi la voie à des milliers d'autres.

Bref, ce livre est un régal de drôlerie et de finesse, qui se vit comme une sitcom avec des personnages qu'on n'a pas envie de lâcher, une petite bande que l'on aimerait bien côtoyer au quotidien. de quoi colorer en rose n'importe quelle journée morose.
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Funny Girl, le dernier roman de Nick Hornby, vient de paraître chez Stock. L’occasion pour moi de découvrir - enfin - cet auteur anglais dont on me disait du bien. Et j’ai été enchantée de l’aventure ! Funny Girl est une lecture divertissante et intelligente, qui nous entraîne dans les années 60 avec la création et les coulisses d’une série télévisée de la BBC. Un roman porté par des personnages vivants et très attachants, sur fond d’étude de la société anglaise. Une réussite.

L'histoire débute en 1964 avec Barbara, le jour où elle devient reine de beauté de sa petite ville natale de Blackpool, et rend sa couronne vingt minutes plus tard, de peur de rester coincée là-bas pour toujours. Car elle n’est pas seulement belle et séduisante en diable, elle a aussi un caractère bien trempé et sait ce qu’elle veut faire de sa vie : loin des clichés, elle rêve de devenir une actrice comique.

Elle quitte donc le Nord de l’Angleterre pour Londres, et on découvre que la société anglaise en 1964 a beau commencer à s’émanciper – les Beatles yeah yeah yeah -, elle a encore les deux pieds - et presque tout le reste – coincés dans l’ère victorienne.

C’est lors d’un improbable casting que l’on entre de plain-pied dans l’histoire, en rencontrant les autres personnages majeurs de Funny Girl. Car ce livre est choral et ne va pas être exclusivement l’histoire de Barbara, jeune fille de son époque, même si elle en reste toujours le pivot et le coeur ; non, le personnage central du roman, c’est en fait la série "Barbara (et Jim)" et on va vivre au rythme de tous les membres de l’équipe, les années et les saisons passant, autant dans leur travail que dans leur vie privée ; qui souvent se trouveront, d’ailleurs, intimement liés. Les deux acteurs principaux, Sophie / Barbara (car Barbara est devenue Sophie, nom de scène moins estampillé « province ouvrière », et se retrouve finalement à jouer un rôle qui porte son prénom de naissance : gros ressort comique) et Clive / Jim ; les deux scénaristes, Tony et Bill ; et le producteur, Dennis.

Tout au long de cette fringante histoire, Nick Hornby va aborder avec humour et profondeur, tant les mécanismes de la création artistique et littéraire que – entre autre - la condition féminine, l’émancipation des homosexuels (à l’époque toujours passibles d’emprisonnement) ou le snobisme intellectuel de classe. Les dialogues sont aux petits oignons. Le livre est émaillé de références à des personnages réels, à des lieux, et même de quelques photos (qui sont hélas d’une qualité très médiocre sur la version numérique), ce qui fait que par moments on a presque l’impression de lire la biographie romancée d’une personnalité ayant réellement existé, c’est excellent.

J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, une cure de vitamines bienvenue.

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Angleterre, années 60. Barbara est à peine élue reine de beauté de Blackpool qu'elle file à Londres : elle veut devenir actrice comique, la nouvelle I Love Lucy, et s'appellera dorénavant Sophie. Nous saurons tout sur le processus de fabrication de ces Comedy Playhouse de la BBC si populaires depuis les années 60, des producteurs aux scénaristes en passant par les acteurs et les critiques. Evidemment, la vie privée des uns a vite fait d'interférer dans le scénario de la série. Comment faire pour divertir les gens, les faire rêver en contournant la censure de l'époque... et surtout maintenir le succès d'une série alors que ses protagonistes vieillissent et que la société évolue ? J'ai toujours beaucoup aimé Nick Hornby, et ce nouveau livre qui parle finalement plus d'écriture que de télévision est peut-être bien son meilleur.
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Nick Hornby, né en 1957 à Redhill (Comté de Surrey), est un écrivain anglais. Il a étudié à l'université de Cambridge puis y a exercé en tant que professeur. Il a également été journaliste pour The Literary Review et The Sunday Times. C'est à la fin des années quatre-vingts qu'il commence à se consacrer à la littérature et plusieurs de ses romans ont été portés à l'écran. Nick Hornby vit et travaille à Highbury, au nord de Londres. Funny Girl, son dernier roman, vient de paraître.
Londres, années 60. La jeune Barbara, récente Miss Blackpool, a quitté famille et province pour réaliser son rêve, décrocher un rôle comique dans un feuilleton de la BBC, Barbara (et Jim).
Le roman de Nick Hornby remonte le temps (pour certains, comme moi) et nous plonge dans les milieux de la télévision d'alors avec enregistrements des feuilletons en public et diffusion en direct. Au coeur de ce microcosme s'affaire une petite troupe de couples : Barbara (nom d'artiste Sophie Straw, jouant le rôle d'un personnage nommé Barbara ! Situation freudienne ?) devenue vedette cathodique et Clive (jouant Jim), Dennis (le producteur) et Edith sa femme intello, les scénaristes Tony (marié) et Bill (célibataire) à la sexualité flottante, mais aussi plus tard dans le récit, Sophie et sa mère qui avait quitté le foyer familial.
Bien vite les péripéties du feuilleton interfèrent avec les vies des acteurs, à moins que ce ne soit l'inverse, en une savante mise en abîme. S'agit-il de Barbara et Jim ou bien de Sophie qui en fait est la vraie Barbara et Clive ? Fiction et réalité se chevauchent, « Dans la série vous êtes mariés. Dans la vraie vie, ce n'est pas le cas. Nous ne vous demandons pas de faire un bébé. » Mais comment réagir quand la célébrité vous prend sous sa coupe, « Barbara et Jim n'étaient plus des personnages de fiction. Leur popularité et tout ce que le public projetait sur eux les avaient rendus réels… » de leur côté, Tony et Bill, tâcherons à la peine, se livrent et se découvrent indirectement dans leurs textes, tandis que Dennis et Edith réalisent qu'un fossé intellectuel les sépare.
Le roman prend parfois des allures de pièce de théâtre de boulevard avec des dialogues percutant et des répliques qui fusent comme dans un film de Billy Wilder, ça pétille et j'adore. La forme est le plus souvent souriante, drôle même, Nick Hornby ne déroge pas à son style, sauf que dans ce roman j'y ai vu une envergure ou une ambition supérieure à celle de ses précédents romans. Sous l'écriture légère, tout fait sens et donne une épaisseur inattendue au texte. Car si l'écrivain traite du divertissement à la télévision, miroir de notre société, et de ses opposants pour qui « la comédie était l'ennemi. Ils ne voulaient pas que les gens rient ; ils voulaient le leur interdire » (Voir le Nom de la rose ?) - face émergente de l'iceberg -, il me semble que son véritable sujet est la révolution sexuelle en cours, ce tournant primordial des sixties, servant de toile de fond à ce roman : libéralisation des moeurs, évolution du couple, divorce, homosexualité…
Et Nick Hornby adhère au propos de l'un de ses personnages déclarant « qu'on pouvait exprimer tout ce qu'on voulait dans une série, aussi longtemps qu'on n'oubliait pas d'y inclure des gags, des personnages et des dialogues accessibles aux mamies… » Séries ou romans, même combat. On peut faire du populaire et du divertissant sans être abrutissant, tout est dans la manière. Une manière que l'écrivain maitrise parfaitement puisque son bouquin regorge de choses intéressantes sur le pouvoir et les buts des comédies télévisées, « fédérer les gens (…) tu rigoles de la même blague que ton patron, ta mère, ton voisin… », les réactions des acteurs face au succès ou à l'échec ainsi qu'à l'oubli du public consécutif au temps qui passe et efface, l'écriture et les écrivains...
Peut-être bien le meilleur roman de Nick Hornby à ce jour par l'ampleur du champ des sujets abordés et son ton recouvrant toute la gamme des sentiments, du souriant à l'émouvant.
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